Avant

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#jour1 : Nous jouons des rôles notre vie durant, et lorsque ces rôles ne nous plaisent plus, nous brûlons nos textes.

Les filles quittent le vestiaire et je me retrouve bientôt seule dans les couloirs du centre sportif. Je déteste être observée quand je me change, du coup j'attends toujours qu'il n'y ait plus personne pour prendre ma douche et me rhabiller. Chaque samedi matin, je viens courir sur la piste et passer du temps à brûler les calories dans la salle de musculation pendant deux heures. Une habitude que j'ai prise depuis mon traitement contre la boulimie. Ça me permet de faire le vide et de me concentrer sur un objectif clair, précis et qui a du sens.

Je prends une douche froide pour détendre mes muscles qui ne vont pas tarder à se plaindre des efforts que je leur ai forcés à effectuer. Je relâche la pression, ferme les yeux pour ne penser à rien d'autre qu'à rien. J'inspire, expire, tel que Monsieur le Docteur me l'a conseillé, quand bien même je sais que ça n'aide pas. Une fois le vide fait, j'ouvre à nouveau les yeux. C'est là que je vois les tâches de sang qui macule le sol de la douche. Automatiquement, je porte une main à mon nez et lorsque j'y jette un coup d'œil, mes doigts sont tâchés à leur tour de sang – mon sang. Poussant, un soupir – pour tenter de ne pas paniquer – je coupe l'eau, attrape ma serviette et sort de la douche. Et malgré le fait que ce n'est pas la première fois que ça arrive, je commence à paniquer. Je me précipite au lavabo après avoir récupéré de quoi nettoyer mon visage. Je me débarbouille en quatrième vitesse. Il ne manquerait plus que quelqu'un débarque et me trouve dans cet état. Je ne peux pas le permettre. Ce serait bien plus insurmontable que tout le reste.

À croire qu'à force de me retrouver dans ce type de situation, je suis devenue une pro du timing en cas de catastrophe à arranger en quelques secondes top chrono, car lorsque la porte s'ouvre en grand sur la Canadienne en immersion dont j'ignore le prénom, je termine juste de transvider mes affaires du casier dans mon sac de sport. Ça fait des mois que je la croise chaque samedi, mais je ne lui ai encore jamais adressé la parole. Non pas qu'elle n'a pas l'air sympa, mais c'est juste que les relations vouées à l'oubli ne m'intéresse pas. Lorsque l'année sera terminée, elle repartira chez elle, à des lieux d'ici, et un jour ou l'autre je cesserai d'avoir de ses nouvelles, ou bien peut-être est-ce même moi qui arrêterai de lui écrire. Alors à quoi bon ? Oui, je sais ce que vous pensez à l'instant même, que je suis une pessimiste. Mais laissez-moi vous dire, j'ai toute une liste de raisons de l'être. Je croise son regard lorsqu'elle passe derrière moi pour aller s'asseoir sur le banc. Alors que je fais les lacets de mes baskets, je la surprends à me fixer. Je panique alors à l'idée qu'il y ait encore des traces de sang sécher sur mon visage. Mais je parviens à me rassurer en me convainquant que j'ai bien nettoyé mon visage et me rappelle même que je me suis maquillée. J'attache mes cheveux en une queue de cheval, sort mon portable du casier que je verrouille après avoir checké trois fois d'affiler que je n'ai rien oublié. L'incident plus le regard de la Canadienne m'a rendu nerveuse et ma paranoïa refait surface. Paranoïa que Riri se plaît à définir comme « perturbation mentale élevée due à un sur-pessimisme. »

Mon portable vibre à la réception d'un message. Il me vient de Rihanna : Alerte 69 !!! C'est le code secret ridicule qu'elle a mis en place lorsque qu'elle a besoin de moi. Je passe la bandoulière de mon sac par-dessus mon épaule et met les écouteurs de mon IPhone dans mes oreilles. Sans plus attendre, je me remets à courir. Ma playlist « Workout motivation » défile tandis que je parcours à fond la caisse la distance qui me sépare de la demeure des Adkins. Je cours même pour monter les marches du perron, là, où sous le paillasson, je récupère la clef de la porte pour pénétrer dans la maison de ma meilleure amie.

Ce n'est pas première fois que j'accomplis ce scénario, c'est même devenu fréquent ces derniers temps. Le but de cette mascarade est que j'arrive chez Rihanna avant que sa mère et que je fasse croire que nous sommes revenues toutes les deux à la maison, après notre séance de fitness. Je suis censée gagner du temps, le temps que Riri revienne de je-ne-sais-où. Car oui, j'ignore où elle se trouve en réalité, ni pourquoi elle refuse que sa mère le sache et s'obstine à lui cacher des choses. Mais je le fais quand même parce qu'elle me l'a demandé et que je suis sa meilleure amie. Alors, je ne pose pas de question et m'amuse à jouer la comédie. Ça me plaît plutôt bien d'ailleurs. J'ai l'impression d'être un espion ninja en mission secrète. Je me glisse à l'intérieur de la maison, vide. Je jette un coup d'œil rapide à ma montre chrono, il me reste moins de dix minutes avant que Giorgia rentre des courses. J'enlève mes baskets Nike bleue fleurie et grimpe les escaliers quatre à quatre. La porte de la chambre de Rihanna est entre-ouverte. J'y trouve Hermione, installée sur le lit, occupée à faire sa toilette. Je soupçonne fortement cette chatte d'avoir l'esprit le plus machiavélique qu'il soit. J'hésite à la prendre en photo et à l'envoyer à Riri par Snap avec #OKLM en commentaire, mais me rappelle soudain que mon temps est compté. J'énumère mentalement ce qu'il faut que je fasse :

1. Récupérer ses baskets Nike grises et les mettre au pied de l'escalier à côté des miennes.

2. Remplir deux verres d'eau et les laisser à moitié vide sur le plan de travail à la cuisine.

3. Embarquer une assiette de cookies au chocolat avant de remonter en haut. En laissant la boîte vide sur à côté des verres, au demeurant.

4. Mettre la musique à plein tube sur son ordinateur.

5. Prendre une douche.

6. Remballer mes affaires.

7. Et enfin aller saluer madame Adkins.

Je m'exécute au plus vite. Et tout se déroule comme prévu, comme toujours. Du moins, jusqu'à ce que j'ouvre le PC de Rihanna. Sa session Facebook est restée connectée avec une fenêtre de conversation ouverte. Gretchen Hallaway lui a envoyé plusieurs messages. Elle fait partie de notre team de street dance. C'est une personne que j'affectionne particulièrement. Elle est la preuve que l'on peut si on veut. Tout comme moi, elle est partie de loin. Elle a souffert des moqueries des autres parce qu'elle était un peu ronde, mais surtout parce qu'elle est basanée et maladroite. Aujourd'hui, c'est une très jolie fille d'un mètre soixante-trois avec de longs cheveux chocolat bouclés. Rihanna et moi avons pour habitude de partager nos secrets, si bien qu'on connaît les codes de nos différents comptes sur les réseaux sociaux. Elle pirate souvent le mien pour aller poster des messages sur son mur Facebook du style : « je t'aime à la folie Rihanna Adkins. » Ou bien elle me dérobe mon IPhone pour aller poster les photos dossiers des soirées sur mon Instagram. Elle ne verra donc aucun problème à ce que je lise ses messages.

La conversation tourne autour d'un certain Maxence que je pense ne pas connaître. Nous sommes certes un petit nombre d'élèves en cinquième, nous ne nous connaissons pas tous pour autant. Seuls ceux qui se distinguent de la masse sont connus, du moins de nom, par tous. Ceux-là sont ceux comme moi, qui ont un certain talent. Ceux qui font du sport, ou bien sont membre de la troupe de théâtre du collège, ou bien ceux qui font partie de l'équipe de rédaction du journal. Étant touche à tout, je suis connue non seulement pour mon talent du piano, mais aussi pour celui de la dance. Depuis un an déjà, je me suis fait connaître comme la Présidente de la Team Street Dance d'Habergy.

Bien que je trouve bizarre que Riri parle d'un garçon que je ne connaissais pas avec une fille de la team, je ne sourcille pas plus que ça. Je poursuis ma lecture de la conversation. Il s'avère par la suite, que Maxence a une copine, Maëlle, et qu'il la trompe. Il la trompe avec Rihanna. J'ai dû relire à plusieurs reprises les messages pour être sûre que j'avais bien lu. Pour être sûre, qu'elles parlaient bien de Rihanna, ma meilleure amie. Une personne bien, une bonne personne, qui n'était pas capable d'une telle chose. Je fixe l'écran en me posant mille et une questions lorsque la voix de Giorgia me fait sursauter. Elle signale qu'elle est de retour, comme à son habitude. Ce qui ne sert plus rien, car d'autres ont dérogé à leur rôle. D'autres ont brûlé leur texte. Je me lève d'un bon, attrape mon sac et dévale les escaliers à toute vitesse. J'enfile mes baskets au plus vite. Sans passer saluer madame Adkins, je sors de la maison et m'enfuis en courant.

J'ai toujours eu une confiance aveugle en Rihanna. Parce qu'elle est ma meilleure amie. Parce que je l'aime comme une sœur de sang. Mais ça, ce mensonge, c'était beaucoup trop à supporter.

Je crois que c'est à partir de ce jour que tout à commencer à déraper.

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Et voilà ! Alors ceci est un extrait exclusif. Ce n'est pas la suite des chapitres précédents. Désolée pour ceux qui attendait le chapitre 5 avec impatience, mais ceci devrait vous permettre de patienter encore un peu en attendant la vraie suite. J'ai été très occupée dernièrement avec les cours, la vie et tout, et je n'ai pas pris le temps d'écrire. Mais je m'y remet peu à peu. Je ne suis pas arrivée à me remettre dans l'histoire, mais j'ai eu cette idée de passage. j'ai pris mes dix doigts et j'ai écris ce que j'avais en tête. Et voilà, cet extrait exclusif que je vous offre. Il se passe bien avant le premier chapitre. J'espère que vous aimerez !

A très bientôt ! :)

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 25, 2016 ⏰

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