Épilogue : Ce qui n'allait pas

310 42 73
                                    

Le choc que je ressentis alors était tel qu'il me fallut plusieurs secondes pour intégrer pleinement ce qui venait de se produire. Non : elle ne pouvait être morte, c'était impossible...Et pourtant, son corps sans vie étendu devant moi, son regard vide de toute émotion, l'air froid et détaché de Silvan et cette connerie de masque était plantés là, comme une insulte à mon être tout entier.

Ma rage qui aurait dû exploser, se libérer enfin, retomba immédiatement avec tous mes espoirs : c'était terminé, il avait toutes les cartes en main.

"Espèce d'enflure !", lâchai-je simplement, reportant toute mon attention sur lui, espérant canaliser ma haine, sans succès.

"Je te dis que c'est réversible.", répéta t-il calmement, "Si tu fais ce que je dis."

Le silence qui s'installa m'aida à organiser mes pensées, complétement éclatées.

"Si," continua t-il "et seulement si tu parviens en vie, là où vous vouliez que j'aille."

Intrigué, mes sourcils se froncèrent dans un mouvement involontaire : pourquoi nous aiderait-il lui-même à exécuter notre plan contre lui ?

"Tu as cinq minutes.", annonça t-il, s'évanouissant sans un bruit, me laissant seul avec le corps d'Elise. Mais si je voulais la sauver, je ne devais pas en tenir compte : si je voulais la sauver, je devais faire ce que Silvan m'avait demandé de faire, sans réfléchir.

Le point de rendez-vous qu'on avait prévu de fixer était une centrale électrique situé à quelques centaines de mètres d'ici. Il suffirait de suivre la route pour y parvenir, mais quelque chose m'inquiétait...il m'avait prévenu qu'il fallait que j'y parvienne vivant. Cela signifiait très clairement qu'il n'hésiterait pas à mettre des embûches sur mon chemin. Alors, si c'était le cas, avait-il encore besoin de moi ?

Je décidai de repousser ces réflexions dans un coin de ma tête et de me mettre en chemin. Je quittai rapidement le bâtiment et me retrouvai face à la route qui me mènerait à destination. Je commençai à courir sur le trottoir, quand je fus témoin du plus grand Swap que j'eus jamais vu.

La route, le trottoir, les bâtiments, le monde entier en fait, tout se décala de quelques mètres vers la droite par rapport à moi. Je me retrouvai aussitôt en plein milieu de la route, cerné par les voitures qui roulaient à pleine vitesse...

C'était certainement la première chose qui m'était venue à l'esprit quand je me suis retrouvé dans cette situation pourrie.


Seul, debout, sur la route, face à des dizaines de voitures qui avançaient à toute vitesse, droit devant, comme des rouleaux compresseurs. Oui, j'y ai pensé tout de suite, à elle, à sa "recommandation"...


"Et voilà ce qui arrive quand on veut jouer à Dieu."


Tsss.

Si je n'avais pas eu d'autres choses en tête, je me serais sûrement empêché d'avoir cette pensée. Mais là, j'avais une chose plus importante à faire : sauver ma peau.

Les premiers véhicules me frôlèrent de près, si près que la bourrasque qui en résulta me déstabilisa et me jeta à terre, tandis que le vacarme des moteurs me vrillaient les tympans.

Serrant les dents, avisant un autre bolide fonçant sur moi, je roulais sur ma droite pour l'esquiver de justesse...et vit que la roulade allait me précipiter sous les roues d'une autre voiture, que je n'avais pas vue jusque là.

SwapOù les histoires vivent. Découvrez maintenant