Six

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Plus les semains passent, plus l'aiguille de la balance va loin. Je sors de l'hôpital au bout de trois semaines. Tobias me redonne tout l'espoir nécessaire pour ma reprise de poid, il me félicite à chaque gramme en plus sur le compteur. En plus des repas normaux, j'ai un traitement que je dois respecter à la lettre.Aujourd'hui je rentre chez moi, je redoute horriblement mon entrée dans la maison. Elle a été si violente la dernière fois, une boule énorme se forme et dans ma gorge mais aussi dans mon ventre. Dans la voiture, nous ne parlons pas, mon copain est aussi inquiet que moi, je le vois à ses doigts crispés sur le volant. Je tente de le rassurer encore mais ces derniers temps il est préoccupé par sa grand mère qui s'éteint à feu doux. Je lui ai juré d'être là pour lui au moment du départ, j'ai appris à quel point il est attaché à cette brave femme qui a survécut à trois cancer mais qui ne supporte pas le quatrième, elle est fatiguée de lutter. Tobias l'as bien compris que cette fois-ci elle se laisserait vaincre par cette ravageuse et bien horrible maladie. Ma tête repose sur la vitre de la voiture, je sens une source chaude sur ma cuisse, je regarde en souriant la main du beau garçon qui m'accompagne en posant à mon tour ma main ou même endroit que la sienne. Je reconnais ma rue, toujours aussi flippante. Il s'arrête juste devant l'entrée de l'immeuble en ruine. Je souffle avant de sortir de la voiture, je fais le tour et embrasse Tobias avant de rentrer dans le hall sinistre. Je avec prends les escaliers et monte au cinquième étages, je trouve ma porte, je toque avec précaution. C'est un homme qui ouvre, il me toise et je le dévisage. Ma mère apparaît derrière un air de dégout accroché au visage.

- Tu n'es plus la bienvenue ici.

Je la regarde en restant le plus neutre possible, je ne dois pas lui faire voir que je suis profondément atteinte par ces mots.

- D'accord, est-ce que je peux récupérer mes affaires au moins ?

- Mais bien entendu, tu trouveras des valises dans ton armoires.

Je m'active dans ma chambre, je ne prend pas la peine de plier mes vêtements. Deux valises suffisent largement pour contenir toutes mes affaires. Une vingtaine de minutes après mon arrivée, je repars sans même dire au revoir. Je ne sais pas ou je vais aller, je n'ai pas d'argent et plus de batterie sur mon portable. Génial ! Si je retournais à l'hôpital ? Non, trop loin. Je pourrais peut-être appeler Tobias à la rescousse ? Non, plus de téléphone. Je marche jusqu'à la ville, qui est loin de chez moi. Je trouve une pharmacie pas très propre et malfamé, je rentre et une petite clochette sonne mon arrivée. Une jeune femme au cheveux bleu électrique m'accueil. Je demande poliment le téléphone et elle accepte en repartant dans la réserve de médicaments. Le seul numéro que je connais mis à part celui de ma meilleure amie c'est celui de Tobias. Je compose le numéro et attend en tapant du pied, il répond à la seconde sonnerie.

- Allô ? Ça ne va pas ? Demande-t-il.

- Non... Ma mère m'a chassée et maintenant je suis dans une pharmacie avec comme propriétaire une fille aux cheveux bleu... Sangloté-je.

- Ne bouge pas, d'accord ? Je viens te chercher.

Il raccroche et j'attend devant la boutique, sous la croix verte qui brille. J'ai l'air tâche avec mes deux bagages de chaque côté de moi. Le soleil descend vers l'est et je m'assois sur le bord du trottoir, une voiture s'arrête devant moi et une portière claque. Il m'aide à me remettre debout puis enfouit mes valises dans le coffre. Je prend place sur le siège passager et il remonte. Il me regarde je le sais bien et je détourne le regard, j'ai tellement honte de lui demander de m'abriter. Il prend ma main et y dépose un baiser, c'est la première fois qu'il me fait ça et je dois avouer que ce n'est pas désagréable, des frissons remontent le long de mon bras et je cache un sourire en me mordant la lèvre inferieur. Je l'entend rire et il démarre direction ma nouvelle maison.

~Anorexie~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant