Jour 5

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Lune attendait sur le banc, le regard fixe, les mains posées à plat sur ses cuisses. Les gouttes de pluie tombaient sur son chapeau et parsemaient sa peau claire. Elle aurait pu rentrer chez elle à la place d'attendre sous cette froide pluie de novembre. Oui, elle aurait pu. 

Il faut croire qu'elle n'avait rien de mieux à faire que d'aimer éperdumment ce garçon.

Un garçon aux cheveux blonds passa rapidement devant le banc, s'arrêta un peu plus loin et se retourna vers elle en fronçant les sourcils. 

- Oh mon dieu Lune, mais que fais-tu ici par un temps pareil ?! s'exclama Zachary.

Il paraissait à la fois inquiet et exaspéré. 

Elle se releva simplement, le sourire aux lèvres. Il la rejoignit à grandes enjambées. Elle vit bien qu'il essayait de retenir son sourire. Il prit ses mains.

- Elles sont glacées ! Mais qu'est-ce qu'il t'as pris ?

Elle aurait voulu lui dire qu'elle aimait la pluie, mais seul un gargouillis incohérent serait sorti de sa bouche. Tant de mots restaient coincés dans sa gorge. Elle aurait tant aimé connaître le son de la voix de Zachary, mais tout ce qu'elle connaissait était le bruit du silence.

Elle aurait tant aimé être importante pour lui. Mais elle n'était que cette pauvre fille trempée attendant rien de particulier sur un banc. Parfois, Lune souhaitait être comme les autres. Mais on lui avait appris à ne pas s'appitoyer sur son sort, alors elle restait forte et faisait avec ce qu'elle avait. 

- Je n'en reviens pas Lune... soupira-t-il. Décidément, je ne te comprendrais jamais. 

Il recula et lâcha ses mains.

- Allez, suis-moi.

Ils marchèrent côte à côte, en silence, et c'était très bien comme ça. Zachary devait ien faire une tête de plus qu'elle. Il s'arrêta devant un café et ils s'engouffrèrent dedans. Ils s'installèrent à une table, leurs cheveux ruisselant sur les sièges. Il lui paya un chocolat chaud, et il parla. Elle était devenue sa confidente. Encore une fois, il ne lui posa aucune question. Ce garçon était tellement omnibulé par lui-même, mais Lune s'en moquait. Elle l'aimait de tout son être et était heureuse d'être celle à qui il racontait tout. Ils restèrent une heure au café, jusqu'à ce que Zachary se lève et dise :

- Je dois te laisser là, désolé. A plus, et n'attrappe pas froid. 

Il ébouriffa affectueusement ses cheveux et partit. 

Lune le soupçonnait d'avoir fait exprès d'oublier son écharpe pour qu'elle la prenne.


Le son du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant