Maman, que suis-je? [En pause]

Le déjeuner est le repas le plus important de la journée

Cette nuit-là, je me couchai assez tard, non pas pour finir ce jeu que m'avait prêté Elia, mais afin de lire ce foutu roman pour mon cours de français. Ce qui fit que je me réveillai en mode zombie le lendemain. Je me préparai lentement pour l'école, puisqu'aujourd'hui, je m'étais levée à la bonne heure.
Ama vint me rejoindre pendant mon déjeuner que je partageai avec elle.
— Il faudrait peut-être partir plus tôt aujourd'hui, il neigeait pas mal quand je suis arrivée, me dit-elle en avalant un raisin.
Je soupirai et m'écrasai sur la table.
— Et mon père est déjà parti au travail, alors il ne peut pas aller nous reconduire... D'accord, laisse-moi juste le temps d'aller me pendre.
Je voulais juste retourner me coucher, mais Grimmy m'en aurait empêché.
J'allai me brosser les dents et me changer dans la salle de bain, je venais juste de finir quand Ama rentra dans la pièce.
— Ama! T'aurais fait quoi si j'avais été nue?!
— Ça fait vingt minutes que tu es là-dedans, ça m'aurait étonnée. Y'a Shawn à porte qui propose d'aller nous porter.
Je sortis en attachant mes cheveux en une queue de cheval haute.
— Bon matin Alice, à voir tes cernes, tu n'es pas d'humeur pour une blague aussi tôt.
— Bravo Captain Obvious.
Dans ma chambre, j'essayai tant bien que de mal d'arranger mon teint avec du correcteur, mais finis par abandonner, parfois il fallait juste accepter la réalité comme elle était : ma peau ne voulait pas coopérer. J'enfilai le collier de ma mère en faisant attention à ne pas emmêler mes cheveux au fermoir et fourrai un châle de laine dans mon sac.
Je semblais toujours oublier que l'école avait d'autres factures à payer que celle de chauffage, et donc, j'allais me geler chaque jour dans des salles de cours dignes d'être des chambres froides.
— Je suis presque prête, laissez-moi juste me préparer un lunch, informais-je Shawn, Ama et Grimmy.
— Pas besoin 'tite Alice! me dit Shawn, Je t'en ai préparé un pour te remercier du café d'hier...
C'était quoi ce sourire sur son visage?! Ce ton moqueur?!
Lentement, il sortit de son sac un Thermos. Non. Pas un Thermos. LE Thermos de princesse.
— Ah... T'aurais pas dû, dis-je faussement heureuse, Sérieusement. T'aurais pas dû.
— Allons! Ça me fait plaisir! ajouta-t-il la voix dégoulinante de moquerie.
Shawn mit un bras autour de mes épaules et me donna le Thermos rose Barbie.
— Oui... C'est ça le problème: ça te fait plaisir.
Je rangeai mon repas dans mon sac et me dirigeai vers le vestibule.
— Grimmy, viens ici, ordonnai-je en sortant son habit de neige.
— Non.
S'en suit notre séance de chamaille quotidienne d'où, comme à l'habitude, je sortis vainqueur.
— Je ne comprend pas pourquoi je suis obligé de mettre ces vêtements ridicules... Je ne serais même pas en contact avec l'extérieur, bouda le ouistiti.
— Et moi je ne comprends pas pourquoi c'est toujours la même histoire à chaque matin, lui répondis-je en le glissant dans ma poche.
En mettant le pied hors de chez moi, je sentis un vent froid venir se frotter à mes joues.
Super. Une tempête de neige. Et bien évidemment, mon école ne fermait jamais.
Le moteur de la Toyota noire de Shawn roulait, réchauffant le véhicule. Je sprintai vers la voiture, mais glissai dans les escaliers sur une plaque de glace cachée par la neige. Bien évidement, si moi j'étais tombée, il ne fallut pas deux secondes à Ama pour faire de même atterrir sur moi. Je hissai sous le poids soudain, bien qu'elle n'était pas bien lourde. Grimmy éclata de rire bien que la chute avait due bien le secouer, Shawn, par contre, vint nous aider à nous relever en bon gentleman qu'il était.
... Bon, il riait lui aussi, mais moins que Grimmy.
— Foutue glace noire! pestai-je en brossant la neige sur mon manteau avec mes mains.
Ama me remercia d'avoir adoucit sa chute.
— Ça m'a fait plaisir... Et mal.
Je massai le bas de mon dos et me dirigeai rapidement, sans courir: j'apprend de mes erreurs, vers le véhicule. Mes mains tirèrent frénétiquement sur la poignée qui était, de toute évidence, verrouillée.
— Shaawn~! me plaignis-je.
— J'arrive, j'arrive!
Je croisai les bras, impatiente.
— Ça serait bien que tu ouvres cette porte avant que je ne me transforme en Frosty le Bonhomme de Neige.
Un soupire de frustration émana de ma bouche, ce qui provoqua un mince sourire sur celle de Shawn. Mon dévoué voisin déverrouilla les portières et je me jetai à l'intérieur de la Toyota.
Lorsque tout le monde fut assis, la ceinture de sécurité attachée, bien évidement, Shawn fit reculer sa voiture hors l'allée.
À la radio, un animateur beaucoup trop enjoué pour quelqu'un qui s'était levé à quatre heures du matin annonçait les écoles fermées en ce matin post-apocalyptique.
— Pourquoi tant de haine?! m'exclamai-je en cognant mon front sur le tableau de bord.
Ama, Shawn et Grimmy posèrent sur moi des yeux surpris, mais ceux-ci ne furent pas long feu. Il faut bien croire qu'avec le temps, je suis devenue prévisible.
— Ce n'est pas si mal, tenta Ama, Tu préférais reprendre la journée en été?
— Remarque, ça doit t'arranger, toi qui adore l'hiver.