Je suis née de l'union d'un être et de son repas

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La journée achevait et mon corps le savait: j'étais liquidée, achevée, mourante et tous les synonymes que le dictionnaire pouvait me fournir.
Ce matin, je dus m'absenter du cours de mathématique et ainsi manquer quelques minutes, Ô joie, car mon estomac menaçait de m'autodigérer. J'aurais pu patienter jusqu'à la pause avant d'aller manger, mais puisque je pensais au fait que j'avais faim, je pensais aussi à la possibilité de manger mon professeur, même si je savais que j'étais capable de me contrôler comme tout autre être vivant. C'est comme lorsqu'il y a LE gâteau au chocolat chez soi, celui qui fond dans la bouche, qui n'est ni trop sucré, ni pas assez, juste parfais! ... Mais qu'on ne peut pas le manger pour une raison X. On veut terriblement en prendre au moins une mini portion, mais c'est interdit, alors on n'y touche pas.
Ça faisait 16 ans que je n'avais pas manger de chair humaine par moi-même, je n'allais pas commencer aujourd'hui sur un caprice, la viande d'homosapien n'était pas nécessaire à ma survie. Grimmy, que j'avais laissé à la bibliothèque de l'école comme à chaque jour, me l'avait bien rappeler lorsque j'avais été manger mon pain grillé froid.
Ce bout de pâte cuite couverte d'une tartinade aux produits chimiques m'avait rendue légèrement déprimée en raison de sa température trop proche du zéro à mon goût et sa texture de colle grumeleuse.
Présentement, mon cours de sciences me faisait vivre un calvaire niveau ennui et je n'aidais pas mon malheur en me remémorant mon triste repas du matin.
Je m'écrasai sans plus de grâce sur ma table, que je partageais avec Ama. En temps normal, Elia, la petite sœur adoptive de Brandon, m'aurait donné un coup avec son crayon sur lequel trônait un Pikachu en caoutchouc au lieu de la traditionnelle et inutile gomme rose foncé qui accompagnait toujours les crayons HB jaune-orange. Mais aujourd'hui, elle se tenait droite comme un piquet, n'osant pas poser son regard vert sur son nouveau voisin de table, Kyle, le peut-être vampire.
Elia était une fée. Ce qui expliquait pourquoi elle avait été adoptée par la famille de Brandon, qui ignorait tout sur l'existence des monstres, mais aussi qu'elle n'était pas très à l'aise aux côtés d'une créature contre l'humanité à la base. En tant que fée, Elia était très pacifique, un peu comme Ama, et guillerette de nature. Les vampires, en revanche, s'apparentait plus aux Arachnées, mais en pire.
L'araignée ne vit que pour son propre compte et peut avoir un vécu sans être entrée une fois en contact avec l'homme, le vampire, lui, a besoin du sang humain pour vivre.
— Alice, debout avant que le prof ne- commença Ama.
— Est-ce que tout va bien Alice? Peut-être que la matière te parait futile? demanda le professeur, Claude Terriault.
Il était relativement amusant et proche des jeunes, mais on évitait de jouer avec son bad side, ça pouvait mal finir sur le plan académique.
— Alors, Alice, la formation de précipités par les ions polyatomiques ne vous intéressent pas?
— Non, je veux dire oui! C'est dans l'exam, pas vrai?
Claude déposa sa craie et commença à marcher de long en large dans la classe entre les tables.
— En effet, ce sera dans l'examen, mais tu ne réponds à la question comme je le voulais. Laisses-moi donc reformuler: Quelle est l'utilité de savoir quels ions forment des précipités avec d'autres?
Quelques mains se levèrent, ne m'encourageant guère.
— Hum... À passer son examen ministériel et avoir son diplôme..?
Claude frappa dans ses mains, sans aucune raison apparente, faisant sursauter quelques élèves.
— Ce raisonnement s'applique pour tout ce que vous apprenez à l'école, j'ai déjà un jeune punk comme vous, je connais la game. Je veux une réponse plus concrète.
Je voyais bien qu'un élève désirait ardemment répondre, le bras tendu au maximum, l'autre main soutenant son membre engourdi.
— Je pense que Sandra veut répondre, dis-je en pointant cette dernière qui s'était légèrement levée de sa chaise pour avoir plus d'attention.
Le professeur ne fit rien de mon intervention et retourna au tableau.
— Les réactions de précipité sont utilisés lorsque, par exemple, on va donner du sang.
Sandra laissa tombé lourdement sa main, déçue de n'avoir été élue pour répondre à cette énigme superflue à mes yeux.
Alors que je tentais d'écouter les explications, imagées grâce au projecteur, de Claude sur comment on décelait les groupes sanguins avec des ions, une tâche frémissante dans le coin de mon œil me perturbait.
Kyle, le supposé vampire, ne cessait de se tortiller sur son tabouret de plastique, les yeux fixés sur la vidéo où on voyait le parcours du demi litre de sang que Simon, l'acteur au nom générique beaucoup trop heureux de se défaire de 500 ml du vitale fluide, avait donné à Héma-Québec.
Je sortis de mon étuis deux bonbons durs au caramel. En moins de deux, l'un se retrouva sur ma langue à plaire à mes pastilles et l'autre sur la table d'Elia et Kyle.
La, très, petite adolescente prit la sucrerie et se tourna vers moi, ses cheveux blonds virevoltant, les yeux plein d'espoir.
Je bougeai mon doigt de droite à gauche, signifiant qu'elle ne pouvait pas le prendre et pointai son voisin dont l'inconfort me rendait nerveuse.
Elle fit une moue déçue et jeta prudemment le caramel sur le cahier de notes de Kyle. Celui-ci tourna sa tête vers la frêle Elia dont les muscles étaient tous tendus.
Une expression confuse apparue sur le visage de l'anglophone et Elia répondu physiquement en rentrant sa tête dans ses épaules comme une tortue en me pointant du doigt.
Ma langue se déroula hors de ma bouche sur le bout de celle-ci fondait le sucre.
— Tu me stresses, expliquai-je à voix basse en mimant l'action de manger avec mes doigts.
Kyle enleva l'emballage crissant du bonbon et le posa sur sa langue.
Thanks, chuchota-t-il en retour.
J'eu le temps de faire fondre mon caramel jusqu'à la disparition complète avant que la cloche ne sonne.
Dehors, Grimmy caché dans ma poche maintenant vide de tout emballages, j'attendais assise sur la rampe de béton qu'Ama finisse sa conversation avec Brandon. Elia sortit d'une des portes doubles et vint s'assoir sur la rampe face à la mienne. Cette action lui prit plus de temps et d'effort que pour une personne de taille moyenne, du haut de ses 151 cm, Elia arrivait à la hauteur de mon menton.
Le flux d'élèves sortant par les portes commençait à se faire de plus en plus mince jusqu'à ce que l'école se vide au compte-goutte.
Je sentis une présence se poser à ma gauche, Kyle venait de mettre ses fesses sur le bout de béton usé par des années à servir de siège de fortune. Lorsque Elia le remarqua, elle sauta de son perchoir et manqua de tomber en raison de la couche de glace au sol.
— J-je pense que je vais aller demander à mon frère de se dépêcher!
Mon cerveau n'eut le temps d'analyser l'information qu'elle était partie.
— Hey, Alice. It's about ton tattoo.
Je tirai sur ma manche par réflexe et grognai un soupire.
— Toi aussi tu es fan de SevenSins. Ma mère l'était tellement qu'elle m'a fait tatouer leur logo quand j'étais petite, je sais, irresponsable. C'est pour ça que mon père a divorcé sur le champ quand il a vu. Oui, elle était un peu folle.
Je venais de lui servir l'excuse que, depuis mes débuts en dialogue, je crachais à chaque fois qu'on me parlait de ce symbole. Mon ton devenait plus exaspéré à chaque fois.
— Oh. Really. Je peux voir?
Kyle n'allait pas avaler cette excuse, c'était évident avant même que je ne la dise.
— Là? C'est pas que je n'ai pas envie d'enlever mon manteau, mais ça ressemble à ça!
— Ok! No need, fais juste me dire ce que tu es vraiment, Alice.
Kyle se tourna vers moi, ses yeux dorés de nouveau, mais cette fois-ci, la couleur dura quelques secondes.
— Et toi, qu'es-tu? demandai-je.
— Tu n'as toujours pas deviné?
— Disons que j'ai ma petite hypothèse.
Du mouvement se fit dans ma poche et une petite tête poilue en sortie.
— Tu veux dire que tu t'es fiée à mon raisonnement.
— Gne-gne-gne! Je m'appelle Grimmy et j'ai l'égo plus gros que le cerveau! grimaçai-je.
Mes mimiques immatures fit rire Kyle qui trouvait mon manque d'autorité comique.
Well, si tu veux savoir, je suis un vampire.
— Je le savais! disons Grimmy et moi à l'unisson.
Le ouistiti me dévisagea comme si je venais de dire quelque chose de stupide.
— Tu ne le savais pas! Menteuse! Tu ne faisais que t'en foutre!
Je levai les yeux au ciel et lui enfonçai son couvre-chef sur la tête.
— Mais toi, Alice, qu'es-tu?
Bon. Le malaise avec cette question, c'est que je ne suis ni humaine ni Archnée, et quand j'explique ça aux autres, j'ai toujours deux réactions: «Ark. C'est dégueulasse.» ou «Comme c'est romantique! C'est comme si tu étais l'enfant d'un amour interdit!»
— Je suis... Métis.
Mon interlocuteur fronça les sourcils et tiqua légèrement la tête sur le côté.
— Comme dans: Un de tes parents s'est accouplé avec son repas?
Je fronçai le nez à cette définition de ma naissance. Si ma mère n'avait pas péri lors de l'accouchement, sûrement aurait-elle mangé mon père comme le font certaines races d'araignée avec leur compagnon depuis toujours.
— Tu as une façon de dire les choses qui me dégoute, mais oui: Ma mère a épargné mon père et a eu un enfant avec lui.
Je tentais de reformuler l'affirmation de Kyle, mais sa phrase me revenait à l'esprit comme on n'arrive pas à se débarrasser d'infestation de mouches à fruit en été, et là commence les judicieux pièges dotés d'appât en putréfaction.
— Alice! Emmènes-toi! me lança Ama qui avait, de toute évidence, finit de jaser avec l'autre paquet de nerf.
Je lui fis signe que j'arrivais et sautai de la rampe.
— On se voit demain, dis-je à l'intention de Kyle.
Je tendis mon poing pour qu'il y donne un petit coup, celui-ci ne vint pas.
— Kyle, c'est pas que je me sens humiliée du fait que tu ne répondes pas à mon fist, mais je me sens humiliée du fait que tu ne répondes pas à mon fist.
Le vampire se courba légèrement et déplia ma main sur le dos de laquelle il posa ses lèvres.
— Tu ne sais pas les bonnes manières, Alice.
— Tu ne sais pas quelle année nous sommes, Kyle. Retournes au 18e siècle.
— Moi aussi je veux me faire traiter comme une princesse! déclara Ama qui s'approchait ses yeux bleu glacial qui pétillaient.
Je vis le sourire amusé de l'agloolik se transformer en une crainte. Cette métamorphose était bien évidemment due à une marche manquée.
Voyant Ama étalée dans les escaliers, je ne pus me retenir... Je n'essayai pas de me retenir et éclatai de rire. On est bien amies, mais c'était beau à voir. De toutes façons, elle était tellement maladroite que c'était spectacle courant.
— Hé! Le gentleman anglais, va faire ta job, dis-je à Kyle à la blague.
Celui-ci alla aider Ama à se relever et cette dernière épousseta la neige sur son cardigan gris du mieux qu'elle pu.
Mais on sait tous que de la neige, ça fond. Elle avait donc le torse mouillé, heureusement pour elle, c'était une agloolik et elle venait donc des eaux glaciales au Nord du Québec.
