Chapitre 2 : Lumière, tu m'éblouis.

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   Anis, perdu dans ses pensées, marchait avec lassitude le long de la plage, laissant ses pieds chaussés de sandales s'enfoncer dans le sable fin. Vêtu d'un bermuda bleu ciel et d'un T-shirt blanc orné d'un fier palmier. Il s'était volontairement habillé de façon décontractée n'ayant pas voulu faire le moindre effort pour paraître présentable. C'était comme s'il avait voulu exprimer son mécontentement à l'idée d'aller réclamer l'aide de sa tante. C'était un peu puéril comme attitude, il voulait bien l'avouer. Mais la répulsion qu'il ressentait à l'égard de cette femme, l'empêchait de faire preuve de bonne volonté.

   Marseille était étrangement calme en ce mercredi matin. Il était encore trop tôt pour que la plage attire du monde. Anis en était heureux. Il ne voulait croiser personne. Il était d'humeur morose et il appréciait la tranquillité de ce début de journée. Ce qu'il s'apprêtait à faire le mettait hors de lui. Il avait bien dû s'y résigner n'ayant pas vraiment d'autres choix. C'était peut-être ce qui l'énervait le plus. Il avait l'impression de ne pas pouvoir diriger sa propre vie comme il l'entendait. Le bar commençait à apparaître dans son champ de vision. Le Juhira, qui signifiait bijou en arabe. Ce simple nom agaçait le jeune homme. Il évoquait richesse et beauté. Cela donnait une image de préciosité, comme-ci ce bar était un trésor, un joyau, quelque chose de rare et d'unique. En s'approchant un peu, il put constater que l'allure du bâtiment était parfaitement en accord avec son nom. Le lieu était gigantesque. Des tables parsemaient la plage entourée d'une quantité de palmier. Le mur faisant face à ce décor était entièrement constitué de baies vitrées. Le jeune homme pouvait donc apercevoir l'intérieur dont les tons noir et argent semblaient dominer. Il s'approcha de la porte d'entrée, vitrée elle aussi, et hésita la main posée sur la poignée. S'il s'écoutait, Anis irait voir ailleurs, continuant ses recherches. Mais il savait pertinemment que cette chance était inespérée et s'il voulait faire preuve d'un minimum de maturité, il allait devoir la saisir. Il inspira un grand coup, et poussa la porte avant de changer d'avis. Un homme, d'à peu près son âge, était debout derrière un grand comptoir immaculé. Il le regardait étrangement, sans doute intrigué par son hésitation, qui avait tout de même duré quelques minutes. Anis tourna à son tour son attention vers lui et fut frappé lorsque leurs yeux se croisèrent. L'une de ses prunelles était d'un joli marron noisette et l'autre d'un vert profond, hypnotisant. Le mélange était saisissant. Ces deux orbes colorés le perturbaient. Sûrement des lentilles se dit-il après s'être détaché de ces iris si déstabilisant.

   -Euh... bonjour ? Hasarda Anis, la voix vacillante.

   -Je te sers quelque chose ? demanda le barman sans cesser de le fixer.

   Le jeune homme déglutit, ne sachant que répondre. Devait-il prendre un verre et le boire sous le regard de cet étrange personnage ou demander sa tante immédiatement ? Son vis-à-vis haussa un sourcil agacé, attendant visiblement une réponse. Réprimant un frisson, Anis finit par ouvrir la bouche :

   -N... Non merci. Je voudrais simplement parler à la directrice.

   L'homme en face de lui afficha alors un air moqueur.

   -Et qui es tu pour demander ça ?

   Le rouge monta alors aux joues du jeune tunisien. Il avait parfaitement senti la pointe d'ironie dans la voix de l'homme qui se moquait clairement de lui. Cela aurait dû l'énerver. Il était d'habitude susceptible. Mais étrangement, il était plutôt embarrassé, presque honteux.

   -Son... Son neveu, finit-il par articuler.

   Le barman le jaugea d'un air dubitatif. Il finit par contourner le comptoir noir éclatant, avant de faire signe à Anis de le suivre. Il l'entraîna dans un coin reculé portant l'enseigne interdit au public. Ce passage donnait sur un grand escalier suivit d'un couloir. Le serveur le fit attendre et pénétra dans une pièce. A peine une minute plus tard il en ressortit et lui ordonna de rentrer à son tour. Le jeune homme s'exécuta. La salle était spacieuse. Il n'y avait que peu de meuble faisant paraître l'espace encore plus grand. Une grande étagère pleine de livres et de papiers trônait fièrement contre un mur. En face, un bureau fait d'un verre translucide et brillant où était installée une fausse blonde. Celle-ci lui fit un sourire qui lui mangeait la moitié du visage et tirait ses traits dans une expression crispée. Elle semblait plus rayonnante qu'un soleil.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 24, 2016 ⏰

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