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- J'ai dit à mon père que je vous emmenais à l'orangerie.
- Et en réalité où m'emmenez vous?
- Dans les recoins les plus sombres du château du Roi soleil.

Il ouvrit une porte camouflée dans le mur à l'aide d'une clé. Cette porte donnait sur un escalier qui descendait qu'il emprunta me faisant signe de le suivre.
On arriva ensuite à une seconde porte qu'il ouvrit avec le même trousseau que la première et derrière laquelle se trouvait deux gardes qui discutaient.

- Monsieur.
- Nous venons voir le prisonnier.
- Monsieur, peut être que madame ne devrait pas voir le prisonnier dans cet état.
- Ouvrez nous., ordonna-t-il tout de même.

J'appréhendais beaucoup me demandant ce qu'ils avaient fait à Harry. Maintenant que je savais qu'il était le demi - frère d'Aleister cela changeait tout, j'étais doublement liée à lui.

Il écarquilla les yeux quand il me vit. Il était presque nu, son corps était entaillé et il avait tellement de blessures au visage que je peinais à le reconnaître.
Je me précipitais vers lui et pris son visage entre mes mains.

- Tu es là Constance...
- Je suis là.
- Ce sera la dernière fois...
- Pourquoi tu ne m'as pas tout dit?
- Aleister m'avait tellement parlé de toi par lettre... j'étais un batard mais il avait toujours été le plus agréable avec moi. Il t'avait tellement magnifié, avec sa façon si particulière d'écrire que j'ai à tout prix voulu te connaître. Tu m'as recueilli sans jamais rien me demander, tu étais exactement comme il te décrivait.
Je t'adore.
- Harry...
- Ce n'est pas grave. Je sais que ton coeur est encore à lui.
- Est ce que je peux faire quelque chose?
- Je préférerais que tu t'en ailles, je ne veux pas que tu me voies plus longtemps dans cet état.

J'hésitais en le regardant. Ce serait peut être la dernière fois que je le verrais, lui un des derniers parents d'Aleister.
J'embrassais légèrement son front et m'éloignais de lui.

- Bien. Au revoir Harry...

Je suis sorti rapidement de la pièce et j'ai soulevé mes jupons dans les escaliers. Je suis sorti et ai inspiré un bon coup.

- Vous allez bien?

Et j'ai éclaté en sanglot. Le duc m'a prise par la taille et m'a traîné jusqu'à ses appartements où il m'a proposé un mouchoir et un chocolat chaud.

- Qu'y a-t-il?
- Rien. Juste que je me sens seule. Harry m'a évitée de tomber dans cette solitude durant mon deuil mais maintenant...
- Maintenant je suis là pour vous, votre frère, vos amis, mon père même si vous le souhaitez. Tous les hommes de cette cour n'attendent qu'un claquement de doigt de votre part.
- Je n'ai pas besoin d'un amant en ce moment mais d'un ami... Aleister et Harry savaient être les deux.

Il m'aida à essuyer mes larmes et me baisa la main.

- Je serais toujours votre ami à la Cour.
- Merci pour ce que vous avez fait.
- J'ai assisté à une scène des plus touchantes. Vous et cet anglais au bord des larmes. Il n'était pas digne de vous. Vous êtes trop précieuses pour tous les hommes.
- C'est ce qu'Aleister aimait me dire.
- Nous ne nous sommes jamais appréciés.
- Pourquoi donc?
- Des querelles de garçonnets. Vous devriez aller voir votre frère.
- Où sont ses nouveaux appartements?
- Je crois que la plupart du temps il loge chez mon oncle. Nous n'avons qu'à leur rendre une petite visite.
- Je dois passer chez moi me repoudrer.
- Une vraie courtisane.

Il m'a donc accompagnée chez moi pour que je me repoudre, mes larmes ayant laissé des traces sur mon visage.
Comme par hasard au moment où nous sortions, les appartements se terminaient donc les couloirs étaient pleins. On allait jaser demain quand la rumeur courrait que le duc est sorti de chez moi.

Il m'a conduit aux appartements de Monsieur et a toqué à la porte. L'oncle du duc ressemblait au roi mais en plus jeune et plus petit.
Il a sourit à son neveu et a froncé les sourcils en me voyant puis nous a fait entrer.

- Ce n'est donc pas une rumeur, vous êtes bien de retour parmi nous. Les femmes vont s'en mordre les doigts. J'imagine que vous venez voir votre frère.
- Oui.

Il chuchota à l'oreille d'un blond qui revint quelques minutes plus tard accompagné de mon frère en tenue de mousquetaire. Il était fier, droit et encore plus beau que la dernière fois que je l'avais vu. Il m'a prit dans ses bras en riant.

- Tu m'as manqué Adam.
- Toi aussi ma belle. Tu as maigri d'ailleurs, j'espère que tu ne t'es pas laissée mourir.
- Mais non c'est toi qui a pris de la carrure avec tes entraînements et tout le reste.
- C'est triste que les seules fois où tu viennes voir ton oncle Louis ce soit pour faire plaisir à une femme., ajouta Monsieur en souriant.
- Il y a quelque chose entre vous deux?, a tout de suite demandé Adam.
- Il m'a juste aidé. Je ne savais pas où se trouvaient tes appartements. Je suis tellement désolée d'avoir raté ton mariage.
- Ce n'est rien tu étais en deuil. Le roi aussi faisait le deuil de ta présence., fit mon frère rassuré.
- Il faisait plutôt celui de la Fontanges., dis-je.
- Je connais mon frère, Angélique n'était qu'une petite aventure pour lui.
- Tu compte rester à la Cour?, demanda Adam curieux.
- Je suis venue parce qu'on m'a dit que le roi avait une mission pour moi mais je crois que je vais rester un peu.

Nous avons discuté quelques temps puis le duc m'a ramené à mes appartements.
Le lendemain c'est Bontemps qui m'a réveillé.

- Que faites - vous ici?
- Le Roi désire vous parler.
- Si tôt?
- Oui.
- Dois - je m'habiller?
- Mettez une cape.

J'ai obéi et nous sommes sortis de mes appartements. Il n'y avait personne dans les couloirs à part quelques servants qui nettoyaient le sol.
Nous sommes arrivés chez le Roi et il nous a laissé seul.

- Que puis-je pour vous Majesté?
- J'aimerais savoir s'il s'est passé quelque chose entre vous et mon fils.
- Le duc? Pourquoi cette question?
- Répondez d'abord.
- Cela ne vous regarde pas je vous l'ai déjà dit. Vous ne pouvez me réveiller si tôt sous prétexte de vos humeurs!
- Si je le peux. La preuve.

Je voulus ouvrir la porte mais il m'attrapa le poignet. Il emprisonna mon deuxième dans la même main et les garda dans mon dos.

- Je peux faire tout ce que je souhaite, je suis votre roi. Vous semblez l'oublier parfois. Alors je vous le redemande, y a-t-il eu quelque chose entre vous et mon fils?!
- Non. Maintenant lâchez moi.
- J'aime bien cette position.

Il dénoua ma cape d'une main et elle tomba au sol.

Constance...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant