Aucun de nous deux n'avait crié sur l'autre, nous ne nous étions pas insultés et je n'étais pas parti sur le coup de la colère. Il n'y avait eu aucune haine, uniquement de la tristesse. Je m'étais dirigé vers ma chambre pour commencer à faire des cartons et nous n'avions plus parlé.
C'est ainsi que, depuis quelques jours, je passais mes journées dehors et ne revenais que le soir pour préparer mes vidéos, faire mes valises et chercher un appartement. C'était comme un accord silencieux, je partais la journée et il me laissait tranquille le soir. Nous n'avions presque plus d'interactions ensemble. Cela se limitait à des "bonjour" le matin et quelques interventions timides de Mickaël les rares fois où l'on se voyait.
Je voyais bien que je lui faisais du mal. Mais ne lui en aurais-je pas fait d'avantage en restant avec lui ? Certainement. Mais de toute façon, j'avais fait ce choix de manière égoïste. Je ne voulais pas être blessé, souffrir en voyant mon quotidien foutre le camp. Alors, il fallait que je me construise un nouveau quotidien plus stable et plus sûr. Loin de lui qui me retournait la tête.
Ce soir-là, je rentrais assez tard et me plongea de nouveau dans ma recherche d'appartement. J'avais besoin de tout quitter le plus rapidement possible. Alors, j'épluchai toutes les petites annonces que je trouvais et pesais le pour et le contre de chaque. Je me mis à me demander ce que Mickaël ferait de l'appart une fois que je serai parti. Prendrai-t-il un nouveau colocataire ou déménagerai-t-il ? Il n'avait pas les moyens de se payer cet appart avec ce qu'il gagnait de Youtube...
Je me replongeai à nouveau dans mes recherches quand mon téléphone sonna. Je ne voulais pas répondre, j'avais envie de me couper du monde et de ne plus avoir à penser à quoi que ce soit. Cependant, en voyant la personne insister, je décrochai :
"- Allô ?
- Bri, j'ai peur..."C'était Siana. Elle était en pleurs. Sa voix semblait profondément angoissée et tremblait. L'entendre dans cet état me fit mal au coeur.
"- Il était là-bas, à Paris, et je n'ai plus de nouvelles ! Il ne répond plus... Je suis terrorisée Bri, j'arrête pas de penser qu'il lui est arrivé quelque chose et ça me paralyse..."
De quoi parlait-elle ? Que se passait-il à Paris ? Je voulais la réconforter, la prendre dans mes bras et la protéger mais comment faire si je n'avais aucune idée de ce qu'il se passait ?
Alors, elle me l'expliqua du mieux qu'elle le pût entre quelques crises de larmes. Les attentats, la prise d'otage, les explosions, les morts, elle fit de son mieux pour ne rien oublier. Elle m'expliqua également qu'elle était sans nouvelle de l'un de ses amis qui était sur place.
Je passai un moment au téléphone avec elle, la réconfortant du mieux que je le pouvais et tentant de comprendre ce qu'il se passait. Puis, au bout d'un moment, je raccrochai. J'avais besoin de m'informer, de savoir ce qu'il se passait à la capitale et de suivre les informations en direct.
Sortant de ma chambre pour la première fois depuis quelques soirées, je me dirigeai dans le salon et y vis Mickaël, installé devant la télé, regardant nerveusement les informations qui défilaient. Lui aussi semblait au courant.
Je me posai nonchalement à côté de lui et me concentrai sur les infos. Je lui demandai alors :
"- Ça va ?"
Il me lança un regard étrange, presque étonné que je lui adresse la parole. Me croyait-il sans coeur ?
"- On va dire que oui, j'ai eu des nouvelles de tout le monde là-bas mais je reste chamboulé. Et toi ?
- Je viens de l'apprendre, je n'ai encore eu personne. J'angoisse un peu là..."
Je me saisis rapidement de mon téléphone et demandai des nouvelles à toutes les personnes que je connaissais à Paris. J'avais besoin d'être rassuré plus que tout au monde.
Certains me répondirent très rapidement et d'autres se firent attendre pendant de longues minutes mais tout le monde me répondait. J'étais vraiment soulagé...
Mon attention se reporta alors sur les informations quand je vis Mickaël saisir son ordinateur. Je me rapprochai de lui pour voir ce qu'il faisait. Il alluma Twitter et commença à interagir avec de nombreux messages. Il s'agissait de demande d'hébergement ainsi que de proposition. Dans le lot, il y avait également des demandes d'aide imminente et des avis de recherche.
Toute cette activité me pesait, la terreur était partout. Dans les médias, les réseaux sociaux et dans mon esprit. J'avais peur. Quelque chose comme ça avait des causes et des conséquences. Peut-être que quelque chose de plus grand se préparait et cela me faisait froid dans le dos...
Le temps passait encore et encore et j'aidais Mickaël à transmettre les informations en profitant de notre notoriété. Enfin, je vis un message de Siana. Elle avait des nouvelles de son ami. Une partie de la pression retomba et je fus soulagé pour elle.
Après cela, tout s'enchaîna très vite. La prise d'otage fut stoppée. Les terroristes furent tués. Et le bilan tomba. Il y avait beaucoup trop de mort. Cela semblait irréel.
Je lancai un regard désespéré à Mickaël et il en fit de même. Il ouvrit ses bras et je vins me serrer contre lui. Son étreinte me rassura un peu. Je sentais que quelqu'un était là pour me protéger quoi qu'il arrive. Lui me serrai comme si sa vie en dépendait, comme s'il avait besoin que je sois avec lui. Il vint alors me planter un tendre baiser sur le front.
"- S'il te plait, reste..."
Je ne répondis rien mais je ne voulais plus partir. J'avais trop peur de quitter ces bras. Ils m'enserraient. Ils étaient chauds. Ils étaient mes repères...
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Ce chapitre représente ma participation au deuil national. Ainsi, si quelqu'un relit cette fiction un jour, il se souviendra des événements de ce 13 novembre comme d'un moment important de l'Histoire et pourra se souvenir des victimes. Ce qu'il s'est passé est une tragédie et nous a tous profondément blessé. De plus, si l'un des lecteurs de cette fiction a perdu un proche, je tiens à lui adresser mes condoléances et mon soutien.
C'est pour eux et pour toutes les autres victimes que je t'invite, toi lecteur, à faire une minute de silence en leur mémoire.
Nous nous relèverons et serons forts. Courage ♡
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Souriez, vous êtes screenés
FanfictionParfois, il suffit de rien pour changer une vie. Dix minutes, des donateurs généreux et un baiser. Voilà ce qui changea celle de Grégoire. [BriGrim]