4 - Ensoleillée.

1.4K 117 24
                                    


J'étais aux côtés du vicomte et je ne savais que dire. J'étais de plus en plus à l'aise à ses côtés et pourtant parfois je me sentais gênée. J'avais peur de me ridiculiser en disant n'importe quoi, en étant trop naïve, trop ennuyante. A côté de lui je n'étais qu'une enfant, et c'était un homme changeant alors j'avais peur qu'il se lasse de moi.

Il m'invita à danser et je n'eus aucune hésitation cette fois-ci avant d'accepter. Les regards se tournèrent rapidement vers nous mais il ne fit rien de déplacer, contrairement à notre première danse.

Lorsque nous eûmes fini, la reine vint nous applaudir. On la voyait rarement aux appartements de son mari, ou alors elle était dans un coin relativement effacée. La Montespan était à ses côtés en tant que dame d'honneur, elle était l'une des seules femmes qui supportaient de telles humiliations. Le Roi faisait toujours de ses maîtresses les dames d'honneur de sa femme pour qu'ils puissent voyager ensemble sans « éveiller les soupçons ». Comme si la Cour était si crédule...

- Jeunes gens, vous faites rayonnez la Cour. J'ai à vous parler mademoiselle de Bonacieux.

- Bien sûr Majesté.

Le vicomte s'éloigna en une humble révérence tandis que je suivais la Reine la tête baissée. On l'aida à s'asseoir sur un trône et elle me fit signe de venir à ses côtés. Je m'agenouillais devant elle et elle rit me faisant signe de me relever.

- Voyons mon enfant, ne craignez rien. Je tenais à vous présenter un jeune ami de la Couronne. Le comte Galéas des Réaux est un des meilleurs danseurs de la Cour.

Un jeune homme se dirigea vers nous et s'inclina devant moi. Je lui tendis ma main et il la baisa du bout des lèvres. Je l'avais déjà aperçu en compagnie du duc du Maine, et je m'étais demandé ce que deux hommes si différents pouvaient faire ensemble. En effet le comte paraissait plus calme, généreux et gentil que son ami. Il était brun avec de grands yeux bleus expressifs. Je l'avais vu nombre de fois danser avec des demoiselles de la Reine ou des filles du Roi.

J'acceptais la danse qu'il me proposait. Si je comprenais bien, la Reine nous avait présentés pour son plaisir personnel.

- Comment se fait-il que nous n'ayons pas été présentés plus tôt mademoiselle ?

- Et bien nous n'avons pas les mêmes amis je le crains...

- Plus maintenant, le duc semble vous avoir pris d'affection.

- On dit que la faveur du duc n'est qu'éphémère...

Son sourire s'agrandit. Il était lui aussi bel homme, maniéré et agréable. Je ne savais comment réagir face à lui puisque j'ignorais s'il avait demandé à la Reine d'organiser notre rencontre ou s'il en était victime tout comme moi.

- Vous dansez magnifiquement bien, la Reine avait raison.

- J'ai le meilleur cavalier souhaitable.

- Vous me flattez mademoiselle.

La danse se termina sur un éclat de rire partagé. Il effectua une révérence et me proposa son bras pour me raccompagner auprès de la Reine. Elle déclara que nous formions un couple adorable et je ne pus m'empêcher de rougir. Qu'insinuait-elle ? Essayait-elle de me faire épouser cet homme ?

Nous prîmes congé après qu'elle m'ait invitée à prendre le thé le lendemain après-midi. Le duc du Maine nous arrêta, accompagné d'un autre homme, alors que le comte me reconduisait auprès d'Isabelle et Elizabeth.

Constance...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant