Deux Mondes, Deux Vies.

Chapitre 5

Mes yeux restent immobiles, ils bloquent sur un point imaginaire. Je sais que les garçons me regardent avec insistance mais aucuns sons ne parviennent à sortir de ma bouche. Les deux mains refermées sur le verre d'eau vide, c'est inconsciemment que mon emprise se resserre. Bien trop d'ailleurs. Un bruit de verre brisé me fait sortir de ma rêverie. Lorsque je regarde d'où il provient, je remarque du sang qui perle sur mes mains. La plus endommagée étant évidemment avec celle que j'écris... Foutue malchance.

" Non mais ça va pas bien ! Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez elle ?! Voilà pour quelle raison je ne voulais pas l'aider, elle est cinglée ! Crie Jared en s'adressant à tout ceux présents.

- Fous moi la paix pauvre demeuré ! c'est ainsi que je réponds, sans hésitation. Bien que je devrais me méfier, ce petit Jared n'a pas l'air de m'apprécier et je ne connais pas ses réactions. D'autant plus qu'il est sans doute capable de faire exactement comme Sam...

- Pardon ? demande-t-il comme si je ne dois pas répéter une nouvelle fois ma phrase.

- Tu ne comprends donc rien ? Je te disais... Ma tête flanche sur le côté, laissant ma phrase sans fin. Jared vient de me retourner une baffe monumentale, et je dois avouer que je ne m'étais pas préparée à cela. Ma joue commence à être moins engourdie, je relève la tête lui adressant le regard le plus noir possible. 

- Ça n'est peut-être pas suffisant ? me met-il en garde en se rapprochant d'un peu plus près, me toisant haineusement. 

Inutile de lui répondre, ce ne serait que lui apporter satisfaction. Sans réfléchir -une fois encore- je le bouscule pour me diriger vers la porte d'entrée. Emily me supplie de revenir tandis que Sam s'en prend verbalement à Jared. Je n'écoute rien, ni personne, si ce n'est moi. Je reviendrai, c'est certain, mais pour le moment je préfère prendre l'air. 

Je sais exactement où aller, non loin. Je jette mon dévolu sur l'endroit où Sam et Jacob m'ont emmenée tout à l'heure. Normalement j'ai le chemin en tête, et suffisamment de batterie -j'espère- pour éclairer la pénombre qui m'entoure. 

Je longe le ponton le plus vite possible, et m'aventure dans les bois. Je n'ai nullement envie qu'Emily ou bien Sam me force à revenir maintenant. Le flash de mon téléphone est maintenant allumé afin de voir où je pose mes pieds. Je ne sais plus très exactement quel chemin nous avons pris, alors c'est approximativement que j'arpente les environs. Malheureusement, mon téléphone a décidé de me lâcher, manque de batterie... Tant pis ! Je continue dans le noir. J'avance prudemment dans la pénombre, celle-ci m'angoisse, je n'ai jamais été à l'aise avec la nuit. C'est assez étrange, je n'aurais pas réagis de la sorte en temps normal. Le fait d'être en pleine nuit dans un bois aurait largement suffit à faire redescendre ma nervosité... Complètement absurde de traîner la nuit dans un pareil endroit, sachant ce que je viens de voir, et ce que je sais des créatures qui s'aventurent non loin ! Il faut croire qu'être restée auprès d'une sorte de créature, me donne un élan de courage dans mon corps de petite humaine sans défense ? Peut-être pas finalement, je commence à avoir des longs frissons à force de penser aux éventuelles péripéties qui m'attendent derrière les couloirs d'arbres...

Un bruit retenti. Je me retourne mais rien... Je continus donc mon chemin. Un nouveau bruit, un craquement de branche. Apeurée je me mets à courir le plus vite possible, mais je n'en peux déjà plus tant la peur agrippe mes entrailles ... Soudain je me fais percuter pas la gauche, puis plus rien...

Me voilà maintenant à terre, la tête posée sur un petit coussin. Je suis toujours dehors mais cette fois devant une immense maison. Je pense être dans un cauchemar, tout est fait pour me faire peur, tout est réunis pour un parfait cauchemar. Sans rire, je suis d'une malchance depuis ma rencontre avec Jacob : découverte d'un autre monde plein de créatures, pour le moins effrayantes. Et maintenant, je me retrouve en bas d'une maison qui m'est inconnue, je suis perdue, je n'ai plus rien pour m'éclairer... Je n'ose pas ouvrir les yeux. Mais je veux partir très vite, afin de ne pas avoir à faire aux propriétaires de cette grande battisse.