Alexander sortait du pub bruyant quand l'averse lui tomba dessus. Exaspéré, il poussa un long soupir, suivit d'un léger hoquet. Il se gratta le cuir chevelu – jamais il n'aurait dû boire autant. Bon, dans un sens, il n'était pas comme ses deux amis qui traînaient toujours là-bas, avec au-moins deux choppes de bière les attendant sur le comptoir.
-Quelle bande d'ivrognes. , grinça-t-il entre ses dents.
Il ne savait pas pourquoi il était d'une humeur massacrante. Peut-être parce que Samuel l'avait traîné de force hors de chez lui pour aller picoler un coup. Allez, viens ça va être sympa ! Tu parles. Alexander, lui, tout ce qu'il avait fait pendant cette soirée c'était descendre les bouteilles de cinquante centilitres qu'apportait continuellement la jolie serveuse que Rob' n'arrêtait pas de reluquer. Bon, il avait aussi regardé Sam se battre contre un gros type avec une barbe mal rasée. C'était certainement le seul truc qui l'avait divertit.
Maintenant il était trempé, et il regrettait de ne pas avoir emmené de parapluie avec lui. Il aurait voulu être déjà chez lui, au chaud dans le fouillis de son petit appartement, enroulé dans une couette à lire le journal –qu'il n'avait toujours pas ouvert, d'avant-hier.
Les mains enfoncées dans les poches de son pantalon, la tête rentrée le plus possible dans les épaules à la manière d'une tortue, il marchait du plus vite qu'il pouvait. Les gouttes d'eau l'aveuglaient, et il était obligé de plisser les yeux pour voir où il allait. C'est de cette manière qu'il faillit renverser une poubelle puante et remplie à ras bords.
Pestant une fois de plus contre le temps exécrable, il se remit en route. Mais bien vite, il abandonna et décida d'attendre, à l'abri d'un petit toit s'avançant sur la rue, que la pluie cesse. Il s'adossa contre le mur de la petite maison et ferma les yeux, se laissant peu à peu bercer par le fracas de la pluie contre les tuiles.
Après quelques minutes, l'averse s'était largement arrêtée. De minuscules gouttelettes tombaient tout de même encore, lorsqu'Alexander entreprit une nouvelle fois de rentrer chez lui.
Il prit la première rue à droite, et continua tout droit. Son logement n'était qu'à quelques rues à présent.
Une ombre, surgie de nulle part, traversa rapidement l'allée pavée. Elle disparut dans un bruit, déchirant le silence paisible de la ville, de caisses métalliques se renversant au sol au travers desquelles la silhouette s'était faufilée. Alexander sursauta imperceptiblement. Non loin, un feulement se fit alors entendre. Soulagé de savoir qu'il s'agissait uniquement d'un chat, il continua, plus pressé que jamais.
Alexander regardait droit devant lui, concentré sur son objectif. Etrangement, sa rencontre avec ce chat ne l'avait pas du tout rassuré. Il avait même l'impression de se sentir en danger. Occupé qu'il était à angoisser, il ne remarqua pas la cagette de bouteilles de jus de pommes qui se trouvait sur son chemin.
Son pied gauche, chaussé d'une Dr. Martens vieille comme le monde, se prit dedans. Surpris, il essaya de se dégager, mais ne réussit qu'à glisser sur le sol encore mouillé et à s'étaler de tout son long, face contre terre. Gémissant de douleur, il bougea sa tête contre les pavés inégaux, tentant d'apaiser l'éraflure qui lui brûlait la joue. Il avait besoin de se calmer deux minutes avant de tenter de se relever. Il commençait sérieusement à se demander s'il n'avait pas un peu abusé avec l'alcool.
C'est alors qu'il sentit un liquide chaud couler le long de sa joue blessée. Pensant qu'il s'était ouvert plus profondément que ce qu'il ne croyait, il se remit prestement sur pieds. Mais ce qu'il vit le surprit.
Quelque chose se répandait bien le long de la rue, cheminant vers la bouche d'égout la plus proche. Curieux, il plongea sa main dedans... et la retira presque aussitôt, avec une grimace de dégoût. C'était chaud et trop compact pour être de l'eau. La nuit ne lui permettait pas d'identifier l'exacte couleur du fluide, mais lorsqu'il étudia la paume de sa main, qui en était recouverte, il réprima un cri de terreur.
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L'Empailleur d'Enfants
Mystery / Thriller«Ne traîne pas dehors le soir.» «Ne rentre pas trop tard» «Ne reste pas dans les rues désertes» «Ne parle pas aux inconnus» Combien de fois sa mère lui avait répété ces quelques phrases? Comment se douter que toutes ces rumeurs qu'on lui racontait...