Swap

Chapitre 11 : Impossible

"Mais," objecta Elise, "ça veut dire qu'il veut annuler le Swap originel...Le tout premier ?"

En silence, et ayant l'air d'avoir abandonné toute conviction, Ernie hocha doucement la tête en signe d'affirmation.

"Qu'est-ce que c'est ?", demandai-je aussitôt, poussé par la curiosité.

Je n'obtins pas de réponse : il était évident que c'était une question trop personnelle.

"Il ne peut pas !", remarqua Elise, tentant de recentrer la conversation, "C'est bien trop loin dans le temps..."

Bnast resta longtemps muré dans son silence, cette fois-ci. Quand il reprit la parole, c'était d'un ton monocorde :

"Vous connaissez les limites du Swap ? Elles sont au nombre de trois..."

Question rhétorique. Ou alors, il nous prend pour des débutants.

"La vérité, c'est que ces limites ne sont qu'illusion. Un vrai mensonge qu'on se fait à nous-même pour nous donner un faux sentiment de sécurité."

Ses yeux brillaient d'intelligence, et il retrouvait peu à peu sa conviction. Ses révélations me gênaient de plus en plus, remettant en question tout ce que je connaissais du Swap auparavant. Un léger malaise flottait dans l'air quand Elise reprit :

"Silvan le sait...Il veut le moyen d'aller toujours plus loin, c'est ça ?"

"Jolie déduction.", approuva simplement Ernie. "Mais je ne le laisserai pas faire."

La situation ressemblait clairement à une impasse. Nous étions censés convaincre ce type d'accepter les exigences de Silvan, pour finalement nous rendre compte que quoi qu'il arrive nous étions perdants...

Si on revenait sans avoir réussi, il se débarrasserait certainement de nous sans hésiter, mais même si on lui amenait ce qu'il voulait, cela pourrait bien être la fin de notre réalité. Je jetai un regard en biais à Elise, espérant qu'elle aurait une idée pour qu'on s'en sorte. Et elle en eut une :

"Et si...", commença t-elle, hésitante, "...et si on le dupait pour le mettre hors d'état de nuire ?"

Ernie restait silencieux, les yeux dans le vague, et ne semblait pas avoir réagi du tout à la suggestion de la jeune femme. Un peu vexée, elle insista :

"On lui fait croire qu'on lui donne le moyen de contourner la limite temporelle, alors qu'en fait on lui fait faire quelque chose qui l'endort, l'assomme...ou pire", envisagea t-elle finalement, dans un rictus appuyé.

"Non, vous ne pouvez pas.", affirma t-il tout simplement sans sourciller.

Je commençais à apprécier l'idée de ma coéquipière et eut envie de la défendre :

"Mais on peut...", commençai-je, alors que Bnast me coupait déjà la parole.

"Non, vous ne m'avez pas compris. Quelque soit le plan que vous imaginerez, quelque soit l'ingéniosité de votre attaque ou le temps que vous y passerez, vous ne pourrez pas vaincre Silvan Yorks. C'est tout simplement impossible, vous m'entendez ? Impossible."

Je serrai les dents, piqué au vif, et vit qu'à côté de moi Elise avait la même réaction. Pour qui nous prenait-il ? Nous avions déjà déjoué plusieurs tentatives de meurtre de Silvan à notre encontre... Et même si je devais reconnaître qu'il était plutôt doué, j'étais convaincu qu'avec un bon plan d'action, on parviendrait à l'atteindre.

"Écoutez," fis-je excédé, "vous avez peut être renoncé à vous battre, mais nous, on va tenter quelque chose pour l'arrêter. Et on va y arriver.", conclus-je fermement, en donnant à Elise un regard sûr.