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Chapitre 9 : Le bon choix

Tranquillement, je laissai rebondir ma batte en cadence sur le sol ferme. Le petit bruit mat régulier que cela provoquait m'aidait à me concentrer. Je plantai mes yeux dans ceux du lanceur qui se préparait à envoyer la balle, tendu.

Jusqu'ici, j'étais invaincu. Personne n'avait encore réussi à me duper, quelle que soit la forme que prenait les tirs adverses.

Je le dévisageai, mon visage débarrassé de toute trace d'anxiété...Et soudain il passa à l'action. Son bras gauche se relâcha en arrière, puis je pus décomposer tout son mouvement avec détail. Ses doigts se contractaient avec force sur la balle qui se logea profondément dans sa paume.

Balle lente.

Mes doigts se crispèrent, je savais déjà ce que j'aurais à faire, c'était même trop facile.

Son bras se balança de nouveau, et tout son corps se détendit pour appuyer son lancer, la trajectoire de la balle se dessinait déjà. Mes yeux se plissèrent pour mieux voir : la balle avait légèrement glissé dans sa main et ses doigts changèrent de position au dernier moment. L'index et le majeur se rapprochèrent et la balle roula au bout des ongles...Une feinte.

Balle rapide.

Trop rapide. Mon esprit mit quelques dixièmes de secondes à accepter ce soudain changement. Un frisson passa dans tout mon corps : la balle était déjà à mi-chemin. Ma batte fendit l'air, anticipant la trajectoire. Avec un bruit clair et sec, la balle fut renvoyée vers le fond du terrain, là où l'on mettra le plus de temps à aller la chercher.

Je laissai déjà tomber mon fidèle outil à terre, et me mis à courir à toutes jambes vers la victoire. Au départ, je n'accordai pas même un regard à mes adversaires, et n'avais en tête que la première base que j'atteignis bien vite. Mais dès que je l'eus rejointe, je levai la tête vers la zone où était retombée la balle, et vis que les défenseurs s'en étaient déjà occupé, et se faisaient des passes rapides. Je décidai de continuer, et une légère clameur se fit entendre dans mon dos, très certainement de protestations.

Pensaient-ils vraiment que je serais incapable d'aller au bout ?

Mes jambes me portaient plus vite que je n'avais osé l'espérer. J'atteignis alors la deuxième base et vis au même moment un défenseur rater sa passe. La balle tomba mollement sur le sol et deux défenseurs se précipitèrent sur elle en même temps, ce qui allait sûrement leur faire perdre du temps.

Mes jambes continuaient à s'actionner machinalement, et le vent giflait mon visage, cet effet désagréable s'accentuant tandis que j'accélérais vers ma destination. Tout le monde s'attendait à ce que je m'arrête à la troisième base, surtout les défenseurs qui tentèrent une dernière passe désespérée dans sa direction. Mais quand j'y fus arrivé, mes genoux se plièrent et s'étendirent vers la dernière ligne droite : je devais terminer maintenant.

Quitte ou double.

Mais cette fois-ci, la passe adverse était arrivée à bon port, et mes adversaires s'organisaient pour terminer ma folle course. J'étais à mi-chemin quand je vis passer la balle au-dessus de ma tête, droit vers le receveur qui m'attendait sur le marbre.

Je m'autorisai un dernier coup d'œil vers les gradins, où le public s'apprêtait déjà à me huer, puis je l'aperçus. Elle.

Et pourtant, j'étais convaincu d'avoir fait le bon choix.

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Il fallait courir maintenant, juste courir, c'était tout ce qui comptait. J'avais l'impression de revivre un match de base-ball, dont l'enjeu serait ma vie et celle d'Elise. S'arrêter à ce pilier ? Au prochain ?