"Donnez pour le Yaoi."

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« - Je t'aime Grim.»

J'avais pris ma voix grave. Je savais qu'elle faisait craquer beaucoup de gens et que cela exciterait les fangirls du BriGrim. Peut-être cela les inciterait à donner à l'association. En parlant de ça, je jetai un œil aux défis de ce soir : shampoing aux œufs et le bisou tant attendu par certaines.

Je ne pouvais pas le cacher : j'aimais cette situation d'ambiguïté. La façon dont notre baiser d'hier avait déchainé les foules m'avait beaucoup plu. Voir les gens spéculer sur notre possible couple était amusant. Pourtant, entre Mickaël et moi, tout était parfaitement clair : nous étions colocataires et amis. Le reste n'était qu'un jeu.

« - Waouh, c'était profond Brioche ! S'exclama Siana à partir de Skype.»

J'avais de nouveau fait polémique. La plupart des gens commentaient ces mots un peu trop suspects à leur goût, essayant de leur attribuer un sens. Dommage pour eux, ils n'en possédaient aucun.

Pendant un instant, je me mis à leur place et imaginai que notre jeu n'était pas un jeu, que moi et Mickaël sortions vraiment ensemble. Et imaginer celui qu'on appellait Rosgrim en tant qu'amant tendre me fit bien rire. Entre nous, ça n'avait jamais été comme les admiratrices de notre faux couple le pensait. Il n'y avait jamais eu de confidence tard dans la nuit, de moment gênant qui remettait notre hétérosexualité en cause, de grand discours pour déclarer notre "flamme". Non, rien de tout ça. Juste des amis, des frères spirituels qui se comprenaient
à mi-mot et qui se complètaient. Non, rien de plus que des colocataires.

Nous nous amusâmes longtemps tous les trois. Notre trio infernal était en forme et chacun balançait des idioties plus grosses que les précédentes. C'était vraiment un bon moment. Les dons montaient au fur et à mesure de la soirée et chacun y mettaient du sien pour atteindre l'objectif final des 50.000€.

C'est ainsi que plusieurs palliers de défis furent atteints. Tout d'abord, l'épreuve du tabasco où je donnai de ma personne. Je ne supportai vraiment pas ce qui était épicé et j'avais fini par m'enfuir dans ma chambre afin de me reposer et calmer le feu ardent présent dans ma bouche.

Puis vint le tour du shampoing aux oeufs. Je m'étais énormément amusé à étaler cette substance gluante dans les cheveux de mon colocataire tandis qu'il me hurlait à quel point c'était froid. Considérez ça comme une vengeance personnelle.

La soirée défila encore dans le rire. Puis enfin, il ne resta que dix minutes. Nous étions encore loin de l'objectif, les dons s'étaient calmés et Mickaël s'amusait à provoquer nos spectateurs.

"- On dirait que vous ne le voulez pas tant que ça notre baiser !"

Comme en réponse à ses mots, les dons arrivèrent en masse. Les gens semblaient s'être rassemblés autour d'une envie commune. Plus que pour la maladie, les gens donnaient pour que nous nous embrassions. C'était paradoxal mais au moins, le résultat était le même. Cet argent aiderait beaucoup de gens.

Et puis, il y eu un cri. Celui de Siana. Elle annonçait que l'objectif venait d'être atteint. Un sourire béat s'affichait sur mon visage et celui de Mickaël. Nos abonnés était vraiment les meilleurs. Ils avaient réussi à concrétiser le rêve de tout le monde pendant ces Nuits de Crohn. Ils l'avaient atteint.

Mon sourire se changea en rire quand je jeta un oeil aux commentaires. Ils étaient tous constitués de "gg" éclatants, félicitant les donateurs ainsi que de gens réclamant le bisou.

Avec tout ça, je l'avais presque oublié. Mais bon, ce n'était qu'une formalité et puis, il fallait bien les remercier pour ce qu'ils avaient accompli ! C'est ainsi que nous nous étalâmes longtemps sur les remerciements jusqu'à se faire réprimander par une poignée de personnes qui voulaient la fameuse "revanche du bisou".

Après quelques réglages sur le visuel de l'écran, je regardai Mickaël qui en fit de même et nous nous prîmes un fou rire. Sans véritable raison apparente. Uniquement l'euphorie de cette collecte réussie.

Puis, il y eut un "go" prononcé et nous nous élancâmes l'un contre l'autre. Nos lèvres se rencontrèrent comme hier avec pour objectif de rester ensemble pendant une dizaine de secondes. Au fur et à mesure que le temps passait, un rire montait en moi. Je ne pus le retenir et Mickaël en fit de même. Nous rigolâmes l'un contre l'autre, les lèvres toujours scellées.

Je me calmai un peu avant Mickaël et sentit ses dents m'effleurer. Puis ses bras s'étendirent pour m'enserrer. Je savais bien que c'était amusant de faire croire des choses aux personnes qui nous regardaient mais n'allait-il pas trop loin ? Pour moi, c'était le cas. Il y avait certaines limites à ne pas dépasser quand même. Je me braquai instantanément en sentant ses mains sur ma nuque et ses lèvres toujours aussi proches de moi. C'était long dix secondes... Intérieurement, je haïs Siana d'avoir proposé une durée aussi longue. Je haïs également Mickaël d'en faire autant uniquement pour attirer l'attention. Et j'appris à le haïr pour une autre raison plus personnelle et plus extravagante.

Je le haïs car il était doué avec ses lèvres.

Souriez, vous êtes screenésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant