Le Roi de Sang sur son cheval
Il faisait très froid cette nuit-là. Enfin, encore plus froid que d'habitude. Et il ne faisait peut-être pas nuit. On perd la notion du temps, seul, dans le noir. Sans lumière.
Observe au loin les ruines en flammes
Dans la pénombre retentissait le bruit régulier des gouttes qui tombent au sol. Ploc. Ploc. Ploc. Mais même ce bruit ne troublait pas le silence des lieux. Comme s'il était maitre ici. Intouchable.
Fierté et joie ont déserté
Seule la respiration du Prisonnier faisait tâche dans ce silence. Le Prisonnier n'a pas de nom. Il a choisi d'abandonner le sien. Le temps écoulé lui est inconnu, mais la solitude, ça, il connait.
Le Prisonnier, après tout, est âgé.
Ploc. Ploc. Ploc.
Le Jeune Juge s'en est allé.
Il est des bruits et des sensations qu'on n'oublie pas. Le bruit de l'eau, le chaud du sang, l'odeur de la Mort, le cliquètement des chaines aux poignets. La couleur du désespoir. Et la noirceur de la haine. Elle-seule maintient en vie, là où l'amour précipite dans la mort. La haine ne connait pas le sacrifice, la pitié ou la joie. Mais le désespoir, le tourment, et la colère sont ses maitres mots. Elle est l'amante du Prisonnier, là où la solitude est sa confidente. Son conflit est contre la résignation, qui le tourmente.
Le Roi de Sang dans la bataille
Le Prisonnier n'a plus de visage depuis longtemps déjà. Les ténèbres l'ont enveloppé et n'ont laissé que l'odeur putride des survivants. Au moins ont elles eu la décence de couvrir les plaies, qui ne cessent de se fermer pour se rouvrir.
La seule touche de chaleur dans cette nuit glaciale était le sang qui ruisselait des mains du Prisonnier.
Profite de la moindre faille
Les ténèbres se regroupèrent et formèrent un amas obscur parmi l'obscurité, et la pièce silencieuse sembla frissonner. Le Prisonnier bougea, faisant cliqueter ses chaines.
-La Mort ? chuchota-t-il.
-Je ne pense pas, se répondit-il, la voix déformée.
Tout être abandonné à lui-même devient fou. Et le Prisonnier n'échappe pas à cette loi. Il n'est pas humain, mais il a été vivant. Et il aimait ça.
Mais la Folie est affamée
Le soupir du Prisonnier fut empreint d'une grande déception.
- Aucun intérêt dans ce cas, se souffla-t-il.
L'amas de ténèbres se mouvait. Il se dirigeait vers le Prisonnier.
"As-tu des regrets ...? chuchota l'obscurité. As-tu des remords ? "
Le Prisonnier sourit dans son carcan de souffrances.
-Je ne sais pas. Je ne sais plus. Quelle importance.
L'obscurité se déplaça tendrement autour du Prisonnier, l'enlaçant dans sa démence.
-Penses-tu à tes frères parfois ? Penses-tu les aimer ?
Le Prisonnier ne rit jamais. Mais la Folie, elle, le peut.
-Si je les aime ? Je ne saurais les aimer. Je ne peux que haïr.
L'obscurité remua.
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Le Chant du Corbeau - 3
FantasyJe suis né un jour de tempête où la terre était battue par d'immenses vagues et par un vent destructeur. Contrairement à ma fratrie, je ne suis pas né lorsque les êtres vivants ont commencés à acquérir une âme, non. Je suis né dès que la vie est app...