— Bon, on peut y aller? demanda Ama dont la carnation habituellement tannée avait pris une touche de rose.
— Yep! répondis-je.
Je me tournai vers Kyle et lui demandai vers où il allait, peut-être pouvait-il marcher avec nous.
— On va venir me chercher, j'habite dans Westmount.
Je m'étouffai avec ma respiration: Westmount?!
Il a dit que quelqu'un allait venir le chercher, avec quoi?! La Batmobile?!
— Je sais. Ma mère est radiologue et mon père PDG d'une chaine de télévision.
Kyle, ou du moins ses parents, avait de l'argent. Beaucoup d'argent.
— Ouais, c'est ça. À demain, Bruce Wayne!
Le richissime adolescent me fit un petit signe de la main et sortit son téléphone.
Ama ne semblait pas avoir froid malgré son chandail trempé, seul barrière contre le vent hivernal.
— Ama! Habilles-toi un peu! J'ai froid pour toi! proposais-je en traversant la rue.
— Pour une fois, Alice à raison, si tu veux, je peux te prêter mes vêtements, ajouta Grimmy.
— Ha. Ha. Trop gentil, répondîmes sèchement Ama et moi.
J'avais établi ma petite routine avec Ama, après les cours, je la raccompagnais jusqu'au fleuve où elle plongeait pour ensuite nager jusque chez elle, elle nageait excessivement vite sous sa forme originelle. Par la suite, je marchais jusqu'au restaurant tenu par mon père et mon oncle, qui lui aussi était un arachné, j'y travaillais un peu ou y faisais mes devoirs et, parfois, je rentrais avec mon père.
Cachées dans ce qui, un jour, fut des arbustes, Ama et moi nous couvrîmes des regards curieux le temps que mon amie rentre dans l'eau. Nous avions percé un trou dans la glace pour que non seulement elle puisse avoir accès à l'eau, mais aussi son familier qui était une sorte de chien aquatique dont la queue se terminait en une patte palmée.
Ama rangea tous ses biens dans son sac étanche, pour les besoins de la cause, y compris ses vêtements à l'exception de ses sous-vêtements.
Sploush.
C'est en se penchant pour ramasser son sac qu'Ama glissa accidentellement dans l'eau, je répondis à sa maladresse par un gloussement.
— Ama! la grondais-je, Ne me fais pas rire!
Je doutais qu'elle m'avait entendue, sa tête toujours sous l'eau.
Lorsqu'elle ressortit, sa peau bleu-turquoise était couverte écailles brillantes et ses cheveux avaient pris la couleur des algues, seuls ses yeux bleu étaient restés les mêmes, glacials.
— Ali, pourrais-tu me donner mon sac au lieu de te moquer?
Je lui tendis prudemment ce qu'elle avait demandé et l'agloolik profita de ma proximité pour m'envoyer de l'eau au visage.
— AMA!! C'est gelé!
— J'espère bien!
Sur ce, elle s'enfonça dans l'eau sombre et je sus qu'elle était partie.
Le restaurant n'était pas bien loin, mais avec personne à parler, le trajet était pénible.
— Grimmy, chuchotais-je en sortant des branchettes.
Aucune réponse.
— Grimmy!
Je jetai un coup d'œil dans ma poche, le ouistiti s'y était endormi.
Le pauvre devait avoir faim et être fatigué.
Je fis de la marche rapide jusqu'au commerce de mon père pour raccourcir le temps d'attente de mon familier.
Arrivée, je poussai la porte en vitrée, je fus annoncée par un carillon et reçus un tablier en plein visage avant de n'avoir pus dire «Coucou».
— Alice, dépêches, Shawn ne pouvait pas rentrer aujourd'hui! me pressa Archie.
Shawn était mon voisin goule étudiant en médecine... Il en fallait pour soigner les monstres! Il était aussi lui qui m'avait fait goûter le sang humain quand j'avais six ans. Disons que depuis cette fois, lorsque quelqu'un se coupait, je proposais souvent de lécher le sang.
Il se pourrait que certaines personnes aient des doutes sur ma personne. Cependant, en autant que mon secret n'était pas dévoilé, je me foutais de ce que les autres peuvent penser.
Dans l'arrière-boutique, j'enlevai mon manteau précautionneusement pour ne pas réveiller Grimmy. J'ouvris le réfrigérateur et sortis des raisins pour qu'il puisse se nourrir.
Le tablier noué à mes hanches, un calepin dans les mains et un crayon coincé dans mes cheveux relevés en un chignon à la va-vite, j'étais prête à affrontée les clients à l'humour douteux.
Mais le plus important, la manche de ma chemise retroussée laissant mon tatouage à découvert.
Ça permettait aux monstres d'avoir un plat plus approprié à leur besoin.
— Bonjour mesieurs, comment allez-vous? acceuillais-je les nouveaux arrivants assis à l'une de mes tables.
— Bien, merci, répondit l'un d'entre eux.
Un monstre.
Je le savais parce que c'était quelque chose qui se ressentait lorsque nous le sommes aussi. Sauf pour les Métis comme moi, on ne peut pas nous sentir.
— Alors, vous prendrez quoi?
Les deux hommes regardèrent les menus rapidement. L'un d'eux était humain... Ou métis.
— Un café, avec... Un BLT, ma noire, demanda celui-ci pour qui la commande n'avait pas de messages subtiles.
— D'accord! Et vous monsieur?
Il passa son doigt sur la carte de menu, mais ses yeux étaient posés sur mon sceaux.
— Est-ce qu'un jus de légumes contient beaucoup de fer d'après toi ma p'tite?
Je grattai la peau de mon avant-bras avant de répondre.
— Je pense bien que je peux demander dans les cuisines à ce qu'ils mettent plus de brocolis.
Je disais brocolis, mais j'entendais sang.
Le monstre sourit et je pus entrevoir ses canines prononcées.
— Fais donc ça, et rajoutes un bon vieux BLT à ma commande aussi!
Il voulait un BLT régulier, ce qu'il y a de plus normal.
— Oook! Je reviens avec vos commandes bientôt!
En cuisine, j'allais voir Damon qui était un Contrôleur, une créature ou un humain, comme dans ce cas-ci, qui croyait en une paix entre les hommes et les monstres, mais qui pouvait empêcher un compère de décimer l'autre race.
— Deux BLT réguliers, un jus de légume avec supplément sanguin et un café.
Je travaillais ainsi pendant environ deux heures, jusqu'à ce que Shawn n'arrive.
— Salut Alice! Désolé que tu as dû me remplacer, j'avais un texte à finir pour l'école!
— Ça va, dans ma grande compassion, je te pardonne.
— C'est ça, Pupuce! ria-t-il en m'ébouriffant les cheveux.
Je repoussais sa main, mécontente, et partis avertir mon père qui était perdu dans ses papiers de mon départ.
— Ok, fais attention aux violeurs, et il y a de la soupe dans le fridge quand t'as faim.
— Ok, à tantôt, et fais attention à ne pas faire tomber toutes les clientes sous ton charmes, une seule suffit.
Archie leva les yeux vers moi, il ne comprenait pas pourquoi je tenais tant à lui trouver une amoureuse.
— C'est sûr, scram.
J'attrapai mon manteau et mon sac, pressée de rentrer. Grimmy eut juste le temps de rentrer dans mon sac et s'y enferma.
Dehors, le vent glacial du début de soirée vint frapper ma peau et traversa ma chemise. J'entrepris de mettre mon manteau quand j'entendus crier.
— SAKE! hurla une voix féminine.
Je me tournai en la direction de la voix juste à temps pour voir un loup me foncer dessus.
Un loup en plein Montréal?
Non, c'était beaucoup plus gros qu'un loup. Ce chien était comme un mélange entre un husky et un Terre-Neuve.
Ce chien courait très vite.
Vers moi.
Et il ne semblait pas désireux de s'arrêter ou de changer de direction.
Dans le temps de dire, je me retrouvai allongée dans la gadoue, mon manteau ne couvrant qu'un de mes bras, la bête me planquant au sol.
Je la regardais dans les yeux, il n'y avait aucune aggressivité, juste une flamme.
Un Gwyllgi, une sorte de chien-démon gallois.
Celui-ci portait un collier sur lequel pendait un médaillon gravé du symbole des Chasseurs.
Ces humains désiraient soit tuer les monstres ou les attraper pour les vendre à des Collectionneurs. Et à ce moment, ils devaient être en pleine chasse et moi, j'était le gibier.
— Traître. Dégages avant que je ne te trucide, dis-je froidement au démon.
Son regard me dit comprendre que ce n'était pas de sa faute, mais il décampa assez vite.
— Sake! Attends-moi! cria une fille que je voyais désormais.
Ses cheveux blonds mi-longs flottaient derrière elle, elle était bien partie dans sa course, mais s'arrêta à ma hauteur.
Elle semblait hésiter entre m'aider à me relever ou poursuivre «Sake».
— Euh... Je suis.. Euh... Vraiment désolée, mais je dois y aller!
Et elle repartit. Quelqu'un lui cria d'attacher une laisse à son chien.
— C'est qu'il la brûle-euh! Gruge!
Je restai assise par terre quand je sentis des mains m'aider à me relever.
Un garçon ressemblant un peu à l'autre fille avec ses longs cheveux me tenait le bras les yeux vissés à mon sceau qui était toujours à découvert.
Le jeune homme tira sur ma manche, cachant la marque.
Un frisson me parcourut et ce n'était pas parce que j'avais les deux fesses dans la neige sale.
Ses yeux bleus se plantèrent dans les miens, ils semblaient me dire garder ma marque couverte.
— Manaëlle! lança-t-il en direction de la fille qui courait toujours.
Il me tira sur mes pieds d'un fort coup, trop fort, et partit en sprint vers celle que je devinais être sa sœur.
Je rappelle que le coup était trop fort, je retombai donc, cette fois-ci, par en avant.
— Super. Maintenant, on est sûr que je suis bien mouillée.
Vacillante, je me relevai et attrapai mon sac.
— Oh! C'est beau la jeunesse! dit un homme accompagné d'une femme au visage sévère.
Mes genoux faillirent me lâcher lorsque je l'ai reconnus.
— «Beau»?! s'indigna-t-elle, Nos enfants ne sont même pas capables de retenir leur cabot! Il a renversé cette jeune fille!
Dominick et Clara Collins, dirigeants d'une famille de Chasseurs réputée, que faisaient-ils ici?! Le Canada n'était pas un guêpier de monstres sanguinaires pourtant!
Le couple passa son chemin et je réalisai une choses.
Si les deux adolescents qui poursuivaient le Gwyllgi étaient des Collins, ça veut dire que le gars m'avait aidée en sachant que j'étais un monstre.
What the hell?! lachais-je malgré moi.

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N/A
Salut! C'est encore et ce sera toujours Laska! J'espère que vous avez apprécié ce chapitre (que j'ai écris jusqu'aux petites heures du matin au lieu de dormir ou faire mes devoirs de mathématiques -Géométrie Euclidienne, youpi- donc si j'échoue cette matière, on va savoir pourquoi), je ne me suis pas révisée donc ça se peut qu'au lieu de «monstre» j'ai écrit «montre», désolée pour ceux que ça perturbe.
Si vous avez aimer, n'hésitez à frapper la petite étoile (elle l'a bien mérité, n'ayez pas honte de tabasser une étoile sans défense!) et/ou à commenter. Si ce chapitre vous a donné l'envie de vous crever les deux yeux, expliquez-moi pourquoi cette violente réaction en commentaire.

Sur ce,
À la revoyure!
(J'essaie de faire des montages photos qui représentent les personnages. Puisque ce n'est pas évident, vous pouvez essayer de deviner le personnage dans les commentaires si vous voulez.)

-Laska-

Maman, que suis-je? [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant