La Décision

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Cela fait maintenant deux semaines que je ne vais pas à l'école. Il faut bien croire que ma santé passe avant tout. Le psychiatre que j'ai rencontré à l'hôpital m'a prescrit des médicaments pour aider à soulager mon anxiété qui s'aggravait. Même prendre des médicaments, ça me rend mal. À un certain point que, parfois, je saute une journée en les jetants dans les toilettes. Mais ça, personne ne le sait, même pas mes propres parents. Et oui, toujours la honte noire qui me hante à chaque jour de ma vie. Bien franchement, je suis tannée de vivre ainsi. Pourquoi moi? Pourquoi pas les autres? Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour mériter cette vie si désastreuse et remplie de malheurs qui se succèdent sans cesse?  Ça n'a pas changé. Comme d'habitude, à chaque instant de ma vie, je réfléchis et me pose un tas de questions existentielles, comme si j'étais une grande scientifique. Le pire dans tout ça, je crois, est que je me pose des questions ultra difficiles à répondre et que je n'aurai peut-être jamais la réponse au courant de ma vie. Dans le fond, même si ça fait mal de penser cela, je crois qu'il faut juste que j'admette à moi-même que je suis née comme ça et que même si je voudrais y changer quoi que se soit, je ne pourrai malheureusement jamais, même si je le voudrais tant. Mais justement, c'est ça le plus dur dans tout ça. C'est de s'accepter tel que l'on ait avec nos petits défauts et en sachant que nous avons des qualités également. Ça, ça a toujours été l'un de mes plus grands problèmes. Le simple fait que je n'y vois que mes défauts et que je n'arrive même pas à me trouver une seule bonne qualité en moi.

Mais, il y a toujours cette fameuse question qu'on m'a posé et que je suis obligée d'y réfléchir et d'y penser, même si je n'en n'ai absolument pas envie. Celle où on me propose plus particulièrement de m'aider en allant consulter un professionnel. Mais franchement, en quoi cela pourrait-il m'aider? M'aider en me faisant regarder très fixement par un médecin qui aura l'air de me trouver idiote? Non merci, je peux bien m'en passer. Il me semble que la seule personne qui puisse m'aider, c'est bien mon être à moi. Après tout, personne ne me connaît mieux que moi-même. C'est moi qui doit changer et ce n'est pas les autres qui doivent le faire à ma place. Je dois leur prouver que je suis autonome et responsable et que je peux me débrouiller seule, sans avoir besoin de l'aide de quiconque. Si je m'en suis toujours sortie seule, par mes propres moyens, depuis ma tendre jeunesse, je ne vois pas pourquoi j'aurais besoin de quelqu'un pour me soutenir dans mes démarches. Je ne suis tout de même pas une enfant sans débrouillardise et sans autonomie. J'ai quand même 17 ans, ce n'est pas rien.

Mais bon, je fais quoi? J'accepte ou je n'accepte pas? Parce que moi, je n'en n'ai pas du tout envie. Je prends déjà des médicaments, il me semble que ça suffit et que cette aide est suffisante pour moi. À vrai dire, je ne me vois pas passer mes journées enfermé dans un bureau. Je n'ai d'ailleurs pas envie de raconter ma vie à tout le monde. Il me semble que c'est personnel tout ça. De plus, je n'ai jamais aimé dire quand je n'allais pas bien. J'ai toujours détesté ça. Je n'ai jamais caché, depuis mon enfance, mes sentiments de bonheur et de joie, mais quand vient le temps d'exprimer mes sentiments de tristesse, je me dois de les cacher avec mon sourire irréaliste. J'ai toujours trouvé ça mieux comme ça. En fait, la seule personne à qui j'ose dire que je ne vais pas bien, c'est ma meilleure amie Annabelle. C'est bel et bien la seule personne qui en connaît plus que mes propres parents. Avec elle, ça ne me dérange pas, car on s'est promis de toujours tout se dire et de ne jamais révéler quoi que ce soit à personne d'autre. Quand je lui parle de mes soucis, elle porte une bonne oreille et m'écoute toujours très attentivement, sans porter le moindre jugement. Avec Annabelle, je ne me sens pas jugé, voilà pourquoi je lui raconte tout et qu'elle est la seule à tout savoir également. J'ai une idée. Puisque je ne me sens pas prête, ou du moins, que je ne veux pas avoir de l'aide d'un professionnel, je pourrais appeler ma meilleure amie pour lui expliquer mes problèmes et elle pourra peut-être ainsi m'aider, comme elle a toujours su si bien le faire. De toute manière, la contacter ne serait pas une mauvaise chose, puisqu'elle doit s'inquiéter de mon absence de longue durée à l'école. C'est décidé, c'est définitivement ce que je vais faire.

L'âme à l'enversOù les histoires vivent. Découvrez maintenant