Leçon 6 - La conseillère

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[ATTENTION : Seule une partie de ce roman est diffusée sur Wattpad. La suite est disponible dans l'ebook vendu sur Amazon : https://www.amazon.fr/dp/B01G0CU99]

Après l'avoir guidé en silence dans les dédales gris de l'Institut, le surveillant abandonna Florian devant une des innombrables portes de métal. Seules quelques lettres en cyrilliques, signifiant probablement « Conseillère » voir, pour autant qu'il puisse le deviner, « Celui qui lit ça est un idiot », la différenciait des autres.

Suspendu dans la solitude de cet instant, Florian se prit à espérer qu'il pouvait fuir, là, maintenant. Tout ce qu'il avait à faire était de trouver une fenêtre, la casser et courir le plus loin possible de cet endroit aberrant. Aussi facile qu'un puzzle deux pièces. Les épaules tombantes, il fixa ses pieds. Sa main s'était portée à son cou, le vide au creux de sa paume. Bon sang, il ne savait même pas comment trouver des toilettes dans ce trou alors une fenêtre ? Et puis, ce n'était pas comme si l'endroit était bardé de plus de caméras qu'un car de touristes Japonais. Non, tout ce que cela accomplirait serait de l'amener un pas de plus vers son ticket pour une lobotomie gratuite.

La mâchoire tendue à en grincer des dents, il leva la main pour toquer quand une voix féminine résonna, étouffée.

- « C'est ouvert, tu peux entrer. »

Mince, elle devait l'avoir vu se tétaniser sur son palier. Florian prit une grande inspiration puis poussa la lourde porte. Celle-ci s'ouvrit dans un long grincement qui résonna dans ses os telle une craie contre un tableau noir. Franchir le seuil fût comme pénétrer dans un autre monde. D'enivrantes odeurs d'encens prenaient la place de celles de vieille poussière des couloirs. La chaleur sèche d'une cheminée invisible repoussait la fraîcheur extérieure. Oublié l'acier et le béton, ici, les murs lambrissés s'associaient à des meuble en bois anciens pour former un cocon apaisant. Seule la forêt de pin, visible depuis une large fenêtre, rappelait la triste réalité.

Au cœur de cet écrin, une femme aux longs cheveux blancs l'observait de derrière un bureau. Les pattes d'oie au coin de ses yeux la figeait dans une expression de perpétuelle bonhomie telle la parfaite mamie gâteau, ce qui, contexte de l'Institut oblige, devait être un gâteau fourré au cyanure.

- « Assieds toi et mets toi à l'aise Florian », dit-elle en désignant le lourd fauteuil de cuir devant son bureau.

Sans se faire prier, Florian s'y avachit. La consistance de marshmallow du dossier apaisa les courbatures de son corps meurtri. Il laissa échapper un long soupir de soulagement.

- « Je peux t'offrir un chocolat chaud si tu le souhaites », ajouta-t-elle toujours figée dans son expression bienveillante.

Cela sonnait un peu trop comme « Tu veux un bonbon petit, j'en ai plein à l'arrière de mon van aux vitres teintées ». Qui sait ce que ce chocolat pouvait contenir pour le mettre dans de bonnes dispositions. Il ne devait pas se laisser bercer par cette mise en scène, aussi tentante soit-elle. Avec un froncement de sourcil, Florian se pencha torse en avant, bras croisés contre sa poitrine.

- « Non merci, je reviens juste de la cantine, je n'ai plus faim »

Pendant une seconde, il se crispa, craignant que ce mensonge soit éventé par un gargouillis de son estomac. Il avait bien mangé mais il était loin d'être totalement rassasié.

- « Tu ne sais pas ce que tu rates. » Elle lui adressa un clin d'œil complice. « Je m'appelle Natalija Zuborniak, mais tu peux m'appeler Nat' si tu veux. Je serais ta conseillère pendant tout ton séjour à l'Institut »

Malgré son nom Russe, aucune trace d'accent ne teintait son Français. Florian se contenta de hocher légèrement la tête pour indiquer qu'il l'avait entendue mais elle pouvait se brosser pour qu'il l'appelle autrement que « vieille bique ».

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