De retour chez moi, enfin tranquille et ma mère n'étant pas encore rentrée, je laissai retomber mon masque et lançai la musique.
Comme ce matin dans le bus, la voix de Kurt résonna, mais cette fois beaucoup plus fort, dans ma chambre. Je me mis rapidement en maillot de bain, rangeai quelques vêtements qui traînaient sur mon canapé, et préparai dans un petit plateau ma barre chocolatée, mon téléphone et un paquet de cigarettes avec mon briquet. Je descendis à la cuisine, et ajoutai une bouteille de bière, et une pomme, avant de partir m'installer sur la terrasse, les pieds dans l'eau de la piscine, traversant le cellier, puis la véranda.
Oui, j'avais une grande maison.
Plutôt con car la moitié ne servait à personne, étant donné que nous n'étions que deux, ma mère et moi, mais plutôt pratique pour organiser des soirées.
Elle était construite en forme de U, avec la terrasse, la piscine et le jacuzzi au milieu, donnant sur un grand jardin verdoyant d'arbres et de fleurs.
Au rez-de-chaussée, l'entrée donnant directement à gauche sur un salon très moderne dans les tons beiges et bois, assez clair, dans le prolongement de la salle à manger, à droite, elle même ouverte sur la cuisine, style noir et blanc, au bar couleur ébène. À l'angle du salon, une grande pièce toute en longueur, murs beiges, l'ordinateur de travail de ma mère sur un bureau blanc et un espace vide avec un tapis en poils de la même couleur, et au fond dans l'angle, un petit escalier en colimaçon en bois clair donnant sur ma chambre. Seule moi l'empruntait.
Ma chambre était directement reliée à une salle de bain, formant une suite fermée ouverte à moi et seulement moi.
Ma mère vivait dans le reste de l'étage, et passait par l'escalier qui se trouvait entre le cellier et la véranda, du côté de la cuisine. Son escalier donnait sur un petit palier, avec à droite sa salle de bain, et à gauche la chambre d'amis, puis sa chambre.
Vu de la terrasse, une baie vitrée donnait sur la véranda, dans les marrons, une sur le salon, et une autre sur le bureau.
De l'extérieur, les murs blanc cassé étaient surmontés d'un toit en ardoise très simple, et seuls les volets bordeaux égayaient un minimum la façade.
On devinait un grenier, mais l'accès y était condamné depuis des années.
Je finis ma bière, et me laissai glisser dans l'eau froide pour faire quelques brasses. Je fis un aller-retour avant de récupérer mon Sony étanche et de le connecter aux enceintes : Going Under, de Evanescence. Toute ma playlist défila ensuite pendant que je nageais, enchaînant longueur sur longueur.
Evanescence a toujours été mon groupe préféré. Leur style, du métal au presque pop en passant beaucoup par le rock, me plaisait énormément. Et au moins, leurs chansons signifiaient quelque chose, contrairement à la plupart des musiques commerciales de la radio.
Evanescence était son groupe préféré à lui aussi avant...
Chaque fois que l'on passait un moment ensemble, chaque fois qu'il m'accordait un peu de son temps, on s'asseyait tous les deux sur son lit, et il lançait une de leur meilleures chansons.
Sa préférée avait toujours été Imaginary. Et je l'écoutais à présent, sans lui.
Dire que c'était de ma faute si il n'était plus avec moi... De ma faute... Ma faute putain !
J'atrappai la bouteille de bière vide et la balançai rageusement contre le mur, où elle se brisa en milles morceaux. Quelques éclats tombèrent dans la piscine, et j'en reçu un au visage. Merde. Je touchai ma joue, et constatai une petite coupure. Je regardai mon doigt, ça saignait à peine.
Un grésillement dans la musique m'interrompit : un message. Je mis mon portable sur silencieux et m'installai dans le jacuzzi pour répondre avec ma pomme, dans laquelle je croquai.
C'était Aurélien : "Alors ça va, tranquille tu finis à 17 heures toi !"
"T'es pas censé être en cours ?", lui répondis-je.
"Qui n'ouvre pas son tel en cours avec la quiche Lorraine ?! 😄"
La quiche Lorraine. C'était le surnom attribué d'une professeure d'espagnol très célèbre au lycée. Le fait est qu' un mois après la rentrée, des élèves (moi et ma clique) avaient découvert que son prénom était Lorraine, et comme elle s'appelait madame Quichot... La coïncidence était trop grande. Nous avions fait courir la rumeur dans tous les couloirs, auprès de tout le monde, et voilà le résultat ! Il est vrai qu'elle était loin d'avoir beaucoup d'autorité sur ses élèves, voire même très loin.
"Mdr 😁 donc à part discuter avec moi qu'est ce que tu fais ?"
"Eh ben je dors 😀😀"
"Dans ce cas continue au lieu de me parler pour ne rien dire petit con 😜"
Ils ne se doutaient jamais de rien comme je le faisais passer pour de l'ironie... Quels idiots !
"Bien sûr beauté, 😉 tu préviens les autres qu'on se retrouve sur Twitter vers 19 heures please ?"
Oh non pitié pas ça..
"D'acc je m'en occupe 😉"
"Super, je retourne donc à mon amour de toujours, ma chère Morphée, ouvre moi tes bras !"
Quel imbécile celui-là alors ! Le pire c'est qu'il se croit drôle. Si vous avez rigolé, sachez que vous êtes renié par moi et toute ma communauté, à savoir moi. Point.
Bon, en attendant, j'allais devoir me taper le dialogue musclé que ces fous échangeaient sur notre groupe de Twitter environ tous les 2 ou 3 jours. J'appelai Layla et lui demandai de prévenir les autres avant de sortir de l'eau et de ranger la terrasse.
Je décidai de prendre une douche et une fois sortie, enfilai un jogging et un T-shirt pour être plus à l'aise.
Ma chambre avait beaucoup changé depuis 3 ans, à l'image de ma vie...
Auparavant de nombreux posters de chanteurs, chanteuses, groupes, de photos et de cartes postales de ce qui avait été ma famille, des guirlandes et des petites lampes cosy donnaient une superbe ambiance à la pièce. Desormais, toutes ces fournitures, jugées trop sévèrement pour m'avoir rappelé de douloureux souvenirs, avaient été reclues dans un carton et pourrissait au grenier, tandis que ma chambre n'était devenue qu'un lieu terne, vide et froid. Seule la belle couleur parme des murs faisait encore légèrement penser à un fantôme d'enfance.
J'atrappai mon ordinateur sur le bureau et m'installai sur mon canapé tout en lançant.
Je passai ensuite environ une heure sur Twitter et appris qu'un nouveau débarquerai dans ma classe le lendemain, avant d'inventer que ma mère m'attendait pour manger afin d'échapper à leur discussions
affligeantes.
Je me mis alors à danser, durant environ une heure, je mangeai après, croisai ma mère vers 21 heures, m'étirai puis tentai de me coucher aux alentours de 23 heures.
Comme deux heures plus tard je ne dormais toujours pas, je me relevai et me préparai une tisane avant de m'installer devant une série. Je m'endormis devant au cours du 2ème épisode, mais me réveillai peu après suite à un affreux cauchemar.
Il était donc 4 heures du matin et à peine me faisais-je la remarque qu'il s'agissait d'un exploit de ne pas l'avoir fait plus tôt que la lame de rasoir trouva ma main.
Quelques minutes plus tard mon bras gauche dégoulinait de sang.
Puis je sortis de la maison pour faire un tour en ville, j'assistai au lever du soleil sur les toits et rentrai vers 6 heures du matin.
Je décidai donc de commencer à me préparer pour le lycée et camouflait correctement les traces de ma mauvaise nuit.
Ce matin là, je fis en sorte d'arriver plutôt à l'heure au lycée, pour ne pas manquer l'arrivée du nouvel élève.
Quelle nuit pourrie...
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Roman pour AdolescentsL'histoire est simple. Enfin, selon Monsieur tout-le-monde, l'histoire est simple. C'est une ado, c'est une peste, une pétasse, elle n'a aucun sentiment. Elle est populaire, et c'est tout ce qui compte à ses yeux. Les autres, rien à foutre. Elle e...