Si près...

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La nuit fut courte pour moi. Oh non, ne croyez pas que ce pseudo baiser "rempli de tendresse et d'amour" comme le décrivait certaines m'avait perturbé. Il était clair que certaines limites avaient été dépassées mais ce n'était pas si grave. Tout allait redevenir comme avant. J'en étais certain.

Je me levai d'un pas las et entamai mon long périple vers la cuisine toujours vêtu de mon pyjama. J'arrivai à destination en lâchant un énorme baillement.

"- Bien dormi ?"

C'était Mickaël qui m'interpellait depuis la table où il mangeait son petit-déjeuner. Il avait l'air réveillé. Ça en faisait un sur deux au moins.

J'ouvris maladroitement les placards à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent mais je ne trouvai rien. Ce fut de nouveau la voix de Mickaël qui vint à ma rescousse.

"- Je t'ai préparé un truc à manger. T'as juste à t'asseoir."

Je m'éxécutai sans un mot. J'étais bien trop fatigué pour dire quoi que ce soit et de toute façon, cela n'aurait servi à rien alors autant préserver le silence.

Après m'être nourris, je me levai afin d'aller m'asseoir dans le canapé mais fus interrompu par mon colocataire.

"- Greg ? Je peux te parler d'un truc ?"

J'hochais machinalement de la tête à cette question surprenante et vint à sa rencontre.

"- S'il te plait, ne m'interrompt pas avant la fin. C'est important pour moi. Je tiens à te le dire.

- Mais oui, fais moi confiance et abrège, repondis-je sans méchanceté d'une voix encore ensomeillée.

- Depuis quelque temps, j'ai l'impression que quelque chose cloche en moi. Je ne pense plus comme je le faisais. Et j'ai réussi à savoir pourquoi. Je crois... Non je sais que... Je t'aime, reprit-il d'une voix plus affirmée."

Pour le coup, ses mots m'avaient totalement réveillés. Mais ça ne pouvait pas être vrai. Il y avait forcément une erreur quelque part. Quelque chose chose qui clochait dans sa réflexion.

"- Tu te trompes sûrement. Écoute, on est super proche tous les deux, on partage le même appartement, on est toujours ensemble. C'est normal que ça te perturbe dans tes sentiments. Au fond, tu ne m'aimes pas. Tu confonds juste notre amitié avec d'autres sentiments, pas vrai ?

- Tu ne comprends pas... J'ai passé des jours, des semaines même à me poser cette question. Tu penses bien que si je n'en étais pas sûr, je ne serais pas venu t'en parler, lâcha Mickaël dans un soupir.

- Mais..."

Il ne me laissa pas terminer ma phrase et me pris tendrement dans ses bras. Pendant un instant, je tentai de résister et de m'éloigner de lui mais il me tenait fermement. Il ne voulait pas me laisser partit.

"- Je t'aime Grégoire."

Faite-le taire. Il ne savait pas ce qu'il disait. Il ne pouvait pas gâcher notre amitié comme ça. Rien de tout ça n'aurait dû arriver. C'était juste un jeu, un stupide jeu pour amuser nos abonnés. Il n'avait pas pu tomber dans le piège. Pas comme ça.

J'étais pétrifié. Je ne savais pas comment réagir envers lui. J'avais peur de faire la chose de trop qui nous séparerait à tout jamais mais Mickaël la fit pour moi. L'une de ses mains remonta jusqu'à ma joue. Il la carressa doucement puis m'obligea à lever la tête vers lui. Son regard plongea dans le mien pendant un instant. À quoi pensait-il ? Je n'eus pas le loisir d'y réfléchir longtemps. Il se rapprocha de moi et s'empara de mes lèvres. D'abord doucement puis de façon de plus en plus entreprenante. Son autre main vint de placer sur mes reins d'un geste tendre. Il ne voulait pas me lâcher, c'était clair.

Et moi, je restai là à subir ses assauts. Je ne savais même pas pourquoi je ne résistais pas. Je ne bougeai pas le laissant me traiter comme il le voulait. Il embrassait toujours aussi bien qu'hier mais le baiser d'aujourd'hui était différent. Il était plus pressant, plus avide. Celui-là demandait une réponse. Un quelque chose en retour que je ne pouvais pas lui donner.

Ce baiser était un appel à l'amour et je n'étais pas amoureux.

Alors, quand il prit fin, je posai mes mains sur le torse de Mickaël et le repoussai. Ça ne pouvait pas continuer comme ça. Le jeu était fini, maintenant, tout était sérieux et je n'aimais vraiment pas ça. Alors, je pris la parole :

"- Écoute... Hum... Je pense qu'on devrait oublier tout ce qu'il vient de se passer. C'est le mieux à faire pour nous deux."

Après avoir installé cette distance entre nous, je me détournai vivement en direction de ma chambre et la rejoignis au pas de course. J'avais hâte de quitter cette atmosphère pesante qui s'était installée. Cependant, avant de m'isoler, je jetai un dernier coup d'oeil en direction de mon colocataire.

Il n'avait pas bougé. Sa position était presque identique à celle dans laquelle je l'avais laissée. Il y avait uniquement une différence. Sa tête était tournée de l'autre côté et ses dents étaient serrées. Il avait mal.

Ça me peinait de le laisser comme ça mais je ne voulais pas faire marche arrière. Il était déjà bien trop tard pour le faire. Alors, je tournai la poignée de la porte et m'y enfermai.

Une chose est sûre. Rien n'était redevenu comme avant.

Souriez, vous êtes screenésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant