Trente-sept

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Point de vue d'Ella



Eleanor a été mise sous sédatifs pendant trois jours, elle est réveillée seulement quelques heures par jour, la chimiothérapie épuise vraiment son petit corps. J'ai quasiment passée chaque seconde de ces trois jours à ses côtés, la laissant seulement pour prendre un bain à la maison. C'était son quatrième jour sous sédatifs et ma mère et Ash étaient là aussi.

« Tu sais El », commença à murmurer maman à son corps endormi « Quand tu sortiras d'ici, en bonne santé évidemment, on fera une grosse fête avec de la pizza et des gla- »

« Arrête ! », l'interrompis-je. « Tu ne vois pas maman ? E-elle est en train de mourir ! Arrête de te voiler la face ! Regarde là ! Elle ne quittera pas l'hôpital bientôt ! Elle a été mise sous sédatifs pendant quatre putain de jours et- »

« Ella-» Ashton saisit mon avant-bras mais je me retirai d'un coup sec sa main.

« Non Ashton ! E-elle a besoin de comprendre, elle se ment à elle-même et elle me ment ! Maman, arrête de te donner de faux espoirs. Regarde la, regarde ta fille ! », criai-je et ma mère me regarda avec un regard plein de déception. « Ta petit fille est en train de mourir et tu peux rien y faire ! » Je pris une profonde inspiration et me frottai le visage avec les mains. « O-on doit se faire à l'idée qu'elle va mourir ! Elle est en train de mourir ! Tu penses qu'elle est heureuse, enfermée dans ce putain d'hôpital ?! Je deviendrais folle putain ! » Je ris alors que les larmes coulaient le long de mon visage, je les essuyai avec le dos de la main. « Et tu sais à qui la faute ? »

« Ella, arrête- »

« Ta gueule, Ashton ! », criai-je et il me regarda avec un regard dur et froid. « C'est ta faute maman ! C'est ta faute si elle a le cancer ! »

« Tu sais que ce n'est pas ma faute, c'est une maladie, Ella ! Arrête d'essayer de remette la faute sur les autres », dit ma mère fermement, les larmes aux yeux.

« Ta gueule maman ! », dis-je sèchement alors que je me frottai les tympans. « J'en peux plus, lui sourire pour la rassurer que tout ira bien et qu'un jour on quittera cette hôpital et qu'on fera une grande fête avec de la pizza et des glaces, parce que devine quoi ? Ça n'arrivera pas ! Parce que jour après jour, elle s'affaiblit un peu plus et un jour tout s'arrêtera et elle... » J'étouffai un sanglot. « E-elle s'en ira. Et je ne pourrais rien y faire. »

Alors que je finissais mon petit discours, Ashton me regardait, vraiment déçu mais avec une pointe de pitié et ma mère regarda le sol, secouant la tête.

Je pris mon sac et sortis de la chambre d'hôpital, me dirigeant jusque la sortie.

« Bien, bien, bien quelqu'un a l'air énervé. »

« Ta gueule, Natasha ! », criai-je, attirant le regard de quelques femmes âgées de la salle d'attente ; je roulai les yeux et claquai la porte en verre aussi fort que possible, surprise que le verre ne se soit pas brisé.

-

Quelques larmes et de médicaments plus tard, j'étais beaucoup plus calme et j'étais assise sur le canapé, ressassant dans ma tête tous les mots atroces que j'ai dit à ma mère. Je pensais la plupart, mais je savais bien que le cancer n'était pas sa faute.

Mon téléphone fit un bruit de vibration infernal, je le pris et vis que j'avais un nouveau message.

De : agaçante petite merde

On doit parler.

Merde, merde, merde, merde, merde, merde, merde est tout ce qui me passait par la tête alors que je lisais ces trois petits mots, ces affreux quatre petits mots.

A : agaçante petite merde

Je suis à la maison, viens si tu veux.

A : agaçante petite merde

Tu es déjà dehors, n'est-ce pas ?

De : agaçante petite merde

Oui.

Je me dirigeai lentement jusqu'à la porte comme si je pouvais ralentir le temps parce que, soyons honnête, je frissonnai à l'idée d'avoir cette conversation parce qu'Ashton était énervé.

J'ouvris la porte et Ashton était dehors.

« C'était quoi ça à l'hôpital ? », cria-t-il dans la maison alors que je fermai la porte et regardai celle-ci, trop effrayée de le regarder dans les yeux.

« Tu as une putain d'idée sur comment tu as laissé ta mère ? L-les choses que tu lui as dites, Ella ! Personne ne mérite d'entendre ça ! » La voix d'Ashton éclata dans la maison, devenant plus forte et plus furieuse à chaque seconde. « Et quand j'ai essayé de t'aider, tu m'as dit de fermer ma gueule ! »

« Ash- »

« Toi, tu la fermes maintenant, Ella ! », cria Ashton et il recula, bien sûr j'avais déjà vu Ashton s'énerver une ou deux fois mais pas aussi énervé. « Tu ne crois pas qu'elle ne le sait pas ? Tu ne crois pas qu'elle voit sa fille mourir devant ses yeux ? Sa fille de huit ans ! Et qu'est-ce qu'elle peut y faire ?  Rien !  Elle croit qu'elle a échoué dans son rôle de mère parce sa fille a un cancer ! Ce n'est pas sa faute ! Alors arrête de penser seulement à toi-même et regarde ces deux personnes qui s'inquiètent le plus pour toi dans le monde, Ella ! Tu ne connais pas la douleur de voir une de tes filles mourir, la regarder tous les jours mais sourire parce que cette pauvre petite fille de huit ans mourante allongée dans un lit d'hôpital ne veut pas entendre qu'elle va mourir ! Elle veut entendre que tout ira bien et que quand elle rentrera elle aura des glaces et de la pizza ! C'est ce qu'elle veut entendre et c'est aussi ton rôle, Ella. » Il passa une main dans ses cheveux et avança d'un pas. « Alors fais-moi une faveur, Ella, enlève ce putain de balais de ton cul et pense à ta sœur, celle qui est en train de mourir et fais quelque chose pour l'aider, rend la heureuse putain, fais lui croire qu'elle quittera ce taudis et qu'elle sera heureuse.

Je déglutis et clignai des yeux quelques fois pour empêcher les larmes de couler. « Tu n'en sais rien Ashton. On m'a enlevé mes putains de médicaments, mes médicaments pour ma bipolarité, je ne peux pas contrôler mes émotions, je dis des choses que je ne pense pas, je blesse les gens que j'aime et El est en train de mourir, El me laisse tomber, comme tout le monde, elle me laisse tomber- »

« Oh mon Dieu Ella ! Arrête de penser à toi ! Elle est en train de mourir, nom de Dieu ! Réveille-toi ! Tu vas être là pendant de nombreuses années, mais pas elle ! Alors est-ce que tu vas arrêter pendant une putain de seconde de penser à tes problèmes et te concentrer sur elle ?! »

« Va t'en- »

« Oh, et ne t'inquiète pas pour moi, je m'en irais par moi-même. » Il rit amèrement et claqua la porte derrière lui.

Vlut // a.i (Traduction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant