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Je présente au vigile mon carton d'invitation, et il me laisse entrer. Je suis habillée d'une robe de soirée qui moule bien mes formes. Heureusement que Nicolas m'a mis sur le coup. Il m'a donné le carton d'invitation, qu'il a récupéré je ne sais où, ou plutôt de je ne sais qui, mais comme il est occupé ce soir, il me l'a passé. Je suis contente d'avoir rencontré quelqu'un comme lui. Il est ce qui se rapproche le plus d'un ami dans cette ville. Je suis arrivée il y a bientôt 3 mois. J'ai rencontré Nicolas alors que je volais le portefeuille d'un homme. Il m'a laissé faire et me l'a volé tout de suite après. Depuis, il m'a aidé de beaucoup de manières. Mais ce n'est pas mon ami. Je n'ai pas d'amis. Je ne veux plus en avoir. De toute façon, je reste si peu de temps dans chaque ville que me lier avec quelqu'un ne me rapportera rien, autrement que des ennuis. Lorsque je devrais encore une fois m'enfuir, je préfère n'avoir personne à regretter, personne à qui dire adieu.

J'observe le hall du musée, pleins d'hommes parlant affaires, de femmes parlant mode et de serveurs se baladant dans toutes les directions en tenant un plateau avec des flûtes de champagne. Je saisis une flûte et la porte à ma bouche. Je n'ai jamais été particulièrement fan du champagne, mais il faut bien que je me fonde dans la masse. Je scrute toutes les personnes de la grande pièce. J'élimine déjà la moitié : ce sont des femmes. Ensuite, j'enlève de ma liste de victime potentielles tous les hommes accompagnés d'une femme. Ils seraient beaucoup trop difficiles à séduire, et je ne veux pas m'attarder trop longtemps ici. Je n'aime pas particulièrement ce genre d'endroit. Trop chic pour moi. Mais il n'y a que dans ce genre d'endroit où je trouve les hommes les plus facile à voler. Je n'aime pas ce mot, voler. Je ne vole pas ces hommes. Je ne leur prend pas tout leur argent, je leur en prends une partie. De toute façon, ils sont tellement riches que je me demandent s'ils remarquent qu'il leur manque quelques centaines de dollars. Je ne prends jamais plus. Je ne veux pas que la police ou le FBI se mette à enquêter sur moi. J'ai vu assez de films et de séries policières pour savoir que le FBI gagne toujours, pas comme les méchants. Parce que oui, en《empruntant》de l'argent à tous ces messieurs fort riches, je me retrouve dans le camp des méchants. Mais ça ne me dérange absolument pas.

Je remarque un homme de dos, accoudé à un bar installé exprès pour l'occasion. Il a un costume fait sur mesure. À son poignet, je vois une montre Rolex. Je m'avance doucement vers lui. Il n'a pas l'air accompagné d'une femme, ni de qui que ce soit d'ailleurs. J'arrive à côté de lui mais je l'ignore. Je commande un verre. Pendant que le barman me le prépare, j'observe l'homme du coin de l'œil. J'ai rarement croisé un homme aussi beau. Il est brun et a une peau assez typée. Il doit avoir environ 25 ans. Il amène son verre de whisky à ses lèvres, tout en me regardant. Je sais qu'il ne m'a pas vu l'observer. Ses yeux suivent les courbes de mon corps et se posent sur mes fesses. Je retiens un sourire. Si ça commence comme ça, l'affaire sera vite réglée et je pourrai vite rentrer dans ma petite chambre d'hôtel. Le barman me tend mon verre. En me retournant, j'en reverse sur le bel homme.

_ "Excusez moi ! Je suis vraiment désolée..."

_ "Ce n'est pas grave, ne vous en faîtes pas."

Il a une voix plutôt grave, qui correspond bien à son visage. Je prends une serviette en papier sur le comptoir et j'essuie sa veste avec, me collant le plus possible à lui. Je remonte mes yeux vers son visage. C'est la première fois que j'ai autant envie d'embrasser un homme.

_ "Je m'appelle Julien."

_ "Lucie."

Je me mords la lèvre. Avant de venir, je m'étais inventé toute une vie, la vie de Sara Westbrook, mais voilà que j'ai dit mon vrai prénom à cet homme. Ce n'est que mon prénom, ça aurait pu être pire, comme lui dire mon nom de famille.

Nous passons le reste de la soirée ensemble. Je le drague subtilement. Je jette un coup d'œil à ma montre : il est bientôt minuit. Le temps est passé à une vitesse incroyable. J'ai rarement parlé à une personne aussi intéressante que lui. Cependant, il est temps d'en finir avec tour ça.

_ "Je vais devoir rentrer..."

Si mon plan a marché, il va me rattraper. Cela a toujours marché, pourquoi pas cette fois ? S'il ne me rattrape pas, j'aurais perdu toute ma soirée...

_ "Je peux te ramener ?"

Je souris intérieurement. J'essaye de retenir mon sourire, mais mes lèvres se relève un petit peu.

_ "Avec plaisir."

Nous sortons du musée, et je suis Julien dans la file de voiture de luxe. Il ouvre la portière passager d'une belle BMW noire pour me laisser entrer. Je le remercie d'un sourire, il fait le tour de la voiture pour s'asseoir à mes côtés, derrière le volant. Je lui indique un hôtel de luxe dans lequel je prétends loger. Je sais que, dans cet hôtel, Nicolas a une suite à l'année, et il ne m'en voudra pas de l'utiliser. Nous parlons le long du trajet. Il essaye d'en savoir plus sur moi, mais je reste vague dans mes réponses. Étrangement, j'ai du mal à lui mentir, mais je ne peux pas prendre le risque qu'il en apprenne trop sur moi.

_ "Tu es assez mystérieuse..."

_ "Je pourrais dire la même chose de toi."

Nous avons passé la soirée ensemble, mais au final, je n'en sais que très peu sur lui. J'en sais autant sur lui qu'il en sait sur moi. Il s'appelle Julien Jones, et il m'a dit être le directeur d'une sorte de coffre fort privé : de riches personnes lui confient leur argent pour le garder en sécurité.

Il arrête la voiture devant l'hôtel que je lui ai dit. Je ne sors pas tout de suite, je me retourne vers lui. Je pose un baiser sur sa joue, et je regarde sa réaction. Il a exactement celle que j'attendais : il a envie de m'embrasser. D'ailleurs, il le fait et je me laisse faire, lui rendant son baiser. Il embrasse divinement bien. Il faut que je me reprenne ! Je ne dois pas perdre de vue mon objectif. Je romps le baiser pour reprendre mon souffle. Ma main se pose sur la sienne.

_ "Ça te tente de goûter au champagne de cet hôtel ? Il est bien meilleur que celui du musée."

Il accepte d'un sourire. Nous sortons de la voiture, et Julien vient marcher à côté de moi, me tenant par la hanche. Je ne comprendrais jamais pourquoi les hommes aiment tous s'afficher avec leur conquête. Je vais à l'accueil récupérer la clé de la suite. Je dis à la femme le numéro de la suite.

_ "La suite est au nom de Thomas Jefferson."

_ "Il me faut son accord pour vous passez la clé."

_ "Appelez-le, dites lui que c'est Lucie."

La femme compose le numéro de Nicolas, et j'attends en silence, au côté de Julien. Sa main est toujours posé sur ma hanche, et l'autre vient replacer une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Sa bouche se rapproche de mon oreille.

_ "C'est qui Thomas Jefferson ?"

_ "Mon frère."

_ "Ton nom est donc Lucie Jefferson." me dit-il en souriant.

Je souris et il frôle mon oreille avec ses lèvres. La femme raccroche le téléphone, et me tend la clé en souriant.

_ "Thomas vous dit de ne pas oublier son anniversaire demain à 17h."

Je souris en entendant cela. Je sais très bien ce que cela signifie : je vais devoir lui donner une partie de l'argent que j'aurais volé ce soir. Je récupère la clé, et nous allons dans l'ascenseur. Nous montons jusqu'au 18ème étage. Nous entrons dans la suite et je referme la porte.

Hors La LoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant