~Dystopia~ (Prof-élève)

Chapitre 2

Driiiiiiiiing Driiiiiiiing Driiiiiiiiiiing !
Driiiiiiiiing Driiiiiiiing Driiiiiiiiiiing !
Driiiiiiiiing Driiiiiiiing Driiiiiiiiiiing !

Au bout de quelques sonneries, je comprenais que le son strident que je maudissais d'ores et déjà n'était autre que mon réveil, sur mon téléphone. Je n'étais plus habituée à ce genre de choses. Juste à me réveiller aux alentours de midi, ne sachant pas si je prenais mon déjeuner ou mon petit déjeuner.

Je me saisissais de l'appareil et l'éteignais. Je n'avais pas envie de me lever. D'autant plus que j'allais devoir faire le chemin pour le lycée avec Mathias. J'étais vraiment accablée de malchance. Il allait encore me demander ce que j'avais, cela ne me réjouissait absolument pas.

Mais au moins, j'allais voir ma meilleure amie, Carla. Elle, pour le coup, je ne l'avais vraiment pas vue des vacances, et elle me manquait incroyablement. Qu'est-ce que le monde était fade et ennuyeux lorsque j'avais pour seuls camarades mes parents et ma soeur !

Heureusement, ma soeur en question n'étais pas là aujourd'hui, elle était chez une de ses amies depuis une semaine ou presque et ne semblait pas motivée à s'en aller.

Cela ne me dérangeait pas, au contraire.

Au bout d'un quart d'heure à peu près à ronchonner dans mon lit, et à jurer contre les heures auxquelles on nous faisait lever, je me décidai à m'habiller et à me préparer pour aller en cours. Même si l'envie était toujours absente, au moins, je voulais en finir avec cette première journée. D'autant plus que, pour la première fois, ils nous gardent jusqu'à 16h30. Le premier jour n'est pas la demi-journée habituelle mais la journée entière.

De quoi me faire retomber à la renverse contre mon oreiller qui me plaisait si bien alors. Mais je ne le fis pas, fort heureusement.

Une demie-heure plus tard, j'étais prête. Et c'était un temps record ! Ma mauvaise humeur s'en était allée et j'étais en pleine forme pour aller affronter et les reproches de Mathias et les cours.

Je sortai de chez moi en prenant une grande inspiration. Ça va aller, me répétai-je.

À peine ma porte fût-elle fermée que quelqu'un me sautait déjà dans les bras. C'était Carla. Je lâchai toutes mes affaires, y compris mon téléphone, qui frappa le sol avec violence, et l'étreignai fortement.

"Ça va, ma poule ? Me demanda-t-elle, en faisant une grimace stupide.

Elle pris mon sac et mon téléphone sur le sol et me les balança dans les bras.

-Ouais ça va, et toi ? J'ai l'impression que ça fait des années que je ne t'avais pas vue ! Remarquai-je.

Elle se saisit de mon bras droit et m'emporta à toute allure à travers les rues, l'air impatiente d'arriver au lycée, tout en m'offrant son traditionnel sourire qui avait le don de me mettre de bonne humeur.

-Bah moi ça va. D'ailleurs je dois te présenter à quelqu'un", dit-elle, prenant un air malicieux.

Je me doutais bien qu'il devait s'agir d'un nouveau grand amour, qu'elle quitterait, lassée, quelques jours plus tard. Et je ne me trompais pas.

*

Arrivées devant la porte de l'établissement, elle embrassait langoureusement une personne qui m'était inconnue. Il était grand en taille, mais aussi plus vieux en âge, si je ne me trompais pas, avait des cheveux très courts bruns et des yeux vert pomme.

Je le saluai, indifférente, et me hâtai de le séparer de Carla, afin que nous puissions aller voir nos classes.

Le panneau d'affichage était, comme lorsque j'étais encore en troisième, attaché au mur de la permanence du bas. Une foule immense et qui m'était fort désagréable se pressait dessus. Je ne supportais pas ce genre de mouvements d'agitation.

Mais si je voulais savoir dans quelle classe j'étais, il fallait bien que je m'oblige à aller voir. Je me frayai un chemin entre les amies en pleurs, les nouveaux élèves, et les surveillants qui tentaient vainement de mettre de l'ordre dans la cohue.

Je fis le tour de toutes les classes avant de tomber enfin sur la mienne. La 2ndeE. Je poussai un cri de joie lorsque je vis que Carla était dans la même que moi, pour une fois ! Notre professeur principal était une jeune femme que je ne connaissais que de nom. Elle enseignait l'Histoire-Géo, si ma mémoire était bonne.

J'accourrai vers Carla et sautai dans ses bras, trop heureuse pour agir autrement.

Quelques minutes plus tard, Mme Soreny venait nous chercher et nous menait à notre salle de classe. Elle était au deuxième étage, et je soupirai d'avance de devoir grimper ces escaliers tous les jours pendant presque un an.

Elle ne nous autorisa pas à choisir nos rangs, uniquement la personne qui serait notre voisine. Elle m'assigna à la place juste en face du tableau, au premier rang. Carla se pressa de m'y rejoindre, aussi blasée que moi d'être contrainte de se retrouver aussi près des professeurs. Ce n'était pas tellement eux qui nous dérangeaient, mais le fait que les possibilités de bavardage à cette place étaient très réduites.

J'eus ensuite la mauvaise surprise de constater que la personne derrière moi serait Mathias, qui me regardait avec un regard assassin, me rappelant que je n'avais pas fait le chemin avec lui le matin. Agacée par ses manières, je l'ignorais.

"Bonjour à tous, je suis Mme Soreny, votre professeur principal mais aussi votre professeur d'Histoire-Géo, nous annonça-t-elle, d'une voix enjouée. Pour commencer je vais vous donner la liste de vos professeurs, qui vous ravit toujours incroyablement et ensuite je vous donnerai votre emploi du temps."

Elle commença à noter au tableau des noms et des matières, qui généraient soit des cris de joie soit des soupirs de détresse.

Mme Meggins, Anglais LV1-LV2. Cris.
M Villemont, Français et Lettres supp (option). Soupirs.
Mme Hole, Physique. Cris.
M Renard, SVT. Soupirs.
Mme Beaurang, Mathématiques. Soupirs.
Mme Hans, Allemand LV1-LV2. Soupirs.
Mme Corzino, Italien. Cris.
Mme Mornand, Espagnol. Cris,
Mme Giraudoux, SES (économie simplifiée). Énormes soupirs.
Mme Lemaître, Sport. Aucune réaction.
Mme Sergent et M Ferry, Littérature et Société (enseignement obligatoire). Soupirs.
M Rolland et Mme Mérou, MPS (sciences supp) (enseignement obligatoire). Soupirs.
Mme Bernier, Latin (option). Aucune réaction.
M Bergeaux, Arts Plastiques (option). Cris.

Une fois cela terminé, elle expira et entreprit la distribution de nos emplois du temps.

Une fois le mien dans les mains, je crus faire un arrêt cardiaque. Je n'avais pas, mise à part ma pause du midi, la moindre heure de permanence ou de pause quelconque. Il fallait dire qu'avec mes deux options de Lettres supp et Latin, je ne pouvais pas m'attendre à être libre le mercredi comme certains dans ma classe, n'ayant pas pris ce genre de matières.

Malgré cela, j'étais satisfaite. Ma classe, dans l'ensemble, ne semblait pas si mal, en plus, j'étais avec Carla. Et pour les professeurs, tant pis s'ils étaient aimables ou non. Je pouvais me débrouiller sans leur parler.

Mme Soreny poursuivit son spitch habituel de la rentrée, je l'écoutais à moitié, perdue dans les nouvelles informations que je devais assimiler et le récit que me faisait ma voisine de ses vacances en Italie.