Renaître ( en réécriture) ( protégé par copyright)

Règles

Roxanne

Assise sur mon lit, j'entends une porte claquer en face la mienne, puis des gémissements s'apparentant à ceux d'une dinde que l'on égorge. Sans aucun doute, ils copulent... Ces animaux en rut n'ont même pas la décence de se montrer discrets... Bien qu'imaginer Samuel Blake me prendre à la place de l'autre pimbêche m'excite, je me dis qu'il faut absolument que je me sauve de cette maison au plus vite ! Puisque de toute évidence, jamais quelqu'un comme lui ne voudra de moi...

Peu à peu, le silence réapparaît... Enfin... Une allure normale a peu près retrouvée, mes idées approximativement en ordre, je redescends dans la cuisine afin de moi-aussi boire le café que mon organisme me réclame depuis tout à l'heure. Arrivée à destination, la rage s'empare de moi. Ces deux-là se foutent clairement de ma poire ! Ils n'ont pas touché à la nourriture et la cafetière est encore pleine ! Tout ce tapage pour que dalle ! Je n'y crois pas ! Savent-ils que, tous les jours, des gens meurent de faim sur cette planète ? J'avale rapidement le breuvage que je viens de me servir, puis commence à débarrasser, dépitée. La vaisselle achevée, j'attrape précautionneusement la pile d'assiettes pour les ranger dans l'immense bahut du salon. En me retournant, je heurte quelque chose, entraînant ainsi la chute de la porcelaine que je tenais entre mes mains.

Merde, cette fois, il va me tuer...  

— J'espère que ça ne va pas devenir une habitude, me tance-t-il d'un air furieux.

Oh, non... J'aurais pu lui rembourser son service mais impossible d'effacer cette nouvelle boulette ! Brusquement, la colère remplace ma panique. Après tout, lui-aussi peut faire attention à son environnement  !

— Vous n'avez qu'à pas vous trouver dans mes pattes en permanence !

Il reste de marbre, les yeux emplis de hargne. Une attitude qui m'intimide profondément, si bien que je me ravise presque immédiatement. Surtout lorsque je me souviens que, pour le moment, il détient la clef de mon avenir...

— Je m'excuse, monsieur. Je crois que je me suis laissée emporter... Ma maladresse me perdra, tenté-je en vue de détendre l'atmosphère pesante.

Il ne bouge toujours pas. Quel con ! Dans le but de me donner une pseudo-contenance, je me précipite vers le placard pour y chercher la pelle et la balayette.

— Vous êtes pied-nus, éloignez-vous, je ne voudrais pas que vous vous blessiez par ma faute, monsieur Blake, lui ordonné-je aussitôt revenue sur les lieux du désastre.

Cette fois, il m'écoute. Alleluia ! Sauf que sa position me met fortement mal à l'aise. Après s'être rempli une tasse, il s'installe à table et m'observe à la tâche. Jamais je ne m'étais sentie aussi humiliée de ma vie...

— Donc, vous savez qui je suis ?

Quelle question... Je ravale la boule amère qui se forme dans ma gorge avant de répondre :

— Oui.

— Aimez-vous mon répertoire ?

J'adore ! Je surkiffe ! Forcément, je refuse de lui accorder le plaisir de le lui avouer. Je suis certaine qu'à elle seule, Madame Connasse sait largement flatter son ego démesuré.

— Euh... Ne le prenez pas mal, monsieur Blake seulement, je n'écoute pas ce genre de musique.

Afin qu'il ne devine pas l'étendue de mon mensonge, je me dirige vers la poubelle pour y jeter les débris de porcelaine. Je me suis déjà rendue assez ridicule comme ça, inutile qu'il me prenne pour l'une de ses groupies hystériques.