-1-

146 23 12
                                    

J'ouvris les yeux d'un coup, comme si je sortais soudain d'un cauchemar. J'eu besoin de prendre une grande inspiration, comme si j'avais oublié de respirer pendant quelques instants. Mon cœur s'est emballé et une machine s'est mise à sonner. Qu'est-ce que c'était que ça ? J'ai regardé autour de moi, ne comprenant pas tout de suite où je me trouvais. J'étais dans un lit médicalisé, des draps blancs. Il y avait une sorte de table de nuit avec un téléphone posé dessus, des machines étranges à mes côtés. Une pour surveiller mon rythme cardiaque, une pour me permettre de respirer, et le reste m'était inconnu. J'étais branché de partout ! C'était hallucinant. Tout cela servait vraiment à quelque chose ?

Ce n'était sûrement pas une bonne idée, mais sur le coup je n'ai pas réfléchi. J'ai tiré sur tous les fils qui étaient reliés, d'une façon ou d'une autre, à mon corps. Avec tout cet attirail j'avais l'impression d'être attaché, ligoté, fait prisonnier dans un monde étrange.

Une fois libéré, je me suis assis convenablement et à mon aise sur le lit en regardant maintenant plus en détails les lieux. Déjà commençons par le lit, un lit médicalisé, doté d'une télécommande avec plusieurs boutons, dont une « sonnette » pour appeler sans doute une infirmière. Je m'en occuperai plus tard. Pour l'instant il me fallait me remettre les idées en place et comprendre ce que je faisais ici.

La pièce était de taille normale, les murs blanc cassé, une table de nuit dans un coin, une sorte de placard et des machines, ça m'avait tout l'air d'être une chambre... d'hôpital. Hôpital ? Mais qu'est-ce que je faisais là ? Qu'était-il arrivé ? Que m'était-il arrivé à moi ?

Soudain pris de panique j'ai voulu sortir, me diriger vers la porte, enfin faire quelque chose et au lieu de ça... je me suis écrasé contre le sol dur et froid. Ce n'était pas un atterrissage en douceur. Je me suis littéralement retrouvé face contre terre, et mon nez venait d'en prendre un sacré coup. C'était ce qui s'appelait embrasser le sol, mais ça n'avait rien d'agréable. Je me suis redressé comme j'ai pu en gémissant. La prochaine fois je m'assurerais que mes jambes soient encore capables de me porter. Que ce réveille était compliqué... C'était bien tout mon corps entier qui s'était endormi. J'avais l'impression d'être un vieillard, j'avais mal partout à chacun de mes mouvements.

Bon, il serait temps que je me lève, parce qu'avec leur sorte de chemisette à demi ouverte, j'avais le cul contre le sol, mais vraiment contre le sol, qui plus est gelé. En même temps le carrelage ce n'est pas réputé pour être chaud. D'ailleurs mon membre entre mes jambes était tout à fait d'accord avec moi, il se faisait tout petit. Bon, assez plaisanté, ce n'était pas la chose qui me préoccupait le plus à cet instant. Encore heureux !

J'ai donc tenté de me relever, de me mettre debout sur mes deux jambes - enfin sur quoi d'autre je pourrais me mettre debout de toute manière ? - mais je n'avais plus aucune force. Et merde ! Le moindre petit effort semblait surhumain, même pour bouger mon petit doigt. Dans un dernier espoir je me suis appuyé de toutes mes forces sur le lit pour au moins arriver à m'asseoir dessus - logique -mais en vain.

C'est alors que la seule et unique porte s'est ouverte, sur une charmante jeune femme à la peau mate. Ce n'était pas mon genre de femme, mais elle n'était pas moche non plus. Par contre - et ce je n'ai pas compris pourquoi - en me voyant elle s'est mis à crier comme une dingue, complètement affolée. Euh... c'est bon, si elle me trouve moche elle peut le garder pour elle ! D'ailleurs je me demande bien quelle tête je peux avoir. Il me semblait avoir maigri, non ? Déjà qu'à l'origine je n'étais pas bien gros, maquait plus que j'ai allure d'un squelette. Enfin, pour Halloween c'est pratique !

Mais revenons à cette jeune femme, qui était en fait une infirmière. Ah oui, sinon que ferait-elle là ? Je me demande si je n'avais pas appuyé sur cette fichue télécommande en essayant de me mettre debout. Et ça expliquerait pourquoi elle venait de débarquer, mais pas pourquoi elle criait.

Mais avant que je n'en sache plus, elle est partie en courant. Mais elle aurait pu m'aider à m'asseoir ! Mes fesses commençaient à être gelées, surtout que je devais pas peser bien lourd à en juger le peu de gras que j'avais sur le corps, elle n'aurait pas eu trop de mal à me soulever.

Mais quelques minutes plus tard l'infirmière est revenue avec ce qui semblait être un médecin. Lui par contre semblait vieux et un peu dodu. Enfin surtout par rapport à moi, rien qu'à voir la taille de ses poignets. Ses os ne devaient pas être petits, en ai-je conclus.

- Bonjour monsieur Benson, je suis le Docteur Cain.

- Bonjour Docteur, ai-je soupiré en un murmure presque inaudible si on y prêtait pas attention. J'étais... enchanté, c'était le mot ! J'adressais un petit hochement de tête à la jeune femme qui l'assistait, elle me rendit un faible sourire. Étrangement plus sympathique que tout à l'heure...

Après m'avoir observé deux minutes - au moins - comme si je venais de Mars, ils m'ont enfin relevé, enfin ! C'était quand même plus confortable un matelas. Sauf que maintenant j'avais l'impression d'avoir le cul plat. Ce ne serait pas très esthétique...

Ensuite, comme tout médecin l'aurait fait, le Docteur Cain, m'a examiné rapidement. Il ne dit rien. Eh oui, je semblais aller bien. Mais ça ne l'a pas empêché de me dire qu'il voulait me garder en observation un ou deux jours de plus. Je revenais d'entre les morts ou quoi ? J'allais bien, qu'on me rende ma liberté, merde !

- Vous pouvez parler, sans aucune difficulté ? me demanda-t-il ensuite. Ce fut sa première question. Oh, pertinente !

- Je ne suis pas devenu sourd-muet non plus ! lui ai-je répondu abruptement, comme si on venait de me pincer. Je n'aimais pas les hôpitaux, à croire qu'on était tous malades. Je n'aimais pas les médecins, qui nous regardent tous de haut comme s'ils savaient tout, alors que... ils n'en savent pas forcément plus qu'un éboueur. Je n'aimais pas qu'on me regarde comme une bête de foire, je ne suis pas fou ! Non mais vraiment, ça m'exaspérait.

- Vous vous sentez bien ? continua-t-il donc avec son questionnaire inutile. Si j'allais mal je lui aurais dit y a belle lurette ! Ah tiens, pour lui prouver que je sais parler !

- Je vais très bien. Je suis juste un peu rouillé, si vous voyez ce que je veux dire... dis-je tout naturellement en m'étirant un peu. Et oui je parle, étonnant n'est-ce pas ?

- Bien. Nous devrons vous faire passer une série de tests, d'examens dans la journée, pour vérifier que tout va bien, annonça le Docteur Cain. Oh, génial... Je sens que ça va être joyeux encore tout ça... Une série d'examens ? Comme si j'allais mal.

Mais maintenant que j'y pense... Pourquoi étais-je ici ?

- Vous pouvez me dire ce qui s'est passé exactement pour que je me retrouve ici ?

Il serait peut-être important que le patient soit un minimum au courant, non ? Ce que je n'aime pas avec les médecins c'est que parfois ils atténuent la vérité au lieu de nous dire clairement ce qu'on a. À croire qu'ils ne savent pas eux-mêmes.

Le médecin et l'infirmière se lancèrent un regard. Quoi ? Ils hésitaient à me mettre au courant ? C'était si grave que ça ? Je dois l'avouer, à cet instant j'avais un peu peur. Pourtant il serait judicieux que je sache, il me semble.

- Eh bien... j'allais y venir justement... commença le Docteur Cain sans terminer. J'haussais les sourcils, ne comprenant pas pourquoi il semblait hésiter. J'étais prêt à tout entendre.



Souviens-toi de moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant