La Moisson

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Aujourd'hui, c'est la Moisson. C'est là que l'histoire se fera, c'est ici qu'on moissonne les tributs pour les Hunger Games, sur la place de l'hôtel de justice, où chaque habitant du Deux doit se rendre impérativement pour y assister. Ce matin, je me lève d'humeur festive et je préfère me préparer aussi bien psychologiquement que physiquement pour MA Moisson de tout à l'heure car c'est mon heure de gloire. Je me rends à la Caserne à pied pour m'entraîner tandis que le reste du pays somnole dans leurs beaux draps blancs. Je franchis le seuil de la Caserne avant de me rendre dans la salle de combat, prêt à défigurer quelques mannequins toute la matinée. Je monte les escaliers deux en deux, j'imite quelques coups de poings dans l'air et je serre le manche de la porte pour l'ouvrir en vitesse. Et c'est là que je la vois, toute souriante avec ses couteaux à la main : Clove. C'est ma camarade de la Caserne que je considère comme ma petite sœur. Elle est arrogante, puissante et relativement cruelle tout comme moi et j'adore ça. Malgré son poids léger et sa petite taille, elle est particulièrement redoutée à cause de sa carrure généreuse en muscle et sa rapidité. Mais son principal point fort est que c'est une excellente lanceuse de couteau et qu'elle a la réputation de ne jamais raté sa cible. Je l'admire alors en souriant, ses cheveux bruns foncés formés dans une longue queue de cheval qui forme une tresse, et en regardant ses yeux sombres qui pourraient tuer en un seul clin d'œil.

- Et bien... Tu en as mis du temps pour venir ! me lança Clove.

- Tu m'attendais ? m'exclamais-je d'un ton sarcastique.

- Oui, idiot ! Je savais que tu ne pouvais pas résister à cette envie de venir ici pour la dernière fois avant la Moisson, me dit-elle en plissant ses yeux dont je n'arrive même pas à distinguer la couleur.

Sans même répondre, je me dirige vers l'armement en retirant une épée du socle, la faisant tournoyer entre mes mains. Clove s'entraîne alors à lancer ses couteaux dans les cibles tandis que j'enfonçais mon épée dans le corps de chaque mannequin. Sans nous adresser un mot, étant concentré dans nos travaux respectifs, on passe une bonne heure à trancher, détruire, massacrer les poupées de pailles avec nos lames. Il est près de 11 heures quand Clove me crie :

- Cato ! Je crois bien qu'il est bientôt l'heure de la Moisson. Allons y jeter un coup d'oeil, je ne veux pas rater ton heure !

- Tu ne vas pas être déçue, clou de girofle, ricanais-je.

Elle me donna alors une tape dans l'épaule puis nous décidons de sortir de la Caserne pour rejoindre l'hôtel de justice qui se trouve à quelques pâtés de maison d'ici. En chemin, je profite de mes derniers instants avec ma petite sœur de cœur. 

- Alors, Clove ? Tu comptes pas te porter volontaire cette année ? lui dis-je tout en marchant.

- Non, pas cette fois. J'ai encore quelques années devant moi pour m'entraîner davantage, me répondit-elle en rangeant ses couteaux sous sa veste. Après tout, je n'ai que 15 ans, mon pote.

- J'espère juste qu'un idiot ne va pas se porter volontaire à ma place car je le réduis en bouillie ! PERSONNE n'a intérêt à gâcher mon moment ! hurlais-je.

En voyant l'hôtel de justice, on décide de se faire un câlin avec Clove avant de nous séparer, étant séparé par sexe à notre arrivée.

- Et bien, ma petite clou de girofle, je te dit à plus tard ! La prochaine fois que tu me verras, tu pourras sans doute me toucher ma couronne, déclarais-je avec un petit sourire au coin.

- C'est ce qu'on va voir, oui ! 

On se mêle alors à la foule avant de rejoindre nos rangs respectifs. Lors de la Moisson, les enfants de 12 à 18 ans sont regroupés par âge dans un secteur défini de la place, du plus vieux jusqu'au plus jeune. La grande place est bondée, vaste et pleine à craquer entre les enfants, les adultes, les proches et les journalistes aux quatre coins, je me dis mentalement que ce moment va être rediffusé à travers tous les districts. Ce jour est enfin arrivé ! Je vais participer aux Hunger Games et je vais les remporter, c'est sûr d'avance. Je me retrouve au milieu, parmi ceux de 16 ans, et j'écoute l'horloge sonné l'heure du départ. Devant moi se trouve le maire Cobbage ainsi qu'une étrange femme aux couleurs extravagantes et provocantes qui ne peut être qu'Adelia Simone, l'hôtesse du district Deux depuis plusieurs années. Pendant que le maire raconte l'histoire de Panem comme chaque année, je me remémore mon discours et mon allure lorsque j'annoncerais mon volontariat. Ma famille ne devrait pas être triste puisqu'ils m'ont préparés à ça depuis près de 10 ans et chaque parent rêve que son enfant revienne victorieux et que sa mort ne peut être qu'un sacrifice pour son district. Je reviens à mes esprits lorsqu'Adelia toussote dans son micro pour réclamer le silence. Nous avons tous les yeux rivés sur sa perruque verte et ses escarpins en forme de crocodile. 

- Quel drôle de tenue.., je me disais-je mentalement.

- Joyeux Hunger Games ! Et puisse le sort vous être favorable !

Cette phrase typique du Capitole doit s'adresser aux autres tributs car Cato Hadley arrive. 

- Je suis si joyeuse d'être ici, dans le district Deux, pour annoncer la fille et le garçon qui feront la gloire et la richesse de leurs familles ! poursuivis Adelia. Comme convenu, la galanterie est au rendez-vous ! Les dames d'abord !

Elle se dirige d'un pas nonchalant vers une boule transparente contenant les noms des filles du district. J'échappe un petit rire lorsqu'elle manque se tomber de l'estrade en se rendant vers la boule. Finalement, elle tire un papier blanc au hasard de la boite puis se rend à nouveau derrière le pupitre pour déplier et lire le petit mot.

- Clove Kentwell !

Non, non, non... et non ! C'est impossible ! Pas Clove ! De tous les noms, il a fallu que ça tombe sur elle. Son petit corps musclé se rend alors jusqu'à l'estrade puis se positionne à côté d'Adelia, un sourire moqueur au coin. L'hôtesse du Capitole se rend ensuite jusqu'à la seconde boite des hommes pour y refaire le même rituel. Elle déplie le papier avant de prononcer le nom d'un garçon insignifiant ; il n'a même pas le temps d'avaler sa salive que mon rire retentit dans toute la place. C'est MON moment !

- Je me porte volontaire comme tribut ! hurlais-je à plein poumon.

Je marche ensuite jusqu'à l'estrade, ma voix étant virile et je suis sûr de moi tandis que ma démarche est charmante. Tous les regards sont tournés vers moi et j'entrevois rapidement ma mère versée une petite larme.

- Que c'est adorable ! Viens à côté de moi, jeune homme ! me déclara-t-elle avec son rouge-à-lèvre rose fuchsia.

D'un léger regard, je pose mes yeux sur Clove et je décèle de l'admiration et de la détermination dans ses yeux : elle ne s'attendait pas à ça. On se serre la main en ne se lâchant pas des yeux, mon petit sourire en coin.

C'est arrivée, enfin. Hunger Games ? Me voilà.


Cato : 74ème Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant