*Chapitre 1*

75 8 2
                                        

Nous possédons un grand chalet moderne au bord d'un grand lac à Chamonix. Il appartient à ma famille mais nous le louons à des amis la plupart du temps. Comme si nous n'avions pas déjà assez d'argent... Comme d'habitude, je monte mes affaires par l'ascenseur pour me rendre dans ma chambre au dernier étage. Ma chambre contient une mezzanine et un grand dressing. J'y laisse toujours des vêtements mais je le ferme à double tour quand nous n'y sommes pas. Je devrais les trier un de ces quatre. Sur un des murs, il y a de grandes lettres qui forment mon nom "Sarah". On a dû les mettre quand j'avais six ans, je crois. Mais bref, la décoration n'a d'importance dans ma vie elle-même si noire. Je récupère ma grosse veste, mes Ugg et rejoins mes parents dans le grand salon. Nous partons pour le centre-ville qui se trouve à deux kilomètres de là. Nous utilisons le gros 4x4 d'une marque japonaise inconnue, munis de ses chaines pour rouler sur les routes sinueuses et enneigées de la montagne. La Jaguar reste au chaud dans le garage. La pauvre, elle n'est pas habituée à de si faibles températures. On aurait presque envie de la plaindre. Nous arrivons au bout d'un long moment au magasin de matériel de ski. Chacun dispose de son propre matériel mais nous venons car le gérant est un ami et nous passons dire bonjour. La sonnette retentit et il n'y a pas grand monde. Juste une famille. Les parents, je suppose, et leur fils qui leur ressemble beaucoup. Poliment, je lance un "bonjour" à la clientèle. Ils répondent tous à l'exception du garçon. Je n'y prête pas attention, après tout, qu'est-ce que cela peut me faire? Je vais faire la bise à Jean-Claude, le gérant, et à sa femme Sylvie. Ce sont des gens extrêmement sympathiques. Ils ont eu une fille, Laya, qui avait à peu près mon âge. Je m'entendais très bien avec elle mais elle est morte lors d'un tragique accident de moto-ski. A chaque fois que je vois ses parents, je lis de la tristesse dans leur regard, même s'ils sont heureux, ça reste.Le regard en dit long sur votre vie, et ne vous y trompez pas, n'essayez en aucun cas de cacher un quelconque sentiment et vous serez trahi.

Mes parents discutent de tout et rien avec leurs amis et moi, je n'ai toujours pas lâché mes écouteurs depuis que nous sommes partis ce matin. J'écoute "Young Volcanoes" de Fall Out Boy, mais ça, on s'en fout un peu. J'observais discrètement l'énergumène que j'avais devant moi. C'est une espèce en voie de disparition. Il a l'air d'un bad boy mais je suis sûre qu'au fond, c'est un fragile, comme tous les autres. J'espère un jour trouver le prince charmant qui me délivrerait de mon sort de solitude. Arrête de rêver, Sarah, arrête, s'il te plait. Oh mon Dieu! L'animal sait parler! Je ne l'entends pas, "Centuries" dans les oreilles. J'aime trop critiquer les gens, c'est un de mes passe-temps favori. Je sais, je sais, c'est méchant mais essayez une fois: vous ne vous en passerez plus! Je m'impatiente.

-"Papa? Je sors faire un tour. Tu m'appelles quand vous avez fini?"

-Papa:"OK, à toute!"

-"Bisous!"

Je déambule dans la grande rue commerçante, coupée du monde commun des Mortels, enfermée dans le mien. J'entre dans une boutique de sport et me trouve une paire d'écouteurs noirs Bluetooth super classes. Au moins, maintenant je n'aurai plus ce fil blanc qui me gène quand je cours. Je craque aussi pour un pull Adidas hyper tendance. Je passe à la caisse et sors. En quittant le magasin, je manque de m'écraser en glissant sur une plaque de glace. Quelqu'un me rattrape: le mec de tantôt. Quand il me lâche, je frotte ma veste, heureusement, elle n'est pas abîmée. Je le remercie doucement et il m'adresse un faible sourire plutôt craquant et un signe de tête. Je lui rends son sourire et il s'en va. Je reste plantée là pendant une minute complète avant de me ressaisir et de faire demi-tour. Ne t'intéresse pas, Sarah, il n'en vaut pas la peine. En plus, il est grossier. Alors tu bouges ton cul et trouve-toi de quoi manger! Oui, il est 16h30 et j'ai faim. J'entre dans le Sherpa et ressors une petite dizaine de minutes plus tard, une pomme à la main. Quand j'eus fini, je traînais sur Internet avec mon iPhone, observais le paysage, repensais à ma vie minable. J'ai dû m'endormir mais mon téléphone me réveille sauvagement. Je réponds avec une voix fatiguée.

Moi:" 'lô?"

Papa:"Sarah? Où es-tu? Ça fait trois fois que je t'appelle!"

Moi:"Désolée, je m'étais assoupie. Je peux vous rejoindre sur la grande place?"

Papa:"OK, dans combien de temps tu seras là?"

Moi:"Cinq minutes plus ou moins."

Papa:"A tout de suite."

Moi:"Salut."

Je me mets doucement mais sûrement en route. J'admire les décorations de Noël, rêveuse. Je pense déjà au 25 décembre. Cette année, nous invitons la famille et j'ai hâte de revoir les cousins et les cousines. Je suis la plus jeune de la famille. Perdue dans mes pensées, je pense avoir bousculé quelqu'un mais je n'ai pas pris la peine de me retourner. Arrivée à la grand place, je cherche mes parents. Je les trouve accompagnés de vieilles amies à eux et les rejoins. Je salue les deux femmes et leurs jumeaux. Oui, oui, leurs jumeaux. Bienvenue au XXIe siècle, le mariage homosexuel n'est pas interdit. Du moins, pas chez nous. Pourquoi mes parents ont-ils tant d'amis? C'est barbant. Je ne veux qu'une chose, c'est aller dans mon lit et roupiller jusque demain midi. Ah oui! Et manger aussi. Évidemment, mes parents invitent leurs copines à dîner ce soir.

Après être passés au supermarché, ce qui fut vraiment vraiment pénible, nous rentrons enfin au chalet. Il est 19h47. Ma mère m'attrape avant que je ne puisse monter dans ma chambre.

-"Maman, je veux juste aller ranger mon sac! Et je dois trop aller pisser aussi!"

-Maman:"Dépêche-toi! J'ai besoin de toi en cuisine."

-"Pfff, OK..."

-Maman:"Et ne recommence pas à râler!"

-"Gné gné!"

Je suis déjà en haut, elle ne m'entend pas.

Bon, j'aime bien les films d'horreur mais là, je n'ai pas rêvé. Il y a quelqu'un dans la salle de bain, et ce n'est personne de ma famille; ils sont tous en bas. Je suis figée et je n'ose pas bouger d'un poil. J'ai le souffle court et la seule chose dont je me rappelle, c'est de m'être effondrée en voyant la porte s'ouvrir.







Christmas LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant