Chapitre 2

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Je ne suis pas réellement née avec les yeux de cette couleur. Enfin, d'après les photos que j'ai pu trouver dans les vieux cartons, je suis née comme la plupart des nourrissons, c'est à dire avec les yeux bleus marines.

Cette couleur est restée quelques mois, avant de laisser progressivement place à ces étranges iris.

J'en avais tellement honte. 

Quand j'étais plus jeune, on me posait des milliards de questions à propos de mes yeux. Les médecins ne comprenaient pas ce phénomène. J'ai effectué de nombreux test, tous défectueux. En effet, mes parents voulaient savoir ce qui clochait chez moi.

Pourquoi mes iris n'étaient pas comme ceux des autres ? Cette pigmentation anormale ne s'expliquait pas. On a pensé à un problème de gènes, à une maladie rare, mais toutes les recherches effectuées ne menèrent à rien.

Mes parents ont alors décidé d'arrêter toutes ces visites médicales, car j'étais clairement prise pour un animal d'expérience scientifique.

Certes, ce n'était pas grave à proprement dit, ni même handicapant, mais je n'aimais pas cette nuance prune sur mes iris, je ne me sentais pas comme les autres petites filles.

Pour mon 10e anniversaire, j'ai demandé à mes parents une paire de lentilles de contact. Ils avaient naturellement accepté, et nous avions été la chercher ensemble. J'avais décidé d'en choisir une bleu, comme les yeux de ma mère. Cette dernière avait été très touchée par ce petit signe d'affection. 

Ils avaient naturellement accepté, et nous avions été la chercher ensemble. 

Perdue dans mes pensées et toujours face à mon miroir, je me ressaisi en me frottant le visage avec mes mains puis décida de me diriger vers la salle de bain.

Sous la douche, l'eau brûlante qui coulait sur mon corps me détendit et me fit oublier pendant quelques instants la reprise des cours. Ce n'est pas que je détestais l'école, mais comme n'importe quel adolescent je préférais passer mon temps à m'occuper qu'assise des heures sur une chaise.

Cependant, j'étais loin d'être une mauvaise élève. J'étais même plutôt douée, surtout en littérature. J'adorais écrire. Cela me permettait de créer mon propre univers, chaque petit détail me permettait de fabriquer mon monde parfait.

J'aimais aussi les cours de langues étrangères. Pour moi, avoir la possibilité de comprendre ou de se faire comprendre par des gens ayant une autre culture, un autre mode de vie me semblait tout simplement extraordinaire.

Lorsque je sortis de la douche, j'attrapai au passage une serviette puis allai chercher mes vêtements. J'enfilai rapidement ma tenue.

Je secouai ma chevelure en fronçant les sourcils.

-« On va essayer d'arranger ça ! » dis-je toute seule à voix haute.

Je me lissai les cheveux rapidement. Ensuite, je sortis de ma table de chevet la boîte où se trouvaient mes lentilles.

Je m'asseyai devant ma coiffeuse et fixai mes propres yeux. Je me dépêchai d'y insérer les lentilles, car je ne supportais pas vraiment de voir mes iris ainsi.

Lorsque mon regard était redevenu semblable à la couleur de l'océan, je souris idiotement. Je me reconnaissais enfin.

Une fois prête, je pris mon sac qui se trouvait sur mon bureau avant de dévaler les escaiers.

-« Nina ! Alice est arr! » commença ma mère avant que je ne la coupe en débarquant à ses côtés.

-« On peut y aller! répondis-je vivement. Salut maman, salut papa, à ce soir ! » dis-je en me dépêchant de rejoindre Alice, ma meilleure amie, qui m'attendait au seuil de la porte.

Tous les matins, elle passait me prendre pour que l'on fasse ensemble le chemin à pieds menant au lycée. Nous n'habitions pas très loin l'une de l'autre , et c'était toujours agréable de pouvoir être accompagnée au lieu de marcher seule.

-« Bonne journée ma puce ! » ; répondis ma mère, consternée par ma rapidité, avant de refermer la porte derrière moi.

J'échangeai un regard complice avec ma meilleure amie avant de la serrer dans mes bras.

- « Aliiiiice ! »

-« Ninaaaa ! »

Nous explosions de rire.

-« Tu m'as manquée ! » lança t-elle, avec un grand sourire.

-« Toi aussi ! » répondis-je.

Nous quittions ma maison avant d'avancer à pied vers le lycée. Le temps était radieux.

-« Alors, raconte ! Comment se sont passées tes vacances en Californie ? Tu as rencontré un surfeur ? Je veut TOUT savoir!» commença-t-elle, surexcitée. Je lui souris.

Alice avait toujours été comme ça avec moi, cela me faisait plaisir de la revoir.

Elle était une fille agréable, toujours très enthousiaste (parfois même trop) avec moi.

Cependant, elle avait du mal à rentrer en contact avec les autres élèves, ce qui était assez incroyable car avec moi, elle était incroyablement bavarde. De plus, elle correspondait physiquement aux critères des populaires. Elle était grande, très mince, avait la peau noire et un magnifique sourire. Elle était également une pure génie en mathématiques, et moi seule le savait.

Le temps du chemin à pieds, je pus lui raconter mes grandes vacances de A à Z.

-« Whaouu, ça avait l'air juste ex-tra-or-di-naire tes vacances ! Bon, j'aurai cru que tu m'aurais ramené un beau Californien mais bon... » dit la brune avec un sourire narquois.

-« Alice ! » m'écriais-je sous un air faussement choqué, en lui donnant un coup de coude.

Quand nous arrivions devant le lycée, je déclarai :

-« Bon, j'ai tellement papoté que tu n'as même pas eu le temps de me raconter les tiennes ! »

–« On aura tout le temps ce midi ! » annonça Alice.

Nous nous dirigions à l'intérieur du lycée en silence. Je montai les marches sans grande conviction.

Nous rejoignons ensuite les casiers. Par chance, le mien était presque côte à côte de celui de ma meilleure amie. J'y déposais mes affaires pour n'y prendre que le nécessaire.

-« T'as quoi là comme matière ? »demandais-je en même temps que la sonnerie s'enclenchait.

Je voyais qu'elle était en train de fixer quelque chose derrière moi.

-« Tiens tiens... » dit-elle en fronçant les sourcils.

Curieuse, je me retournai instinctivement pour voir ce qui attirait son attention.

J'aperçu Olivia Forbes, la « miss populaire du lycée », en train d'embrasser langoureusement et appuyée contre son casier un garçon de façon extrêmement vulgaire. Elle portait un mini short, des hauts talons et enroulai sa jambe autour de celles du brun.

Je fis la moue, et déclara sèchement à Alice sans pour autant me retourner :

-« Quelle pimbêche celle-là alors. A peine le premier jour de terminale, qu'elle nous la joue déjà prostituée. Comment les gens font pour l'apprécier, sérieusement ? »

Mon regard fixateur du interpeller la rousse qui me défia du regard. Elle se mordit ses lèvres avant de sourire de façon idiote.

Je me retournai, en colère.

-« Tu as vu comment elle me provoque ! Elle est tellement ridicule avec ses attitudes sexuelles publiques, elle me dégoûte. »

-« Ignore-la, elle n'en vaut pas la peine. Fit Alice en soupirant. Je n'aurais pas cru que Ethan était avec elle. On était en cours d'histoire l'an dernier, il me paraissait sympa. Je ne connaissais pas ses fréquentations à vrai dire... Bref ! »

Alice soupira.

-« Bon, ça a déjà sonné, je vais être en retard, je te laisse. A plus ! » dit Alice avant de presser le pas vers un couloir.

Réalisant que j'allais l'être moi aussi si je ne me dépêchais pas, j'accouru vers ma classe d'espagnol.


Iris VioletsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant