Chapitre quinzième.

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Chapitre quinzième : Folie, folie bergère


« Et même si je ne compte pas révéler ce que je viens d'apprendre sur mon charmant emmerdeur de professeur, toutes ces informations ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd. »


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Quand j'entre dans la salle de danse, tous les regards se tournent vers moi. Ils sont surpris, et un instant, au fond de mon corps, je sens cette pointe de fierté apparaître. Je n'ai pas vraiment pour habitude de me donner en spectacle, mais il semblerait, que ici, se soit ma seule façon de me faire entendre. J'ai conscience que je joue à un jeu dangereux, mais l'adrénaline qu'il me procure vaut tous les sacrifices et les risques possible. Si j'étais tout à fait honnête, je dirais même que c'est pour ça que je le fais. J'outrepasse les limites, justement, parce qu'elles le sont. Sinon, tout le jeu perdrait son intérêt.


Seul Jonathan me sourit, je l'avais prévenu de mon retour, hier soir.


Noah,n'a pas le temps de réagir. Il regarde d'un rapide coup d'œil l'heure qu'affiche l'horloge au fond de la salle, il sait qu'il est pris au piège. Il ne peut pas se permettre d'avoir du retard dans le cours. Il ne peut pas se permettre de me renvoyer chez moi, ou ne serait-ce que de prendre le temps de le penser. Et c'était prévu.J'ai délibérément passé la porte de la salle, cinq petites minutes avant l'heure. Parce que oui, moi aussi je sais être quelqu'un de sournois. Mieux qu'il ne pourrait l'espérer.


La chorégraphie n'a pas beaucoup évoluée, après tout je n'ai raté que deux cours. Et puis ses pas sont si complexes, que nous n'avançons à rien. Mais il a toujours l'air aussi décidé à nous faire apprendre ses foutus enchaînements qui n'ont aucun sens.


Et plus qu'aucune autre fois, lorsque mes yeux croisent les siens, je le trouve lamentable. Je me dis qu'il doit avoir une vie tellement triste en dehors de cette salle de danse, que la seule chose qui le rends vivant, c'est ça. Nous faire subir – parce que oui, on subit– ses demandes affolantes et sa vocation qu'il est en train de saccager. Et je le plains, sincèrement. Parce que personne ne voudrait d'une vie comme la sienne. Et après tout, je me dis que je ne devrais pas participer à la rendre plus attrayante, parce que c'est un imbécile, parce qu'il est imbus de lui-même. Seulement,j'ai cette petite voix en moi qui me répète qu'il faut que je creuse un peu plus en profondeur.


Une fois de plus, il me sort de mes pensées :


June !J'espère sincèrement que vous n'êtes pas revenue pour être une encore plus piètre danseuse qu'avant.


Je le regarde dans le fond des yeux, et, même si sa remarque me blesse,je ne le montre pas. Je ne veux surtout pas qu'il tire satisfaction de cette façon qu'il a de se comporter comme un connard.


Alors que j'affiche un doux sourire en coin, je lui répond :


Ce n'est pas moi qui suis une piètre danseuse, j'affirme doucement. C'est peut-être la chorégraphie qui ne tient pas la route, je lui propose gentiment, ou alors, c'est le professeur qui devrait revoir son jugement, je conclus.

« Dancing to live »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant