sixth

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J'ai le coeur brisé, et il pleut. Comme un écho à mon coeur, la nature pleure avec moi.
Mais peut être qu'il ne pleut pas, peut-être que les gouttes sur ma peau ne sont que mes larmes intarissables.
Malgré tout je marche, je cours même. Le poids de mon corps me semble insoutenable. Je trébuche, je tombe, je me relève. Je fuis ce qui a déjà disparu, sûrement parce que je ne me rends pas encore compte.
Le lampadaire au loin diffuse une lumière tamisée, et j'ai peur.
Mes genoux flageolent, je veux m'écrouler et laisser cette pluie corrosive me ronger, me réduire en miette, me faire disparaître. Mais mon pied ne se tord pas, et mes jambes ne se dérobent pas. Je continue à courir, comme si tout allait bien, comme si je savais ce que je devais faire.

Et puis, enfin, ma cheville se tord et j'ai juste le temps de poser mes mains sur le goudron humide pour ralentir ma chute. Je tremble fort, mais je n'ai pas froid.
Je suis juste dévastée par mes émotions.
J'enlève mon écharpe qui m'étrange et mon manteau qui m'étouffe. Ma vue déjà brouillée devient encore plus floue. Je me roule en boule et je crie.
Je crie car c'est la seule chose qui me vient à l'esprit.
Mes poumon me brûlent, mes mains son écorchées, je grelotte et ma gorge est douloureuse.
Mais toutes ces choses ne sont rien face au vide qui s'est créé en moi. J'ai besoin de sentir quelque chose, et dans un sens, cette douleur me prouve que je ne suis pas complètement inerte.

Tout à coup, le tonnerre retentit.
Ma respiration se coupe, ma voix se brise et mes yeux s'ouvrent d'effroi.
Et puis je réalise.
Je suis allongée, je pleure, j'ai froid.
Prise d'une panique ascendante, je remets mon écharpe et mon manteau et je continue ma course jusque chez moi.

Mes sanglots ce sont stoppés, je crois.
Mais il y a au moins une chose dont je suis sûre : mes mains sont mouillées parce qu'il pleut véritablement.

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