L'âme à l'envers

Le Cercle Sans Fin

Dimanche. Et voilà, le cercle vicieux revient toujours à la case départ. Pourquoi tout le monde me propose toujours cette fichu solution? Il me semble que je suis  clair sur ce point-ci, non? Bon, je ne le cris peut-être pas sur tous les toits, mais je crois que mon expression faciale dit tout lorsqu'on me pose la question. Franchement, depuis quand il n'y a qu'une seule solution à un problème? D'habitude, on y trouve tellement d'options, mais là, qu'une seule possible pour régler mes ennuies?     Tout ça me paraît vraiment contradictoire. Mais bon, j'y suis habituée. Je suis vraiment née avec la malchance qui me suit partout où je vais, à chaque jour de ma vie. Et puis, ce n'est tout de même pas la première fois depuis toute mon existence que je " tombe " en bas de la falaise. Je me suis toujours relevée et j'ai toujours remonté la pente. Je ne suis pas une lâcheuse et je ne l'ai jamais été d'ailleurs. Je suis très loin de l'être. Je me suis toujours montrée comme étant une jeune femme forte et courageuse et ce n'est pas aujourd'hui que tout ça changera. Ce n'est pas ce petit événement, cette crise d'anxiété, qui me fera changer. Je dois prouver à moi-même que je suis capable de vaincre les petites, ou moins grandes tempêtes de la vie. De toute façon, je me suis déjà promise de ne jamais abandonner, quoi qu'il arrive. Ce n'est pas parce que je suis une fille que je suis moins forte qu'un garçon. Et, de toute manière, depuis quand le sexe d'une personne définit sa personnalité et sa force? D'après mes connaissances, jamais, depuis toute mon existence.

Bon, je crois que je me suis peut-être un peu trop emballée dans mes pensées          et que je me pose encore beaucoup  trop de questions qui ne me feront malheureusement pas avancer. Je crois que j'essaie de m'évader de la réalité en agissant ainsi. Je n'ai pas de contrôle pour ça, c'est un automatisme. C'est une certaine façon pour moi de ne pas trop penser à ce qu'il s'est passé il y a 2 semaines. Plus les gens qui m'entourent me propose d'aller chercher de l'aide, plus cela me fait mal et me blesse à l'intérieur. Ça me fait de la peine d'en être rendu là, à ce processus-ci. Je ne veux même pas y penser tellement cela me détruit. Ce qui me fait de la peine, ce qui me déchire en milles morceaux, c'est de voir que tout le monde a l'air de penser que je suis devenue débile, sans intelligence et qu'il croit que la seule solution est d'aller consulter un psychiatre, comme si tout ça était si grave. Mais pourtant, dans ma tête et dans mon esprit, ce n'est pas si pire que  ça. Il me semble que, des moments plus difficiles que les autres, ça arrive au moins une fois à tout le monde au courant de sa vie et que c'est tout à fait normal que cela arrive à un moment ou à un autre. Mais quand il est question de moi, Alycia, jeune femme de 17 ans en cinquième secondaire, alors là, c'est complètement différent. Je me demande bien pourquoi.

Bon, inconsciemment, mon esprit veut encore s'éloigner du sujet. Ce n'est pas pas comme ça que je vais m'en sortir, car le temps, lui, n'arrête pas, mais continue toujours, même si parfois j'aurais tant envie de l'arrêter pour un instant. Mais la question dans ce cercle vicieux est toujours aussi présente qu'au départ. Et je ne veux toujours rien savoir à ce propos. On est présentement dimanche et demain, il y a de l'école. Je veux à tout pris y aller. Ça me changera les idées et en plus, je pourrai revoir Annabelle, ma meilleure amie. Par contre, j'ai une petite crainte à l'idée de mon retour. J'ai peur de me faire harceler de toutes sortes de questions par mes professeurs et mes autres amis. Mais bon, il va bien falloir que j'y retourne un jour si je veux obtenir mon diplôme d'études secondaires et ainsi poursuivre mes études au cégep l'année suivante.  Bon, J'y vais. Je vais aller voir mes parents qui sont dans le salon en train d'écouter la télévision en buvant un délicieux café, pour aller leur faire part de mon choix pour le retour à l'école de demain.