Elle respirait profondément, fortement, intensément. Elle avait fini par s'asseoir sur un banc quelque part, l'endroit lui était inconnu, mais peu importait. Plus rien n'avait d'importance. Ce n'était pas l'une de ses principales occupations de toute façon. Elle ne pensait pas, elle ne pensait à rien. Elle fixait simplement le sol boueux sous ses pieds, ses chaussures déjà trempées.
Mais ce que Vanessa avait annoncé plusieurs minutes avant se mit à refaire surface dans l'esprit de Marie, alors qu'elle aurait préféré ne plus y repenser. Cette chose horrible qui tournait dans sa tête. Cette chose dont seule Vanessa pouvait en prendre la décision. Mais ils ne pouvaient pas tout arrêter maintenant ? Elle ne voulait pas le laisser partir. Elle restait persuadée que ce ne pouvait se terminer ainsi, ce n'était pas juste ! Mais qu'est-ce qui était juste de nos jours ? Plus rien ne l'était.
Nous étions lundi. Un lundi comme les autres, pour la plupart des gens de ce monde. Chacun reprenait cette semaine de façon habituelle. Allant travailler, allant s'instruire, allant déjeuner, allant se promener, allant faire du sport, ou n'allant rien faire, tout les gens reprenait le cours de leur vie. Elle regardait encore les rares personnes, les quelques voitures, passer devant-elle, l'ignorant complètement. Ils continuaient juste de vivre, jour après jour... Mais pour elle, c'était différent, il y avait déjà longtemps que tout avait changé, chaque jour était désormais une nouvelle épreuve à traverser, un nouvel obstacle encore plus haut à surmonter. C'était chaque fois un peu plus dur de supporter le fait que les choses soient ainsi, ne pouvant rien faire, rien changer. Le temps s'était arrêté d'une certaine façon. Et il lui était impossible de reprendre le cours initial de sa vie.
Mais ce lundi-là - alors qu'elle était sortie de cette affreuse chambre où il se trouvait, branché de partout - elle était tombée de fatigue, écrasée par le poids de tout les derniers événements, son corps l'avait lâché alors qu'elle tentait de se relever, dans un dernier souffle.
Elle avait simplement ressenti le besoin de prendre l'air, elle se sentais étouffer à force de rester ici. Chaque jour se ressemblait, elle restait là, attendait. Parfois quelques visites, à peine un mot échangé, et son corps toujours inerte dans ce lit.
Elle glissa sous une pluie battante, frigorifiée, à en attraper la crève, et se cogna violemment la tête sur le bord du banc où elle se trouvait assise quelques secondes plus tôt. Bien que ce soit bête de perdre connaissance de cette façon si stupide, elle ne se fit pas réellement mal. Simplement, un hématome allait certainement se former. Ce qui était bien plus grave c'était au moment de son réveil, où encore un fois les événements allaient prendre une drôle de tournure.
Si elle avait su que ce jour-là quelque chose d'autre allait arriver... Si elle avait su que l'inimaginable allait se produire, après tant de jours d'espérance, alors qu'ils avaient tous baissé les bras. Peut-être n'aurait-elle pas dû quitter cette chambre si précipitamment ? Mais c'était déjà trop tard. Elle était maintenant là, dans ce parc, allongée par terre, l'eau ruisselant sur son corps, inconsciente.
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Souviens-toi de moi
RomansaAllongée dans une pièce aux murs blancs, s'éveillant lentement, au son des bips-bips incessants provenant de drôles de machines, et dans l'air une odeur de javel qui prend la tête et donne mal au cœur... Tout indique qu'elle se trouve dans un hôpita...