Laissez Moi Aimer - Tome 1

25.

À peine je sortais du transport scolaire que je vis Ella courir vers moi, le sourire jusqu'aux oreilles. Je vis Axelle, derrière, qui marchait doucement vers nous. Je ne réalisais pas ce qui se passait quand Ella me sauta dans les bras, et je ne sus que refermer mes bras autour de sa taille. Elle me serra et j'étouffais presque, mais j'appréciais le moment. Elle glissa son visage dans mon cou et je l'entendais murmurer des mots mais je ne compris que: je suis si contente.
Axelle venait de nous rejoindre, elle ne semblait pas aussi heureuse que ma petite amie. J'avais toujours Ella dans mes bras, je la tenais comme si elle était une petite fille.

"Elle vient d'apprendre que tout le lycée est au courant pour vous deux, m'expliqua Axelle, le visage inquiet."

Je balayai la cour du regard et je constatai que tout le monde avait les yeux rivés sur nous, la plupart un téléphone à la main, sûrement entrain de nous filmer ou nous prendre en photo. J'entendais des personnes nous huer et d'autres nous jurer. Ella ne devait sûrement pas entendre tellement elle avait le visage enfoui dans mon cou et recouvert par mes longs cheveux. J'avais envie de pleurer et de hurler, je me mordis la lèvre pour m'y empêcher mais, manque de chance, ma lèvre se remit à saigner. C'est à cet instant là qu'Ella décida de se détacher de moi, son sourire disparut quand elle me vit les larmes aux yeux et la lèvre blessée.

"T-tu es blessée.. Ma chérie merde... Qu'est-ce qu'il s'est passé? me demanda t-elle, les sourcils relevées et les yeux brillants.

- Laisse, c'est les abrutis du car, mais ça va, je suis avec toi maintenant, répondis-je avant de passer un mouchoir sur ma lèvre inférieure. "

Je savais que tout le monde nous regardait, mais je ne pus m'empêcher de coller Ella contre moi et de l'embrasser. Non, je ne l'embrassais pas sur la joue comme une simple amie. Non, je décidai de l'embrasser sur la bouche comme un couple. J'entendis encore plus d'insultes suite à ce geste, mais je m'en moquais. Tout le lycée était au courant et que je l'embrassais ou non n'allait rien changer. On nous regardait comme si nous étions des monstres, différentes d'eux, anormales.

*

La journée s'était enfin finie après un cours ennuyeux et interminable de français. Je m'étais, enfin nous nous étions Ella et moi, beaucoup faites insulter, une fille de première avait même tenter de nous frapper mais Thibault avait pris notre défense. D'ailleurs, Rémi n'était pas venu en cours et Axelle s'était inquiétée durant toute la journée, surtout que personne n'avait de nouvelle de lui. Je décidai de lui envoyer un SMS.

De Sacha: Salut Rémi, ça va? Personne a de nouvelles de toi, on est tous inquiets.

Je me rappelai alors qu'il n'avait pas été là quand j'avais eu des problèmes la veille. Peut-être qu'il n'avait aucune envie de me voir, que je le dégoûtais.

J'entendis qu'on s'assit à côté de moi et je reconnus le parfum d'Ella. Je ne dis rien et je sentis sa tête se poser sur mon épaule et elle soupira. Je pris sa main et la lui caressai avec mon pouce. Elle soupira à nouveau et je décidai de l'interroger:

"Qu'est-ce qu'il se passe?

- J'ai plus aucune nouvelle de Rémi. C'est mon meilleur ami, imagine qu'il ne veut plus me parler."

Je passai mon bras autour d'elle et la rapprochai un peu plus de moi. Je déposai un baiser sur le front et elle se calla confortablement dans mes bras. Les gens qui passaient devant nous regardaient avec surprise mais nous ne faisions pas attention à ça.

"Hé la gouine, il y a ton car! Grouille ton cul! me dit un garçon de mon bus en passant devant l'arrêt, avant d'y monter."

Je me levai du banc et embrassa chastement les lèvres d'Ella et la rassurai pour son meilleur ami. Je pris mon sac et me dirigeai vers le bus qui avait déjà avancé quelques rues après.

*

À mon grand étonnement, le trajet en bus se passa bien. Je n'avais pas eu beaucoup d'insultes, voire pas du tout, ou alors c'est qu'elles ne m'atteignaient plus. Une fille était venue me voir, elle semblait toute gênée, elle m'avait demandé si toutes ses rumeurs étaient vraies et je n'eus le choix de lui répondre oui. Elle m'avait dit que j'avais été très courageuse, et je la remerciai, au moins une personne inconnue du lycée qui n'avait pas envie de me tuer.

Mon bus s'arrêta dans ma rue et je me levai, les jambes tremblantes, j'avais un mauvais pressentiment.

"Bonnes vacances, s'exclama Thibault.

- Merci, à toi aussi, lui répondis-je. "

J'avais complètement oublié que c'était les vacances de printemps, j'étais plutôt rassurée d'ailleurs. Je traversai l'allée et au moment où je descendais les marches, je sentis deux mains sur mon dos, me poussant à terre. Je loupai la dernière marche et m'écrasai sur le trottoir. Mon nez saignait et mes mains écorchées. Je me relevai difficilement et aperçus, sans grande surprise, Dimitri ricana en me montrant du doigt. Je l'ignorai et ramassai mon sac et mon téléphone qui étaient tombés. Je passai devant mon voisin, et je l'entendais me murmurer, d'un ton sadique:

"Bonnes vacances Sacha."

J'eus froid dans le dos, le ton qu'il avait employé était si effrayant, comme s'il n'avait pas fini sa vengeance. 

Je marchais difficilement vers ma maison, j'étais retombée sur le genou gauche et j'avais du mal à marcher normalement. Je remarquai qu'il n'y avait aucune voiture dans la cour. Je me sentis soulagée. Je n'avais qu'une envie: être seule.

Je sortis les clés de la poche de mon sac et essayai d'ouvrir la porte, mais je fus interrompue par le bruit d'une voiture qui se garait. Je fis tomber les clés, et lorsque je me baissai pour les ramasser, une voix familière se fit retentir.

" Sacha !"

Je tournai la tête et je le vis. Je fronçai les sourcils, qu'est-ce qu'il fait là ? Il semblait affolé, et je n'eus le temps de réagir qu'il courut vers moi.

Que pensez-vous du comportement des lycéens envers Sacha? Réagit-elle de la bonne manière ?