Laissez Moi Aimer - Tome 1

10.

Nous n'avions pas bougé de nos places. Axelle était toujours debout et moi assise. Je sentais mon téléphone vibrait toutes les secondes, sûrement Ella qui s'inquiétait de ne pas avoir de nouvelles. Des larmes ne cessaient de couler sur mes joues.

"Et toi tu me le dis que maintenant ? "

Je levai la tête vers mon amie, incomprise, et essuyai mes larmes. Elle avait le sourire aux lèvres.

"Hein? Tu étais au courant ?

- Ben oui, elle s'approcha de moi et s'agenouilla, vous vous dévorez du regard tout le monde. Vous êtes accrochées l'une à l'autre, on dirait des sangsues !

- Alors, tu le prends bien?

- Bien sûr, je voulais te faire une blague mais quand j'ai vu que tu pleurais j'ai arrêté la comédie. Je suis contente que tu me l'aies enfin dit ! Qui est au courant?

- Seulement toi. Je n'ose pas le dire à quelqu'un d'autre. Tu sais à quel point les nouvelles courent vite au lycée, et tu connais la cruauté de certaines personnes.

- Je te comprends, mais tu peux le dire à Thibault au moins. Il sera ravi de connaître quelqu'un comme lui."

Je haussai les épaules et souris. Elle poussa un petit cri de joie et vint me prendre dans ses bras.

On resta une bonne heure sur l'herbe à parler. Je lui expliquai tout depuis le début et lui montrai quelques photos d'Ella et moi sur mon téléphone. J'étais soulagée de l'avoir enfin avoué à quelqu'un, mais surtout rassurée qu'elle l'ait bien pris.

*

Axelle venait de partir. Je regardai encore par la fenêtre du salon sa voiture s'en aller, le sourire aux lèvres. J'étais si heureuse de cette journée, si heureuse d'avoir pu me confier à ma meilleure amie. Ella était toute excitée, elle avait hâte à lundi pour me sauter dans les bras et m'embrasser tellement elle était contente que quelqu'un le sache. Je restai un bon bout de temps sur ma chaise à regarder les gouttes de pluie coulaient contre la vitre. Il avait plu quelques temps après ma déclaration et on avait dû rentrer si nous ne voulions pas être trempées. Sur le chemin nous avions croisé Dimitri, Axelle était tellement contente de le voir qu'elle n'osait rien dire. Il l'avait remarqué et il semblait gêné lui aussi. A mon plus grand étonnement il l'a invité à sortir en ville le lendemain après-midi. Ils étaient adorables ensemble.

Le téléphone fixe en face de moi sonna et me fit sortir de mes pensées. Je m'apprêtai à décrocher quand je vis ma mère arriver en courant et le prendre. Elle partit dans la cuisine et je compris que la personne à l'autre bout du fil était ma grand-mère. J'entendais la discussion mais je n'y fis pas attention jusqu'au moment où ma mère prononça mon prénom. Je me levai et me dirigeai vers la cuisine et pris une pomme dans le bol à fruits. Je m'assis sur une chaise et fis semblant de jouer sur mon téléphone alors que j'écoutai toute la conversation téléphonique de ma mère, qui n'avait même pas remarqué ma présence. Je compris qu'elle parlait d'une cousine que j'ignorais le nom et qu'elle me comparait à elle. Elle disait que mes notes étaient désastreuses ainsi que mon comportement. Elle raccrocha puis se retourna et fut surprise de me voir dans la pièce.

"Sacha! Tu m'as fais peur, s'exclama t-elle surprise, le téléphone sur la poitrine.

- C'était qui ? demandai-je même si je savais très bien de qui il s'agissait.

- Ta grand-mère, elle marqua une pause, tu savais qu'Amélie était entrée dans un lycée strict parce qu'elle avait des mauvaises notes et ne parlons même pas de son comportement vis-à-vis de ses professeurs. Et maintenant elle s'est complètement métamorphosée !

- C'est qui Amélie?

- Oh tu sais très bien ! Ta cousine, la fille de ta tante Marlène.

- Ben non je sais pas. Marlène j'ai dû la voir deux fois dans ma vie, quand j'avais cinq ans. Bref."

Je me levai en jetant mon trognon de pomme dans la poubelle. J'avais bien compris que ma mère voulait que je travaille mieux pour ne pas que je finisse comme ma cousine.

"Si tu continues comme ça, je te mettrais dans un lycée spécialisé aussi."

Un frisson parcourut mon corps quand j'entendis ces mots. À ce moment-là, je pensais à ce qui pourrait arriver si je n'améliorais pas mes notes; me retrouver séparée de mes amis mais surtout de ma petite amie Ella. Je fis comme si je n'avais rien entendu et montai dans ma chambre en furie.