Lysaura
Les chaînes de l'enfance
Debout, adossé à un arbre, il levait la tête vers le ciel, appréciant la douce caresse des rayons du soleil, venant lui réchauffer allègrement le visage. Les yeux fermés, il pouvait entendre le son des oiseaux gazouillants et le coassement des corbeaux dans la forêt qui l'entourait ainsi que le croassement des grenouilles reposant dans le lac à côté de lui. Il esquissa un sourire, ses boucles brunes voletant doucement sous une bourrasque d'air. Il se sentit apaisé dans cet endroit familier et sans autre son que ceux de la nature. D'aussi loin qu'il se souvienne, il s'était toujours réfugié ici, lorsqu'il avait besoin de réconfort ou de calmer sa colère. Il se sentait dans son élément. Plus que dans cette maison. Cette maison froide sans aucune chaleur que le feu de la cheminée crépitant en hiver. Seul le silence régnait sans rien qui venait le troubler.
C'était la règle d'or de la maison. Ne pas faire de bruit pour ne pas déranger son père lorsqu'il s'enfermait dans son bureau en rentrant de son travail. C'est ce que lui disait sa mère. C'était d'ailleurs les seuls mots qu'elle daignait lui adresser chaque jour. Il perdit son sourire alors qu'il se remémorait ses tristes moments passés. Baissant la tête, il ouvrit les yeux et regarda d'un air absent, la multitude de fleurs qui parsemaient le sol. Les arbres, majestueux, projetaient leur ombre sur le parterre de fleur tandis qu'il était adossé à un arbre, juste à côté du lac, lui couvrant alors d'ombre la moitié de son visage. Cette vue, qui d'ordinaire lui redonnait le sourire aussitôt, ne semblait faire effet. Peut-être parce qu'il commençait à craquer. Il serra les poings. Oui, il était en colère. Il en avait marre de cette famille, de cette vie, de ce silence qui l'oppressait et l'étouffait. Fatigué de se contenir et de ne pas pouvoir rire ni pleurer ni jouait qui n'était rien d'autre qu'une perte de temps selon son père. Non, il devait juste se taire et étudier pour reprendre l'entreprise de son père. Il ne devait pas montrer ses émotions. Ce n'était rien d'autre qu'une faiblesse que les autres peuvent utiliser contre lui. Il ne devait faire confiance à personne. Les autres ne penseront qu'à le trahir. Voilà ce que lui enseignaient ses parents.
Il desserra les poings. Et il était las de cette vie. Non, il n'en pouvait plus de cet endroit qui lui serrait comme dans un étau les poumons, l'étouffant, l'empêchant de respirer. Cette maison si froide où son père ne le regardait pas. Où sa mère se contentait d'aller à des soirées du grand monde qu'elle disait. Où personne ne l'écoutait. Sa gouvernante qui le gardait depuis l'enfance avait bien trop peur de son père pour s'opposer à lui. Même si elle était contre les enseignements de cette famille.
Il baissa la tête et soupira tout en se passant une main dans ses cheveux. Il s'écarta de l'arbre et s'avança vers le lac, s'accroupissant sur les cailloux qui bordaient l'eau. Il se rafraichit le visage avec l'eau du lac. De jolies boucles brunes, brillant sous le soleil, encadraient son jeune visage pâle, d'une douzaine d'année, aux grands yeux d'un gris pâle saisissant, qui apparaissait difforme dans l'eau. Tout comme l'était d'ailleurs sa vie. Il aurait voulu rester dans cet endroit pour toujours, coupé de sa famille et de leurs attentes égoïstes et oppressantes. Il eut un sourire amer, empreint d'une gravité qui ne devait être à son âge. Ce sourire qui était imprégné de ces jours de solitude où enfermé dans sa grande chambre aux murs trop haut, peint d'un blanc uniforme qui était lisse comme l'était sa vie, il restait des heures pour étudier.
En fermant les yeux, il pouvait entendre les TIC-TAC de l'horloge doré qui trônait au dessus de son bureau d'un bois de chêne, seul son qui venait perturber le silence. Il pouvait même percevoir le son des pages du livre qui se tournaient dont parcourait sa gouvernante assis sur une chaise d'un beau bois à côté de lui, installé à son bureau. Ou alors, les sons aigüe de la tablette que tenait sa gouvernante un autre jour. Ainsi, il restait, comme le souhaitaient ses parents, des heures à étudier dans cette chambre, trop grande pour lui mais en même temps si petite comme si chaque jour, les murs se rapprochaient à mesures des secondes qui s'égrainaient en cadence avec les TIC-TAC de l'horloge. Chaque jour, il était assis à son bureau, étudiant des livres et lorsque sa gouvernante s'endormait comme toujours, dans son fauteuil, vers le début de l'après-midi, il laissait son regard errait vers la fenêtre immense dont les rideaux d'un blanc vaporeux lassait entrevoir les contours flous d'un olivier, d'un palmier et même d'un sapin qui peuplaient son jardin.
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One Shot : Uncontrollable Feelings
RandomPetites histoires sur Uncontrollable Feelings pour le concours des 200k vues :) Il y aura également d'autres textes.