Renaître ( en réécriture) ( protégé par copyright)

La pièce du fond

Roxanne

Lorsque j'ouvre les yeux le lendemain matin, j'ai encore une fois beaucoup de mal à identifier l'endroit où je me situe. Non à cause d'un stupide rêve, mais parce que je suis rentrée très tard et très... alcoolisée de ma soirée avec Lisa. Je n'aurais pas dû boire autant, je le sais... C'est dangereux... Je suis dépendante, faible face à la tentation qu'incarne cette douce liqueur... Seulement, il a bien fallu que je trouve un subterfuge pour ne plus que le visage de cet odieux personnage s'impose à moi dès que j'entonnais une autre de ses chansons. Ma meilleure amie, également ivre, était au taquet, elle ne voulait plus s'arrêter ! Alors, au bout d'un certain nombre de verres, je suis parvenue à mon objectif. Enfin, mon coeur ne s'écorchait plus à la moindre syllabe prononcée derrière le micro. Dire que mon fantasme le plus fou était de le voir un jour en vrai ! Quelle déception... Aussi étrange que cela puisse paraître, notre rencontre me provoque l'effet d'une nouvelle rupture. Pourquoi ai-je le sentiment que cette déconvenue me cause plus de mal que ma séparation d'avec Max ?

— Oh mon crâaane, m'écrié-je en tentant maladroitement de m'extirper de ma couette pour me sortir de mes pensées.

De toute évidence, je ne suis pas encore prête à me lever. En replongeant ma tête sous l'oreiller, ne me souvenant plus exactement de la fin de ma nuit, je prie pour ne pas avoir agis comme j'ai pu le faire à maintes reprises par le passé. Je me remémore toutes ces fois où je me suis ridiculisée à cause de mon état d'ébriété. À l'époque, je m'en moquais,- je crois d'ailleurs que je ne m'en rendais même pas compte-, je voulais juste me détruire, ne plus réfléchir, me sentir libre quelques heures avant de regagner la maison de mes parents...

Tu es bien loin d'être guérie, chère demoiselle...

La sonnerie du réveil interrompt mes réflexions. Seigneur, étant donnée ma forme olympique, je ne tiendrai jamais la journée complète... Au secours... Sous la douche, je m'ordonne de me bouger les fesses et d'assumer mes bêtises de la veille. Après tout, je me prévaux d'être une adulte, alors je dois agir en tant que telle. En plus, hors de question que je me retrouve à la rue plus tôt que prévu ! Une fois apprêtée, avec plus de soin qu'à mon habitude, après m'être adressée une dernière grimace  à travers le reflet du miroir, je descends préparer le petit-déjeuner, la boule au ventre.

Allez, que ma journée  idyllique commence !

Mon pas lourd se stoppe au seuil de la porte de la cuisine. Le couple se trouve attablé en silence, elle, l'observant d'un oeil vide ; lui lisant son journal, la mine absorbée. 

Décidément, l'alcool me joue des tours. Je ne me souviens pas avoir dressé le couvert en rentrant hier soir. Que se passe-t-il ?

— Bonjour Madame, bonjour Monsieur, les salué-je poliment.

— Bonjour, me répond Sam d'un ton morne sans pour autant lever les yeux de son article.

L'ambiance, déjà glauque, s'alourdit davantage. 

— Euh... Merci d'avoir préparé le petit-déjeuner à ma place, madame, énoncé-je en vue de la dérider.

— Vous plaisantez, j'espère ?

Ben, non... C'est quoi son problème ?

— Pensez-vous sincèrement que je vais me rabaisser à effectuer vos tâches ?

 Une connasse dans toute sa splendeur...

— J'AI préparé ce repas, s'affirme brusquement Sam. Surveille ton attitude Charlotte, je te prie.

J'hallucine où il vient de me défendre ?

— Tu ne semblais pas te plaindre de mon comportement hier soir, lui rétorque-t-elle d'un ton aguicheur.