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J'attendais patiemment la réponse du médecin. Pour une fois que je faisais preuve de patience ! Ceci était tellement rare chez moi... Je me dénigre mais autant dire la vérité, je n'étais pas parfait, loin de là !

Pourquoi tant d'hésitation ? Cela allait-il être choquant ? J'étais prêt, prêt à tout entendre. Sauf si on me disait que j'allais mourir, là pour le coup ce serait un choc. J'avais encore de longues années à vivre moi ! enfin je l'espérais. Après tout ce n'était pas parce que j'étais encore jeune que cela me rendait « immortel ». Mais à mon âge, 25 ans à peine, on a bien d'autres choses en tête que la mort, on pense que c'est encore bien loin. Pourtant c'est faux, et il reste encore tant à apprendre...

Bon, « monsieur » se décide à parler ou il faut que je lui sorte les mots de la bouche ? Une petite opération improvisée qui s'impose... Je l'emmène en salle d'opération, avec l'aide de cette charmante infirmière - si elle se montre coopérative, et ça ce n'est pas sûr - et je l'ouvre pour chercher où peuvent bien être cachés ses mots qui semblent avoir tant de mal à sortir...

-Tu te sens bien ? Aucun problème ? - Je vais très bien ! - Certain ? Parce qu'à force de raconter des conneries les gens vont avoir peur de toi. - Oui certain. Et qui te dis que ce sont des conneries ? - Va te faire interner ! - Mais je plaisante... - Que tu plaisante ou non tu es en train de te parler à toi-même je te signal...

Pour le coup ma conscience n'avait pas tort. Enfin je dialoguais avec elle, mais ses réponses n'étaient que le pur fruit de mon imagination. Je ne devais pas être complètement réveillé...

- Il se trouve que... vous... Vous avez une infection pulmonaire, m'annonça enfin le médecin.

Je fis des yeux des ronds comme des billes et j'ouvris la bouche en un "O" quasi parfait, un "O" tellement grand qu'on aurait dit que j'allais m'adonner à une pratique sexuelle. D'ailleurs cette pensée me fit sourire intérieurement, c'était totalement en décalé avec la nouvelle que je venais d'apprendre et un tant soit peu dégueulasse mais au moins je n'avais pas perdu mon humour !

Finalement je ne savais pas ce qui m'avait le plus choqué, si c'était le fait que je ne sache pas du tout quelle était la gravité de ce que j'avais ou plutôt le fait qu'en vérité je m'en fichais royalement.

- Mais pour votre cas l'infection n'en est qu'à ses débuts, et heureusement nous avons pu vous prendre en charge assez rapidement. Mais un mois de plus sans aucun traitement et vous y passiez, m'informa-t-on.

Je me mis à rire nerveusement, un peu surpris sans savoir comment réagir, avant de toussoter légèrement comme si j'avais avalé ma salive de travers. Une douleur lancinante s'invita dans ma poitrine, j'avais comme l'impression qu'on enfonçait des aiguilles par milliers. Je me sentais suffoquer, un étau semblait se resserrer autour de mon corps. Je me tenais plié en deux prêt à chuter de mon lit tant la douleur était forte.

Le docteur Cain et l'infirmière me forcèrent alors à m'allonger, positionnant un masque à oxygène sur mon visage le temps que je me calme et que ma respiration reprenne un rythme normal.


Quelques minutes plus tard, je semblais aller mieux, mais une étrange fatigue avait fait surface, prenant possession de mon corps entier, j'étais presque incapable de bouger. Mes paupières ne cessaient de cligner, comme si j'allais m'endormir d'un instant à l'autre... Si j'avais pu savoir ce qu'il m'arrivait vraiment...

- Vous êtes loin d'être rétabli, il va falloir faire attention et vous reposer, me dit le médecin, tandis que l'infirmière me rebranchait à toutes ces espèces de machines... Je me demandais bien si tout cela était vraiment nécessaire.

Je voulais protester, mais je n'avais plus la force de rien. Même parler semblait être un effort surhumain. Alors je ne dis rien et me contentais de regarder les gestes précis qu'effectuait cette jeune femme. Le docteur Cain semblait parler mais je n'entendais qu'un brouhaha dont je ne pouvais pas en distinguer les mots.

Il y avait tellement de questions... Depuis combien de temps étais-je ici ? Et combien de temps allais-je devoir encore reste ? J'avais la vague impression d'avoir été absent depuis des mois. Et je me retrouvais ici, seul qui plus est. Où était Marie ? Ou était ma sœur ? Le voyage était terminé ? Quel jour étions nous ? Dans quelle ville me trouvais-je ?

J'était seul, tout seul, dans un lieu inconnu, avec des inconnus. Je me sentais abandonné, comme si on m'avait oublié. Je ne comprenais pas, et je n'arrivais pas à me souvenir. Que c'était-il passé ?

Mais je n'eus pas le temps de ma questionner d'avantage. Je n'arrivais pas à réfléchir de toute façon, et mes paupières se sont closes malgré moi, la fatigue reprenait le dessus et je sombrais dans un profond sommeil.


Mon cœur battait, plus vif que jamais, en sa présence. Je la tenais là, fermement contre moi. Elle était maintenant si précieuse pour moi, j'aurais voulu la garder au creux de mes bras pendant des heures et des heures. Sa simple présence me comblait de bonheur.

Mais étrangement - alors que tout semblait aller pour le mieux - je la sentis s'éloigner de moi, sans que je puisse avoir le moyen de la retenir, comme si elle me filait entre les doigts. J'aurais voulu la rattraper, alors qu'elle semblait me fuir, mais je ne pouvais pas bouger, je ne comprenais pas pourquoi.

Je criais, je pleurais, je disais son prénom, mais ma voix semblait si faible...

- Marie !!! ais-je soudain crié comme un fou, avant de me rendre compte que je rêvais.

Je clignais des yeux plusieurs fois, regardant autour de moi, un peu perdu. Je n'arrivais pas à me faire à l'idée que j'étais dans un hôpital. Je détestais tellement ce lieu. Si seulement je pouvais partir en courant d'ici... Mais, je ne sais pas où j'irais et de toute façon je n'en étais pas capable.

Quel dur retour à la réalité ! Marie... Je rêvais d'elle. Elle me manquait. Mais d'ailleurs, où était-elle ? Pourquoi n'était-elle pas avec moi ? Pourquoi n'y avait-il personne ? Pourquoi étais-je tout seul ici...?

Je me sentais terriblement seul, vidé de toute forces, et l'ennui commençait à prendre place. J'aurais apprécié avoir un peu de compagnie, ne serait-ce que pour quelques minutes.

Dehors le ciel était noir, on était donc en pleine nuit ? J'avais du dormir longtemps. J'avais perdu toute notion de temps, jour ou nuit ça revenait au même. Et je n'avais pas envie de dormir.

Pourquoi je n'arrivais pas à me souvenir ? Je ne savais pas comment j'avais pu atterrir ici. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais RIEN. Ne pas savoir me rendais complètement dingue ! Je me posais tant de questions, et aucune réponse. Je créais tant d'hypothèses, j'imaginais n'importe quoi. Je finissais par ne plus savoir quoi penser... J'avais peur. Et s'il était arrivé quelque chose grave ?


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⏰ Dernière mise à jour : Jul 01, 2016 ⏰

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