Fly Away. ©

Attentats à Paris - 13 Novembre 2015.

Maman,

Ce soir je ne t'ai pas obéît, j'en suis désolée.

Je t'ai demandé l'autorisation d'aller à un concert pendant des mois, tu m'a toujours dis non sous prétexte que c'est dangereux d'y aller seule lorsque l'on a seulement 17 ans. Je me rends compte aujourd'hui que tu as raison.

Je ne suis pas allée dormir chez une amie comme je l'ai prétendue toute la semaine, je suis allée à ce concert maman, celui où tu m'a formellement interdis d'aller. Je me suis amusée tu sais, j'ai ris, j'ai chanté et j'ai dansé. Ah ça oui j'ai dansé. Tout, absolument tout était en rythme avec la musique ce soir.

Nous étions, mes amies et moi, oui maman, celles que tu n'apprécies pas parce qu'elles ont soit disant une mauvaise influence, elles l'ont, je suis d'accord maintenant. Nous étions en train de danser, de crier les paroles de la chanson, toutes les personnes présente ce soir s'amusez, je peux te l'assurer. Absolument toutes les personnes, même celles qui n'avaient pas à être dans cette salle.

Un coup de feu à retentis, par instinct de survie nous nous sommes tous jeté à terre mais il était déjà trop tard. Personne n'a réellement compris ce qu'il se passait, personne n'a réellement compris que nous n'aurions pas dû sortir ce soir, moi j'ai compris. J'ai compris que je n'aurais pas dû venir sans autorisation, que j'aurais dû écouter tes conseils. Je me suis rendue compte que bien souvent, malgré tes recommandations, j'en faisais qu'à ma tête, j'ai eu tort de ne pas t'écouter.

C'est une autre musique qui a été joué ce soir, une musique que j'aurais aimé ne jamais entendre.  Une musique que je n'ai pas apprécié, et je crois qu'ils l'ont compris.

Les balles fusaient, les corps tombaient, les cris résonnaient.

Je suis tombée sous les balles, sous les cris et sous les pleurs.

J'aurais aimé me réveiller, t'entendre me crier dessus parce que je t'ai désobéit, d'entendre me dire que je serais privée de sortie. J'aurais aussi aimé te dire je t'aime, te le dire et te le répéter jusqu'à la fin de mes jours. J'aurais aimé ne jamais rencontrer ces personnes avec qui je suis sortie ce soir, j'aurais aimé ne jamais avoir découvert ce groupe californien.

J'aurais aimé rester la petite fille que j'étais, celle qui ne comprenait pas ce qu'il se passait, celle que tu n'as pas vue grandir et que tu empêchais de tomber.

Ce soir dans cette salle, ils ont fait chanter leurs balles, ils ont fait jouer une musique différente de celle que l'on entend habituellement. Ils ont fait chanter leurs balles contre mon corps pour la simple et bonne raison que j'étais là, au mauvais endroit, au mauvais moment.

128 autres personnes ont entendus cette musique mortelle qui sera désormais éternelle.

Maman ce soir je voudrais te dire que la musique s'est tue, mais que la vie continue.

Ce texte est un peu bancal mais j'en suis désolée. Je me remet à écrire petit à petit, j'ai deux autres textes déjà prêts à vous poster. J'espère que malgré tout, vous apprécierez ce texte.

Toutes mes condoléances au familles et amis des victimes.

Prenez soins de vous.