Cela faisait plusieurs minutes qu'elle se trouvait là, assoupie sur le lit sur lequel on l'avait posé une nouvelle fois. Il semblait qu'elle faisait une sieste, ses yeux étaient clos et sa respiration régulière. Cependant elle n'était pas endormie. Elle était tout ce qu'il y a de plus consciente, seulement, ses yeux ne daignaient pas s'ouvrir.
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Ses yeux s'ouvraient enfin, au bout de plusieurs minutes, elle sortait alors de sa petite rêverie. On ne pourrait dire combien de temps était-elle restée comme cela, étant donné qu'ici on perdait totalement la notion du temps. Pourtant, elle était toujours dans la même pièce, le soleil traversait toujours les mêmes fins barreaux positionnés devant la fenêtre.
La couverture avait été replacée sur ses genoux de la même façon que précédemment, toujours aussi soigneusement. C'était comme si tout ce qui s'était produit, ne s'était pas réellement produit. Comme si elle avait rêvé toutes ces péripéties et s'était construit cette histoire de toute pièce dans son subconscient. Comme si tout cela n'était sorti que de sa propre imagination. Pourtant, un détail la perturba, l'interpella. Sur la petite table de chevet à ses côtés, avait été déposé un petit carnet. Une chose était sûre, il n'y était pas plus tôt. Elle tendait alors sa main, qui se crispa assez vite. En effet, elle avait oublié qu'elle s'était déchaînée contre ce mur si terne, au point de s'en blesser. Après s'être remémoré cette stupide scène, elle passa fébrilement son autre main sur le bandage qui lui avait été fais, espérant que la douleur allait diminuer. Une légère grimace pris alors place sur le visage de la jeune femme ; c'était douloureux. Ainsi, de ses fins doigts, elle attrapa finalement le carnet avec une grande précaution, l'amenant devant mon visage. Elle caressa la première de couverture, avant d'arrêter ses doigts au niveau du bas de cahier, là où quelque chose y était griffonné. Étrangement, ce petit carnet lui disait quelque chose, ce qui ne fit que se confirmer lorsqu'elle lu à voix haute la petite inscription: « Journal de Shannon. »
Instantanément, un sourire se dessina sur ses lèvres charnues, tandis qu'elle entrouvrait le petit carnet qu'elle tenait fermement entre ses mains, comme si elle avait peur de le perdre, laissant place à une vieille photo de famille. Au dos de cette ancienne photographie se trouvait une écriture italique, qu'elle lu une nouvelle fois à voix haute: « Vacances-mai 1996. »
Elle la retourna, analysant celle-ci avec plus de précision cette fois-ci. Sur la photo étaient présents deux adultes se tenant la main. Leur regard était empli d'amour. A travers ce simple cliché pris en un fragment de secondes, était transmis tout cet amour. A leurs côtés, un jeune enfant, d'environ une quinzaine d'années tenait dans ses bras un nourrisson. Dans le creux de ses bras se trouvait un petit être faible et fragile, à la fois adorable et attendrissant. Il tendait ses bras le plus loin possible, tentant d'atteindre le visage du jeune homme souhaitant en découvrir toutes les parcelles. Il semblait intrigué, cependant ce qui était frappant c'était cette douceur et cette finesse que l'on pouvait discerner dans ses petits yeux en amandes. On décelait dans ses iris azur une douce lueur, comme une once d'innocence. Il était évident que cet être allait devenir une personne extraordinaire. Celui-ci portait une petite robe fleurie, et des petites ballerines blanches. Il regardait le garçon avec un sourire niai scotché au visage, l'une de ses mains étant retombée sur sa joue. Elle s'appelait Shannon, et à ses côtés se trouvait sa famille. Eux qui nageaient dans le bonheur. Elle s'en rappelait malgré le peu de souvenir qu'il lui restait de tous ces moments passés.Son doigt glissa sur le visage de James, sur la photographie. C'est alors qu'elle répéta à voix basse la phrase qu'avait dit l'inconnu un peu plus tôt, comme quoi son frère était décédé ; son cœur rata un battement. Elle referma violemment son journal comme prise de panique, et l'envoyait à l'autre bout de la pièce. Alors qu'il retombait après être atterris contre le mur, elle constata qu'il était en assez mauvais état. Elle l'avait depuis toute petite, cela prenait donc tout son sens. Elle était encore toute chamboulée de ce qu'elle venait d'apprendre bien qu'elle n'y croyait pas un mot.
Shannon était une jeune femme forte mentalement mais qui avait tendance à perdre sans cesse le contrôle d'elle-même.
Elle soupira assez fortement, voulant à tout prix sortir de cet endroit, bien trop lugubre, étrange et vétuste pour elle. Elle avait prit conscience qu'elle se trouvait bel et bien dans un hôpital psychiatrique et à vrai dire cela lui foutait carrément les jetons. D'après elle, elle n'avait rien à faire ici.Elle prit appuie sur son matelas puis se leva. C'est alors qu'au même moment la porte de la chambre dans laquelle elle était s'ouvrit. La jeune Mills espérait qu'on lui apporte à manger, car oui, elle mourrait de fin. Au lieu de ça, on lui attrapa le bras et on l'emporta elle ne savait où. Elle s'apprêtait dans un premier temps à se débattre, mais cette idée qui lui avait effleuré l'esprit quelques instants disparue directement de son esprit lorsqu'elle découvrit la corpulence des deux hommes à ses côtés. Si elle tentait quoi que ce soit, elle ne ferait que s'épuiser sans aucun doute. Elle avait soi-disant perdu la tête, pourtant elle n'en restait pas moins intelligente. C'est pourquoi elle se résigna, oubliant toute tentative qu'elle aurait pu planifier.
Ils la laissèrent ensuite dans une pièce seule après avoir monté plusieurs marches et traversé plusieurs longs couloirs. Un bureau plutôt imposant lui faisait désormais face. Celui-ci trônait dans la pièce. Le regard de la jolie brune se posa sur les nombreux dossiers posés sur ce fameux bureau avec une énorme minutie mais tout particulièrement sur l'écriteau couleur ocre sur lequel étaient inscrites les initiales : « K.S ». Ensuite, son regard se déposa sur les cadres accrochés au mur qui faisaient offices d'encadrement pour de nombreux diplômes. Ceux-ci témoignaient d'un parcours des plus sérieux et réussis. Par la suite, Shannon prit place sur l'une des chaises qui avait été mise en place au préalable. Elle jouait avec le bout de ses doigts les tapotant sur son bras frêle et nu. Elle ne savait pas réellement où se mettre à l'instant précis. Elle s'attendait à ce que dans les minutes qui suivaient quelqu'un apparaissent dans l'encadrement de la porte. Cependant, elle avait beau attendre, personne ne venait et Shannon était tout sauf patiente.Soudainement, quelque chose l'intrigua sur le bureau : un dossier à son nom. Elle contourna alors le bureau, puis ouvrit rapidement le dossier histoire de ne pas se faire prendre en flagrant délit. Son regard parcourra rapidement la première feuille du dossier. Celle-ci présentait le patient ainsi que ses symptômes, les troubles où problèmes mentaux dont la personne en question était atteinte ; en l'occurrence Shannon. Elle laissa un léger souffle s'échapper d'entre ses lèvres mais n'eut pas le temps de continuer sa lecture, qu'un raclement de gorge résonna dans la pièce. Elle en avait presque oublié qu'il y avait une raison si on l'avait emmené ici. Elle se redressa alors le plus doucement possible, adressant un faux sourire au jeune homme qui se tenait debout au niveau de l'encadrement de la porte, les bras croisés contre sa poitrine à quelques mètres devant elle. Il l'observait, sans lâcher un mot. Son regard semblait plutôt autoritaire. Elle reprit ainsi presque naturellement sa place initiale, alors que lui semblait s'apaiser. Elle se demanda s'il travaillait réellement ici où non, étant donné qu'il ne portait pas cette blouse blanche que tous les employés portaient ici et étant donné le fait qu'il avait l'air extrêmement jeune. Elle ne le lâcha pas du regard, tandis que lui rangeait le dossier qui était resté ouvert sur la table, avant de s'installer à son tour en face d'elle. Il tapa un long instant sur son ordinateur, sans même lui prêter attention, comme s'il était seul. Elle décida de finalement briser le silence, lâchant d'un ton plus que glacial.
- Et si vous m'expliquiez ce que je fous ici?
Il haussa alors un sourcil, portant finalement son regard sur elle. Il la toisa du regard un moment, avant de reprendre son occupation. Sa façon de se comporter avec elle lui restait en travers de la gorge. Elle ne pouvait déjà pas le supporter.
La jeune femme regarda dès lors ses pieds avec un soudain intérêt qui ne s'était jamais manifesté auparavant. Elle se mordait l'intérieur de la joue, se demandant une nouvelle fois qu'elle était l'intérêt de sa présence, alors qu'il prit finalement la parole.
- Bonjour Shannon.
Elle n'était absolument pas décidé à lui parler, alors elle ne lui répondit pas, faisant mine de ne pas l'avoir entendu, totalement désintéressée.
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Psychiatric Hospital (en pause, à retravailler)
General FictionA la découverte du mystérieux passé de Shannon Mills au travers d'une réflexion sur l'oubli.