Chapitre 16

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Arthur me raccompagne jusqu'à ma porte d'entrée pour s'assurer que je suis bien chez moi et que tout va bien. Pourquoi en fait-il toujours trop ? Dieu sait. J'ai essayé de m'aventurer sur ce terrain tout à l'heure et je crois ne pas avoir eu toutes mes réponses. Lui aussi cache quelque chose et je compte bien le lui faire dire. Mais j'ai d'autres problèmes à régler avant celui-ci. Il ne faut pas qu'il parle de ce qu'il sait. Je crois que de toute ma vie, le jour où ça arrive, je serai recouverte d'un drap de honte. Et jamais je ne veux vivre ça. Il s'arrête sur le pas de la porte et me regarde.
- Je vais bien, et je suis bien arrivée chez moi. Il sourit. J'en profite pour sortir mes clefs.
- Pourquoi me dis-tu ça ? Il hausse un sourcil.
- Je sais que c'est ce que tu veux entendre. Alors ne t'inquiète pas, Arthur. De plus, j'ai passé une bonne soirée. Merci. Je souris discrètement.
- Ce ne soit pas bête. Il est normal qu'un jour ou l'autre que quelqu'un s'inquiète réellement pour toi. Tu ne devrais pas réagir comme ça... je ne sais même pas comment le prendre. Je suis ravi de l'entendre, Mïa. Il fronce les sourcils.
Qu'ai-je dit qui aurait pu l'offensé ? J'ai voulu prendre la circonstance avec de l'humour mais cette fois-ci il n'a pas aimé et je suis véritablement mal à l'aise.
- Je suis désolée si j'ai dit quelque chose qui ne fallait pas...
À vrai dire je ne sais même pas comment m'y prendre. Jamais je n'ai eu ce genre de relation avec personne. Ni même une conversation pareille. Comment dois-je savoir ce que je dois faire ou ne pas faire ? Je ne le connais pas vraiment bien. Je sais qu'il connaît bien Montréal car il est né ici et que la ville ne contient aucun secrets pour lui. Il est un grand avocat réputé mondialement, et il travaille actuellement au cabinet de Droit Inc. Et sa secrétaire... c'est moi. Mais encore ? Rien. Les mots me manquent. Les informations me manquent. Bordel. Qu'est-ce que ça va être au travail ? Je ne me sens pas d'être lundi bizarrement. Il s'approche un peu de moi. Et je recule d'un pas par mécanisme.
- J'aimerai te dire quelque chose. Et j'ai besoin de te toucher, Mïa. Mais je ne le ferai pas sans ton accord.
Je le regarde sans pouvoir comprendre mon ressenti. Jamais on ne m'a dit ça. J'ai toujours évité ce genre de situation depuis toujours... comment savoir si je prends les bonnes décisions et si je fais les choses bien ? Et... et tais-toi, Mïa. Tu réfléchis bien trop.
- Je ne sais pas quoi répondre. C'est une demande des plus étranges. Tu comprends ?
- Bien sûr, Mïa. Mais je ne veux pas faire quelque chose que tu ne voudrais pas le moins du monde que je fasse. Je te l'ai dit, je te force à rien. Absolument rien. Tu peux avoir confiance en moi. Et... j'ai réfléchi. Il s'arrête.
J'attends qu'il continue. Il me regarde droit dans les yeux pour que je le comprenne bien dans ce qu'il s'apprête à me dire. Je ne peux céder du regard. Il me soutient.
- Je n'en parlerai pas. J'attendrai que tu me donnes une réponse réfléchie et bien étudiée. Je ne prends pas ça à la légère. Tu m'as compris ? Je pense que oui. Je ne te force à rien. Mais s'il te plaît, prend la bonne décision. Je veux t'aider.
- D'accord. J'y réfléchirai, Arthur.

Il s'approche doucement de moi. Je n'ai pas baissé une seule fois le regard à part maintenant car il se trouve à quelques centimètres et je me sens très bizarre. J'ai l'impression qu'il me domine sans me toucher. Sans me parler avec domination. Et pourtant j'ai cette impression. Qu'est-ce qu'il en est vraiment ? Je n'arrive pas à le savoir. Arthur me sort de ma réflexion. Encore une fois.
- Tu n'as pas répondu à ma question bizarre.
- Je... je ne sais pas.
- Je peux très bien le dire sans te toucher mais ça paraîtra moins vrai. J'ai cette impression mais peut-être que ça te conviendra.
- Alors dis-moi.
- Je serai toujours là pour toi. À n'importe quel moment de ta vie. Je veux que tu saches que ce qui t'es arrivée m'attriste réellement. Je ne sais pas si c'est de la pitié car je n'arrive pas à savoir si ça y ressemble ou si ça ressemble plus à une forme de compassion. J'ai déjà eu à des affaires de la sorte mais jamais ça ne m'a atteint au même point que toi. Je t'aiderai si tu le veux, Mïa. Et je sais que ce n'est pas un procès et une sanction qui changeront ta douleur... mais je serai là pour l'estomper. Je veux te dire que plus jamais tu ne seras seule. Son regard est des plus sérieux.
- Merci, Arthur... je ne sais pas quoi répondre, je suis désolée. Je dois avouer que tu me laisses mots.
- Retiens-le. Ne dis rien.

Je me contente de sourire. Je n'ai plus les mots. Jusque-là j'ai réussi à m'en sortir. Est-ce une réponse à ma question ? Non, bien sûr que non. Il ne peut pas me répondre sans que je lui la n'ai posé cette question qui m'empêche presque de dormir. Jamais je n'ai vécu ça. Jamais. Pourquoi ça arriverait maintenant alors que je ne suis pas prête ? Je ne suis pas prête à être proche d'un homme comme il le souhaiterait. Je n'y ai jamais pensé et m'y voilà confronté.

- Repose-toi. Tu as accumulé beaucoup d'émotions fortes ces derniers jours. Il brisé le silence. J'espère que j'ai réussi à te changer les idées. Je ne viendrai pas demain, c'est dimanche. À lundi, Mïa. Passe une bonne fin de soirée.
- Je dîne chez mes parents demain, comme tous les dimanches. Merci pour... tout, Arthur. Passe un bon dimanche. À lundi.
Il me fait un signe de la main en s'éloignant dans la cage d'escaliers. Je reste ma porte jusqu'à ce que je ne suis puisse plus le voir. Il ne m'a pas regardé. Sait-il que j'étais encore là ?
Je rentre chez moi et m'enferme. Je prends appuie sur la porte et inspire à pleins poumons avant de relâcher. Dans ma tête c'est un bordel sans nom. Tout s'oppose et je suis au milieu sans rien comprendre essayant de déchiffrer Arthur.

Tu ne peux pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant