Chapitre 2

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Les vagues se fendaient sur la proue du bateau dans un discret clapotis. Une silhouette se découpait à l'avant, sur le pont supérieur, entourée d'un voile qui se soulevait doucement. Klara était accoudée au bastingage, le regard rivé dans le lointain. Voilà quelques jours, l'embarcation avait quitté le port, le royaume d'Émir était maintenant loin derrière elle. L'empire du Mabritan approchait, demain, ils accosteraient. L'anxiété que lui inspirait cette visite était insoutenable. Elle regarda le ciel dont chaque étoiles se reflétaient sur la surface lisse de la mer que seules les vaguelettes naissantes a la base de la proue venaient troubler. Elle admira ce miroir infini dans lequel elle aurait voulu se fondre. Une fine brise s'engouffra dans son voile, l'arrachant à ses rêveries. Elle frissonna, et, à contre cœur, rejoignit ses appartements.

Le lendemain, l'arrivée du bateau royal dans le port de la capitale ne passa pas inaperçue. Klara descendit par le pont d'embarquement, la tête haute, majestueuse dans sa robe blanche, elle était suivit d'une jeune femme blonde de petite taille. Les étoiles commençaient tout juste à apparaître dans le ciel rougeoyant. Un carrosse vert et or conduit par un cocher au costume assortit l'attendait.

-Votre Majesté, salua t-il en lui ouvrant la porte.

Elle répondit à son salut en inclinant légèrement la tête et releva sa robe pour monter dans le carrosse.

Le cocher fouetta les chevaux et le carrosse s'ébranla. Seules, Klara rabattit son voile sur ses épaules et mis son épaisse natte brune sur le côté tandis que la fille blonde tirait les rideaux de velours. La jeune reine leva une main et fit apparaître une boule de lumière écarlate qu'elle contempla longuement. Soudain, celle-ci se mit à grésiller et en un éclair, elle s'échappa par la fenêtre du carrosse en consumant les rideaux vert. Klara éteignit vite sa magie et son amie arracha le rideau en feu avant de le jeter par la fenêtre. Elle soupira. Ça avait recommencé. Elle jeta un regard plein d'espoir à la bague en or décorée d'un rubis éclatant à son doigt. La fille blonde la regardait, inquiète.

Perdue dans ses pensées, elle ne se rendit compte qu'elle était arrivée que quand la porte s'ouvrit et qu'une voix sèche lui annonça:

-Votre Altesse, vous êtes arrivée.

Klara leva les yeux vers une jeune femme au visage pâle encadré par de court cheveux châtain. La jeune fille repris de sa voix glaciale.

-Je suis Enola San Rial, nièce de l'Empereur, déclara t-elle en s'inclinant. Soyez la bienvenue au palais impérial de Mabria, si vous voulez bien me suivre...

Elle tourna les talons et s'éloigna d'un pas sec sans se soucier si la reine la suivait. Klara regarda le cocher qui tenait toujours la porte et qui fixait les rideaux brûlés avec des yeux ronds. Elle s'excusa platement et se hâta de rejoindre la princesse. Quand elle l'eut rejoint, la jeune reine se perdit dans la contemplation du palais. Cette architecture ne ressemblait en rien à celle de son palais à Ménizya, ici les courbes et les arches harmonieuse de son château étaient remplacées par des pics et des creux. Un bruissement près de son oreille la fit sursauter. Une fine silhouette passa à coté d'Enola lui toucha le bras d'un geste emplis de gentillesse et disparue derrière un des piliers qui soutenaient l'arche sous laquelle elles étaient en train de passer. Klara crue qu'elle avait rêvée cette apparition trop brève pour qu'elle puisse distinguer un signe particulier, mis à part...cette étrange chevelure châtain parsemée de mèches dorées.

L'Empereur la reçut à la hâte, l'heure tardive les empêchant d'aborder maintenant leurs affaires. Il ordonna à un valet de conduire la reine à ses appartements et disparut en grommelant sans même saluer son invitée. Le valet habillé d'un costume vert aux boutons d'or conduisit la reine, ses deux gardes et la fille blonde dans un long couloir sombre, mais malgré la fatigue, Klara ne cessait de penser à «l'apparition» trop furtive dont elle avait été témoin. Elle revoyait les éclats dorées disparaître derrière ce pilier. La main se déposant avec grâce sur le bras d'Enola. Ces images tournaient dans son esprit encore et encore. Elle traversa un corridor dont les mur étaient tapissés de tableau aux peintures sombres. Klara commençait à luter pour garder les paupières ouvertes quand le valet s'arrêta devant une porte en bois finement sculptée. Les gardes s'y postèrent et Klara entra après avoir remercier le valet. A peine les draps fins furent relevés sur elle que le sommeil la rattrapa et elle sombra.



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