4- L'inconnu

18.7K 1K 44
                                    


En revenant au cabanon, nous étions exténuées ; nos jambes ne nous portaient plus mais notre victoire et notre joie appaisaient la douleur. Sunshine monta en haut de son lit et se laissa lourdement tomber entre ses draps.


-  Les filles, nous sommes les meilleures, dit-elle doucement.


Puis elle s'endormit immédiatement après, emportée par cette fatigue et ce trop-plein d'émotion. Coline s'allongea à son tour et prit un livre. Rose, elle, décida d'écouter un peu de musique sous le porche. Elle enfila le sweat du camp, attrapa son baladeur et ses écouteurs, et sortie.

J'étais moi aussi tentée de me reposer un peu mais le désir de découvrir le camp et ses secrets me démangeaient. Après avoir longuement hésité, je me changeai et enfilai des baskets. J'attachai mes cheveux en une haute queue de cheval et décidai d'aller explorer la forêt qui bordait le cabanon, histoire de me balader un peu et de refaire le calme dans ma tête après le relais. Je sortis et m'avançai droit vers les sapins aux hautes cimes. 

En marchant, je me plongeai dans mes pensées. Je n'en revenais toujours pas d'avoir réussi à rattraper les filles lors de la compétition. Un mélange de fierté et de joie me gonflaient la poitrine. 

« Je devrai peut être me mettre à la natation... Peut-être que j'ai un talent caché que je viens seulement de découvrir... Peut-être que ... Bon stop Clém'. Prends pas la grosse tête parce que tu as réussi une fois à dépasser des filles qui ne devaient pas être si fortes que ça, ou tout du moins, qui n'étaient pas assez entrainées. » 

Soudain, un écureuil passa à toute vitesse devant moi et escalada sans ralentir un arbre. Je sursautai en poussant un cri apeuré et restai 5 bonnes minutes sur place en train de lorgner vers les hautes branches, espérant revoir la petite tête rousse qui m'avait effrayé quelques secondes plus tôt. En voir un me faisait penser à la maison et donc forcément à mes parents. Il y en avait toute une colonie près de chez nous. Je les avais quittés seulement ce matin, ils me manquaient déjà.

Je continuai ensuite mon chemin et je passai à côté d'un buisson. Une douce mélodie s'éleva jusqu'à mes oreilles. Ma curiosité étant piquée à vif, je m'approchai de l'endroit d'où provenait la musique. Après avoir bien pris soin de ne faire aucun bruit, je m'accroupis discrètement derrière un arbuste au feuillage touffu et écartai doucement quelques feuilles qui m'obstruaient la vue. Ma vision enfin à peu près dégagée, je vis apparaître face à moi un garçon qui semblait un peu plus vieux que moi. Il était assis sur un tronc d'arbre était occupé à jouer de la guitare. Il grattait doucement son instrument et semblait absorbé dans ce qu'il faisait. 

Mes yeux s'attardèrent longuement sur son physique. Il était indéniablement beau ; ses cheveux châtains foncés était légèrement décoiffés ce qui lui donnait un air décontracté, ses yeux bleus n'avait de vue que pour l'instrument qu'il serrait entre ses bras, sa mâchoire carrée était faite pour recevoir des baisers passionnés, sa bouche fine vous laissait songeuse, sa peau bronzée et son corps bien dessiné donnait lieu à une contemplation sans fin. Je ne pouvais détacher mes yeux de ce bel inconnu. 

Quelque chose me tira soudainement de ma rêverie et ce quelque chose me grattait affreusement les jambes. Je balayai rapidement du regard mes chevilles et surprise ! Des dizaines de fourmis rouges étaient en train de grimper tout le long de celles-ci. Je poussai un cri, étouffé au dernier moment par ma main et perdis l'équilibre. Je tombais dans un amas de feuilles mortes qui couvraient le sol d'un tapis moelleux. Paniquée, j'enlevai vivement par des gestes imprécis les fourmis qui continuaient d'escalader mes jambes. Les notes qui s'échappaient il y a encore quelques instants de l'instrument c'étaient soudain tut.

Summer CampOù les histoires vivent. Découvrez maintenant