Renaître ( en réécriture) ( protégé par copyright)

Incertitude

Sam

Les rayons du soleil viennent réchauffer mon visage, ce qui me rend plus joyeux encore. Je suis si bien ce matin ! J'ai le sentiment qu'on a délesté mon coeur du poids qui le comprimait et d'avoir dormi une éternité. Je ne m'étais pas senti aussi détendu, aussi libre depuis si  longtemps ! Quel bonheur ! Je n'ouvre pas les yeux tout de suite afin de profiter quelques instants supplémentaires de cet engourdissement bienfaiteur. Au fil de mes réflexions, la cause de mon état m'apparaît très clairement : Roxanne... Un délice, une fée... Hier soir, elle a été parfaite, répondant coup pour coup à mes assauts. Une passionnée... Jamais je ne m'étais accordé si rapidement avec l'une de mes partenaires. Je ne voulais pas que notre corps à corps s'arrête, mais certaines limites se sont imposées à moi. Avant de la posséder à nouveau, il fallait que je récupère. Sauf que j'ai fini par m'endormir au sein du silence tranquille qui régnait dans ma chambre.

J'espère qu'elle ne m'a pas pris pour le dernier des goujats...

Pas grave, après tout, j'ai la possibilité de me rattraper dès maintenant... Les paupières toujours closes, mes main commencent à la chercher seulement, elles ne rencontrent que le vide ainsi que la fraîcheur du drap. C'est quoi ce bordel ? Etait-ce un songe ? Je n'ai tout de même pas pu rêver notre nuit ? Je prends du temps pour analyser la situation et me rends compte qu'il s'agit de la réalité et non d'un fantasme. Son odeur, elle, flotte toujours dans la pièce. Ce constat me réveille définitivement, la panique m'envahit, mon coeur battant instantanément beaucoup plus vite. Ai-je parlé pendant mon sommeil, prononcé des mots qui l'auraient contrariée ? Qu'a t-il bien pu se passer dans sa tête ? Putain, cette fille va me rendre fou ! Avec elle, impossible de savoir sur quel pied danser, elle ne réagit pas comme les autres... Je ne peux rien anticiper, ça m'énerve !

Mon téléphone vibre sur la table de nuit, mais je n'ai aucune envie de répondre. Pour le moment, je préfère rester seul avec ma mauvaise humeur et tenter d'élucider le mystère qu'incarne Roxanne. Sauf que mon interlocuteur insiste, ce qui finalement, me décide à décrocher :

— Quoi ? hurlé-je dans le combiné.

— Sam, t'es encore au pieu où quoi ?

Joe.

— On frappe depuis dix bonnes minutes et personne ne vient nous ouvrir !

Merde, je les avais complètement oublié....

— Ouais, j'ai une migraine d'enfer. J'arrive.

J'enfile rapidement mes vêtements puis, lorsque je descends les escaliers, j'aperçois Roxanne dans le couloir, en train de discuter avec mes visiteurs. Hypnotisé, je m'arrête entre deux marches pour l'observer. Elle est magnifique, unique... Chassant mon envie de l'embrasser à pleine bouche, je me remets en mouvement en décidant d'adopter une attitude totalement détachée, celle qu'aurait n'importe quel patron. Inutile d'éveiller les soupçons de mes collègues. S'ils se doutaient de quelque chose, ils ne manqueraient pas de me poser des questions auxquelles je ne suis pas forcément en mesure de répondre pour l'instant.

— Roxanne, offrez leur un café le temps que je prenne une douche.

Mon ton s'avère être bien plus sec que je ne l'aurais voulu. Définitivement, je ne digère pas sa désertion nocturne et je suis frustré de ne pas pouvoir lui en demander les raisons. Non, en réalité, ma fureur provient du fait qu'elle ne réagisse pas à mon ordre ! Elle ne m'adresse pas un seul regard et continue à sourire aux deux idiots qui la dévisagent avec leurs yeux de merlan frits ! Putain... Ce genre d'attention doit m'être réservé ! Si ces queutards osent la toucher, je les vire sur-le-champ !

Dégoûté par son comportement, je détourne les talons pour rejoindre ma chambre. Finalement, je me suis planté ! Elle se révèle bien pire que toutes les autres godiches ! Elle a su se montrer plus maligne que ses congénères... Et tel le plus parfait des cons, je suis tombé dans son piège. Je savais qu'elle était dangereuse !