Chapitre 4

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Les bureaux se vident doucement, je me prépare pour partir lorsque Sylvie s'invite dans mon bureau.
- Tout se passe bien avec M. Célèbre ?
- M. Célèbre ? C'est un surnom de quel genre ça ?
- À prendre avec humour, Mïa. Elle sourit.
- Pour le moment, je m'en sors. Dis-je avec un sourire.
- Je l'espère. Je te laisse j'y vais. À demain.
- Je m'en allais aussi. À demain, Sylvie.
Elle sort, et je la suis. Nos chemins se séparent à l'entrée du bâtiment.
- Il faut vraiment que tu te décides à acheter une voiture. Ris-je.
- Tais-toi donc, j'aime bien le métro. Sourit-elle.
Je me faufile dans la circulation de 17:30 en direction de Montréal Sud. Elle est loin d'être fluide, et je suis loin d'être chez moi, aussi. Il ne manquerait plus que Maître Green se trouve sur la même autoroute que moi, dans les mêmes bouchons, sur la file du milieu, à côté de moi. C'est poussé d'exagérer à ce point. Je suppose que M. Green a un chauffeur privé et même un jet privé rien qu'à lui. Je m'enfonce davantage dans mon siège pour patienter. Bordel, que c'est énervant.

Je me gare sur le parking de mon appartement après de longues heures de route à cause des embouteillages. Les québécois ne savent pas rouler, ou ne savent faire que des queues de poisson, sur l'autoroute.
Je me pose sur le canapé histoire de me reposer un moment. Cette journée m'a paru longue et courte à la fois. Les dossiers semblent interminables quand je m'y mets, mais ils font passer le temps plus vite que mes journées d'avant. Ou c'est peut-être le fait que j'apprécie de travailler pour un bel homme, jeune, puissant, important, connu, riche... il a tout pour plaire. A-t-il une femme ? Des enfants, peut-être ? Il n'a pas une tête à avoir des enfants en tout cas, et je n'ai pas le souvenir d'avoir aperçu une alliance à son doigt. Et quel âge a-t-il ? C'est vrai, tout le monde parle de lui, mais personne ne parle de son âge. Il m'intrigue mais je devrais en avoir rien à faire puisque je travaille pour lui. Je ne devrais pas m'intéresser de trop près de ce personnage. Il pourrait être dangereux, pour moi. Les hommes puissants aiment les femmes, et les filles comme moi, détestent les hommes. Peut-être qui ils sont, ils se ressemblent tous. Mes démons parlent à ma place lorsqu'ils sentent qu'un homme pourrait me plaire. Ils m'emprisonnent dans leurs grandes griffes et me tirent vers le fond. J'aimerais leur faire faux bon.

Je mange les restes d'hier soir, et me dirige vers la salle de bain pour prendre une douche. Je me drape d'un linge autour du corps, applique un masque pour le visage. Je compte bien me détendre un peu après tout se stresse accumuler à cause de Arthur Green. Je masse la peau de mon visage en appliquant bien la crème. Quelle journée éprouvante ! Je me demande comment demain sera fait. Je me rince le visage et m'apprête à rentrer dans la douche. On frappe à ma porte.

Une vague de stress me submerge de la tête aux pieds, j'ai presque envie de vomir. Pourquoi ai-je si peur le soir ? Rien ne m'est arrivé depuis mon installation à Montréal Sud, alors pourquoi quelque chose arriverait maintenant ? Je l'ignore. Je tiens ma serviette fermement de la main gauche et m'aventure jusqu'à ma porte d'entrée. J'entre ouvre la porte.
- Maître Green ! Je m'exclame littéralement étonnée.
- Pourquoi criez-vous ?
- Bon sang. Qu'est-ce que vous faites chez moi à cette heure-ci ?
- Vous me manquiez. Je me sens bien en votre compagnie.
- C'est une blague ?
- J'ai moi-même du mal à y croire... Avoue t-il.
- Moi aussi, je vous rassure. Comment avez-vous eu mon adresse ?
- Vous êtes ma secrétaire. J'ai de principaux renseignements sur vous... dont votre domicile. Il sourit.
- Je n'en crois pas mes oreilles... je reste bouchée bée devant sa belle gueule qui retient un sourire.
- Vous comptez me laisser dehors après tout ce chemin que j'ai fait pour venir jusqu'à vous ?
- Je ne sais pas si c'est une bonne idée, monsieur... je soupire discrètement.
- Qu'est-ce qui vous ferai changer d'avis, Mïa ?
- Je n'en ai pas la moindre idée, M. Green...
- Je vous ai dérangé ? Me demande t-il gêné tout à coup.
- J'allais prendre une douche, rien d'important.
- Bien. Je suis content que vous alliez bien après cette journée éprouvante. Je vais m'en aller puisque je ne semble pas le bien venu. Son sourire s'efface.

Je le regarde, sans comprendre. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. J'ai l'impression qu'un TGV passe à 200km/h dans mon cerveau. Tout se mélange. Hier matin je n'étais qu'une simple secrétaire puis me voilà secrétaire de l'avocat le plus réputé et bien évidemment le meilleur du Canada, connu mondialement, jeune et beau et maintenant il se trouve derrière ma porte car je lui manque. Nous avons passés quelques minutes ensembles le temps d'un café, et bien avant ça, Horton venait dans mon bureau pour m'informer de sa présence alors que j'étais en train d'espionner Arthur Green sur internet alors que celui-ci m'attendait dans le hall. J'ai pensé à lui une bonne partie de la journée. À son côté d'homme infranchissable, impénétrable, distan, professionnel, et il y a sa façon de me taquiner d'une façon bien tournée, son sourire discret, ses petits fossettes hésitantes.

- Entrez. Dis-je nerveusement.
Il est aussi étonné que moi. Jamais je n'aurai cru faire rentrer un homme chez moi, surtout un homme que je ne connais depuis quelques heures. Je n'ai jamais invité un homme chez moi, pas même un ami, juste pour dîné ou parler. Aucun homme n'a mit les pieds ici, c'est le premier.
- Merci. Son sourire revient au galop.
- Qu'est-ce que vous me voulez ?
- Vous pensez que je veux quelque chose ?
Mon poul accélère. J'appréhende sa réponse bien plus que j'ai stressée ce matin avant de le rencontrer. J'ai peur de connaître une réponse que je n'aurais pas eu envie d'entendre. Je déglutis.
- Vous vous trompez, Mïa. Je ne sais pas de quoi vous avez peur, mais vous n'avez pas à avoir peur de moi. Dit-il sérieusement.
Pourquoi me perce-t-il à vif ? Pourquoi essaye-t-il de réveiller mes démons intérieur ? Ils dorment paisiblement, personne ne les taquine. Je ne peux pas envisager ne serait-ce quelques secondes d'en parler à quelqu'un. Pas à lui. Il ne doit rien savoir, il ne peut pas. Tu ne peux pas, Green.

Tu ne peux pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant