Chapitre 1:

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- Chuuut. Détends-toi.


Elle était allongée. Sûrement sur un lit. Elle avait l'air essoufflée, haletante, oppressée, suffoquant. Elle tentait de reprendre tant bien que mal ses esprits, et se calmait petit à petit. Son souffle reprenait un rythme plus ou moins régulier au fil du temps. Pourtant, elle ne bougeait pas d'un pouce, gardant ses yeux clos. Ses paupières étaient lourdes ; de toute façon, trop lourdes pour qu'elle les ouvre. Elle avait comme l'impression que tout son être pesait des tonnes. Elle avait ce sentiment de faiblesse ancré en elle. C'était comme si tous ses maux étaient multipliés. Elle se sentait horriblement mal. Pour ne pas arranger les choses, une horrible douleur la lançait au niveau du crâne.
Tout à coup, un léger creux se forma sur le matelas sur lequel elle avait été préalablement allongée. Elle comprenait ainsi qu'elle n'était pas seule. Elle avait comme l'impression que la personne en question essayait de la rassurer, en lui caressant tendrement ses cheveux, ses joues, puis, le bout de ses oreilles. Ensuite, elle lui attrapait la main, et jouait avec ses fins doigts, entremêlant, et démêlant ses doigts avec les siens de manière répétitive. Elle la sentait faire, percevant le moindre de ses faits et gestes. Elle était comme attentive à une scène se déroulant devant ses yeux, cependant, elle restait figée, immobile et surtout les yeux toujours clos.
Progressivement, ses paupières s'entrouvrirent, de telle sorte qu'elle puisse apercevoir une silhouette floue. Elle referma ses yeux immédiatement, tandis qu'une larme s'écoula le long de sa joue.
Une secondes fois, elle laissa ses paupières se relever cette fois-ci avec plus de facilité que précédemment, bien décidée à découvrir qui était la personne qui arrivait à l'apaiser autant par le biais de simples caresses.

Lorsqu'enfin, ses yeux s'ouvrirent, elle resta bouche bée. Ce visage, elle l'aurait reconnu entre milles. C'était bel et bien son frère, James, qui se trouvait là, face à elle. Tandis qu'elle contemplait de ses pupilles claires son visage étrangement pâle, un faible sourire se dessina sur ses fines lèvres rosées. Elle le détaillait alors, s'arrêtant sur chacun de ses traits de visages.
Elle essayait de prononcer quelques mots mais la seule chose qui sortait de sa bouche était des gémissements de douleur. Après plusieurs tentatives, elle arrivait finalement à prononcer son prénom.


- Ja... James..., gémit-elle d'une voix faible, rauque et presque inaudible.


La difficulté avec laquelle elle parlait s'entendait aisément. Elle se détestait de se sentir si faible. L'envie de pouvoir toucher, caresser son visage, et le sentir contre elle la prit alors, mais encore une fois elle en avait oublié le piteux état dans lequel elle était. C'était donc de nouveau une épreuve des plus difficiles. Elle tendit doucement ses bras vers son visage.

Sa main allait finalement atteindre sa joue, puis soudainement plus personne, un vide total : il avait disparu. Le fait que les choses aient pris une tournure inattendue dans une telle situation l'avait totalement perturbée.

Un silence pesant régnait maintenant dans la pièce. Elle réussit d'un coup à se redresser, malgré le fait qu'elle était à bout de force. Une partie d'elle semblait être décidée à se battre contre la douleur. Elle même était d'ailleurs surprise par son geste. Elle ne comprenait pas comment d'un coup, elle avait pu retrouver autant de force.

Par la suite, elle prit le temps d'observer les alentours. Elle se trouvait dans un lieu que l'on pourrait considérer comme une cellule. C'était un lieu inhospitalier, à en faire froid dans le dos. Elle se trouvait dans une pièce fermée, presque vide, sans aucun papier peint, recouvert par une simple peinture banche, aussi neutre que le reste de la pièce. Tout avait l'air d'y être placé avec minutie. En aucun cas elle ne pouvait s'imaginer où elle se trouvait actuellement. Seul un lit, un bureau ainsi qu'une chaise se trouvaient là, tandis que le reste de la pièce n'était qu'un immense vide. Peu de lumière pénétrait dans cette salle, la seule fenêtre étant recouverte d'épais barreaux.
Elle enleva alors la couverture qui était soigneusement posée sur ses jambes, et la laissa glisser le long de sa peau jusqu'à ce qu'elle tombe par terre. Sa pointe de pied toucha le sol qui était froid. Doucement et sûrement, elle déposa complètement ses pieds sur celui-ci. Le sentiment de se sentir faible, et lourde traversa de nouveau son corps tout entier en un fragment de secondes. Elle s'approcha alors du bureau trônant dans cette pièce en traînant des pieds. Sa main était posée sur son front, dû à cet horrible mal de tête qui persistait encore et encore. Elle se pencha vers celui-ci comme si elle allait l'inspecter, courbant ainsi son échine, alors qu'elle grelottait ne portant qu'une sorte de simple blouse blanche.

D'un coup, un bruit la sortit de ses pensées.


- James ? C'est toi ? Dis moi que c'est toi je t'en pris. Je t'en supplie. J'ai peur. Aides-moi, lâcha-t-elle simplement prise de panique, sans pour autant se retourner.


Une voix lui répondit. Une voix qui apparemment n'était pas celle de James étant donné la moue attristée qui était apparue sur son visage, et sa mâchoire désormais contractée. Elle se retourna alors, découvrant le visage d'un inconnu. Il parlait sur un ton neutre, et gardait un visage plus ou moins inexpressif, mais malgré tout il ne semblait démontrer que de la pitié à son égard.


- James ne fait plus parti de ce monde Shannon. James est décédé il y a de cela quatre mois. Vous avez eu un accident de voiture. Tu as échappé à la mort, en revanche ton frère n'a pas eu cette chance. Tout n'est pas en ordre dans ta tête, tu ne vas pas bien, et nous sommes là pour t'aider. C'est pour cela que tu as été envoyé en hôpital psychiatrique. C'est le choix de tes proches, et ce n'est que pour ton bien, expliqua l'inconnu.


Elle écouta attentivement chacune de ses paroles, et but presque ses dires. Il lui avait parlé comme si c'était un enfant. Chaque parole qu'il avait débitée résonnait désormais dans sa tête. Mais pourtant durant ce court monologue, la seule et unique chose qu'elle retenait était le fait que James soit décédé.


Non, impossible. Non, non, non, il n'est pas mort. Il est là, je l'ai vu, il est là. Mensonge, vous mentez ! Espèce d'ordure, ça vous fais plaisir de me voir ainsi, c'est ça ?!


Voilà les seules paroles qu'elle ne cessait de se répéter en tête. Elle n'avait plus la force de parler, elle ne pouvait plus rien dire. A l'aide d'une simple phrase, une personne inconnue avait réussit à lui faire mal, à la faire souffrir, au plus profond d'elle même. Il avait touché là où ça faisait mal. C'était horrible cette sensation, cette douleur qu'elle ressentait au creux de son cœur. Instinctivement, elle fut prise d'une envie folle de frapper, n'importe quoi, tout ce qu'elle pouvait trouver. C'est le mur qui se trouvait face à elle qui semblait être une bonne opportunité. Sans plus attendre, elle frappa celui-ci la seconde qui suivait, s'égratignant par la même occasion. Ses phalanges rougirent rapidement étant donné qu'elle avait heurté ce mur avec force, à tel point qu'elle s'en était fait mal. Dès lors, elle laissa les larmes la submerger. Ses larmes qu'elle avait retenu ; elle les laissait, enfin glisser le long de ses joues. C'était comme si en lui ayant avoué cela, un poids venait de se soulever, laissant place à une autre douleur encore plus horrible bien trop difficile à supporter, qu'elle ne pouvait tout simplement pas croire. Elle se décala, puis tapai son poing rougis de nouveau contre le mur, et frappa également sa tête contre celui-ci de toutes ses forces, tout en criant, en hurlant des choses incompréhensibles, mais qui permettaient à sa rage de s'évacuer. Elle sentait qu'à force de faire tous ces efforts, elle s'épuisait inutilement, plus qu'elle ne l'était déjà. Quelques instants après, elle laissa glisser son corps entier, presque livide contre ce fameux mur s'effondrant complètement. De nouveau, elle ferma ses yeux, prise d'une vague de fatigue, sentant alors des mains se glisser sous ses jambes, et derrière sa nuque. Elle sentit ensuite son corps quitter le sol; on la soulevait.




Psychiatric Hospital (en pause, à retravailler)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant