Chapitre 2

65 3 4
                                    

J'eus à ce moment une envie irrépressible de crier mais je retins de toutes mes forces mon hurlement, m'étouffant la bouche de mes propres mains. La fille dont les yeux s'étaient révulsés avait désormais la clavicule entièrement ensanglantée. Ses genoux fléchirent et l'homme la poussa doucement. Elle s'écroula à terre tandis qu'il lâchait le couteau et s'enfuyait. Dès qu'il fut hors des toilettes, je me précipitais vers la fille, lui levant la tête pour la mettre sur mes genoux. Je la regardais, la pauvre était bien blessée mais pas morte. Je lui murmurais à l'oreille:

-Attends moi ici je vais chercher de l'aide.

Je me levais, sortais, ma jupe toute ensanglantée, le regard terrifié. Les gens me regardèrent avec peur tandis que je titubais à la recherche de Miss Tilley. Lorsque celle-ci arriva vers moi en courant, je sentis que ma mission était accomplie. Et je m'évanouissais.

Je rouvrais les yeux, me retrouvant dans l'infirmerie. Avec peine, je tournais la tête et apercevais la fille de tout à l'heure qui regardait le plafond. Elle tourna la tête vers moi et m'adressa un sourire lumineux.

-Merci beaucoup. dit-elle. Je m'appelle Emma, et toi ?

-Moi c'est Queen. répondis-je

-J'ai eu peur, j'ai bien cru qu'il allait me tuer.

-Qui était-ce ? demandais-je sans forcément attendre de réponse

Elle me regarda, m'adressant un regard qui voulait dire "je ne sais pas". Nous restâmes ainsi, dans un silence réconfortant qui nous plongea dans un profond sommeil. Je fus réveillée de même que Emma par la main fripée de Miss Tilley. Celle-ci nous demanda de tout lui raconter, ce que je fis sans plus attendre. Après quoi, elle nous dit:

-Ouf, quelle histoire farfelue. Bon, maintenant que vous vous êtes bien reposées, retournez chez vous.

Je balayais la couverture, enfilais mes Converses blanches et saisissais ma veste. Lorsque Emma sortit de son lit, je pus la contempler. Elle était petite et mince, ses yeux plissés et ses cheveux bouclés roux lui donnaient un air mignon tandis que ses tâches de rousseur et son sourire forcé lui procuraient une certaine beauté. Nous saisîmes nos sacs et sortîmes sans plus attendre de cette école de folie. Quelle première journée ! Je me mîs à marcher vers ma maison lorsque je remarquais qu'Emma me suivait doucement.

-Tu veux venir chez moi ? lui proposai-je enfin

Elle m'adressa un "Avec plaisir !" accompagné de son fameux sourire et, toutes les deux, parlant de tout et de rien, nous nous mîmes sur la route de ma maison. Une fois arrivées à la maison, je dus présenter Emma à ma mère qui était dans la cuisine à faire la vaisselle et à danser sur des musiques du groupe "Oh Wonder" qu'elle adorait. Elle ne remarqua même pas notre irruption dans la cuisine et je dus crier pour qu'elle interrompe la musique.Prenant Emma par l'épaule, je proclamais:

- Maman, voici Emma, c'est une fille de mon collège. Emma, voici ma mère mais tu peux l'appeler tante Mary.

Ma mère, lui adressant l'habituel sourire jovial qu'elle adressait à tout ceux qui venaient chez moi, voulut la serrer dans ses bras mais elle ne fit pas attention à l'assiette qu'elle avait dans les mains qui alla se fracasser contre le sol.

- Oops ! fit-elle

Et, tous ensemble, nous éclatâmes de rire.

1.FleeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant