Mon fessier bien posé sur ma chaise de bois, je faisais tout mon possible pour garder mon attention sur mon enseignante d'anglais. Malheureusement, la tempête qui s'abattait sur la fenêtre à ma gauche était follement plus intéressante que Mrs Chase qui n'avait pas plus envie que moi d'être ici. Elle devait bien être dans la fin trentaine, pourtant, on pouvait lire sur son visage qu'elle rêvait déjà à la retraite, du moins, ce matin.
— Ok. Class. For the following exercises, you are allowed to work in team... (Okay. Groupe. Pour les prochains exercises, vous avez le droit de travailler en équipe...)
La classe commença déjà à grouiller, bien que Mrs Chase n'avait pas fini.
— What are you doing? I haven't pass the sheets yet. (Qu'est-ce que vous faites? Je n'ai pas encore passé les feuilles.)
Les élèves retournèrent à leur place respective, mais restèrent prêts à se lever.
— By the way, it's maximum three by team. (En passant, c'est maximum trois par équipe.)
Il eut quelques murmures de protestation, mais ils se turent quand elle commença à passer les feuilles d'exercices. Je n'avais aucune idée sur quoi portait le travail, j'aurais sûrement dû écouter pendant qu'elle expliquait.
J'attrapai tout de même étui à crayons et feuilles et me dirigeai vers Ama.
Celle-ci était assise avec Brandon et Kyle.
Minute, papillon.
Ama, Brandon et Kyle.
Ça fait trois. Et moi là-dedans?!
— Eh! les apostrophai-je. C'est vraiment gentil d'avoir pensé à moi!
Ils se tournèrent vers moi alors que je m'asseyais sur un pupitre juste à côté.
— Désolée Ali, s'excusa Ama.
Ce n'était pas dramatique, le problème était surtout que je n'avais aucune idée en quoi consistait la matière.
— But why aren't we just doing two teams of two? (Mais pourquoi est-ce qu'on ne fait pas juste deux équipes de deux?) demanda Kyle qui, je pense, avait bu.
Brandon lui donna un sourire Crest aussi radieux qu'à son habitude. Il faut croire qu'être en parfaite santé pouvait réellement affecter l'humeur.
— I want to be with Ama, because she is my best friend and with you because you speak english (Je veux être avec Ama parce que elle est ma meilleure amie et avec toi parce que tu parles anglais), expliqua-t-il avec son accent francophone très prononcé.
Je soupirai en opposition.
— C'est sûr que tu as besoin d'aide dans ce domaine... marmonnai-je.
Brandon leva la tête vers moi.
— Quoi?
— Rien.
Kyle prit ses choses, faisant mine de se lever.
— I don't mind being in team with Alice, if that can help. (Ça ne me dérange pas d'être en équipe avec Alice, si ça peut aider.)
— Ça va, je vais probablement juste me mettre avec Sandra et Alec.
Ils étaient des bonnes connaissances avec qui je partageais quelques classes.
Kyle me lança un regard me réprimandant. Il ne voulait clairement pas être avec en équipe avec Brandon.
Je descendis du bureau et allai m'assoir à côté d'Alec. Ses cheveux châtains mi-longs étaient attachés, libérant son visage.
— Je peux travailler avec toi? le demandai-je.
— Oui, oui bien sûr.
Je remarquai Sandra penchée sur sa feuille, quelques pupitres plus loin.
— Sandra travaille pas avec nous?
Alec grimaça en réponse.
— Elle est un peu moody en ce moment. Ça ne va pas avec les parents de Camille.
— Ah oui... Elle t'en a parlé?
— Nah, mais ça se voit tout de suite.
Ces deux-là avait été meilleurs amis depuis toujours à ce qu'ils disaient.
Alec avait été la première personne à savoir pour la bisexualité de Sandra et elle était celle qui avait fait Alec accepter son homosexualité, le hasard fait bien les choses. Camille était en fréquentation avec Sandra, mais à ce que je comprenais, les parents de celle-ci ne soutenait pas vraiment sa relation.
Je regardai Sandra qui semblait très concentrée. Ses parents à elle étaient très ouverts d'esprit, des gens super que j'avais rencontré quand j'étais allée chez elle pour un projet scolaire. Malheureusement, ce n'était pas le cas de tout le monde.
— Alors je la laisse seule pour qu'elle- commença Alec.
— Hey yo Sandra! appelai-je.
Celle-ci leva la tête vers moi, j'en profitai pour lui faire signe de venir.
— Tu ne sais pas ce que «seule» veut dire, non? marmonna le châtain.
Sandra vint nous rejoindre et m'expliqua la matière, nous permettant de finir les numéros avant la fin du cours.
— Pas de devoir! m'exclamai-je.
— Alice, in English, me rappela Mrs Chase.
— I mean, « No homework ».
Je me levai et allai prendre le reste de mes cahiers. La cloche sonna, m'avertissant que le cours était fini.
Je n'attendis pas Ama et sortis de la classe. De toute façon, je devais aller voir Grimmy. Je tournai donc à gauche pour me diriger vers la bibliothèque, mais je vis du coin de mon œil une personne marcher à mes côtés.
Cette personne ne faisait pas que partager mon chemin, mais me suivait. Je me tournai légèrement et vis l'anglophone aux tendances étranges.
— Qu'est-ce que tu veux Kyle?
— First of all, ce n'était pas très gentil ce que tu as fait.
J'eu un sourire en coin en repensant au regard qu'il m'avait donné.
— Allons, il te veut aucun mal. Brandon veut juste être ton ami. Il est une bonne personne. Je crois.
Je dis les deux derniers mots un peu plus rapidement et souris pour cacher mon doute.
— Mais je ne veux pas être son ami.
Je croisai les bras et le toisai, c'était lui qui disait ça?
— Déjà que tu as l'air étrange, tu ferais bien de mieux t'intégrer que ça... lui conseillai-je.
— Qu'est-ce que tu veux dire par étrange?
Nous tournâmes un coin, pénétrant dans barrière d'élèves se rendant à leur case. Je me faufilai plus facilement que Kyle, mais il arrivait à me suivre.
— Come on, tu ne peux pas ne pas voir, lui dis-je une fois sortie du troupeau.
J'ouvris la porte de la bibliothèque et lui la tins ouverte. Il me remercia à voix basse en entrant, moi faisant de même juste derrière.
— Tu débarques au milieu de l'année dans une école francophone, personne ne te connait, tu es beaucoup trop riche pour fréquenter cet endroit, nous savons tous les deux que tu ne devrais pas te montrer en public et que tu es probablement un pédophile.
Insulté, le vampire fronça les sourcils, il ne devait pas avoir apprécié le coup du pédophile.
— Ce sont de fausses accusations pour ton information.
Il était réellement vexé, oups.
Le très certainement centenaire me suivit jusqu'au fond de la bibliothèque.
— Ne t'en fait pas. Je ne te juge pas... Trop. Ça doit être difficile de trouver quelqu'un de son âge avec ton visage.
La condition de Kyle était semblable à celle d'Ama. Un agloolik vivait tant et aussi longtemps qu'il était sollicité, si un jour, nous arrêtions de pêcher, tous les aglooliks se dissoudraient et ils retourneraient ne faire qu'un avec le cycle de l'eau. Après tout, ils étaient des esprits, ils étaient donc immortels. Ama avait eu une passe où, pendant des années, elle avait décidé d'arrêter de se lier avec les humains, ils étaient trop fragiles et mourraient trop rapidement. Mais ils étaient sa raison d'exister, eux et les ours, elle avait fini par accepter l'inévitable et profiter des relations qu'elle pouvait développer avec eux. Eux étant les humains. Pas les ours.
Pour ce qui était des vampires, on les rencontraient plus souvent en campagne, ils vivaient en hermite, se subsistant de sang des animaux. Mais il arrivait qu'ils se mélangeaient avec le reste de la population, dans ce cas, ils avaient tendance à travailler de nuit.
— Tu es très vexante.
— Et pourtant, tu veux être mon ami, me moquai-je.
Nous arrivâmes à l'étagère où j'avais déposé Grimmy plus tôt.
— C'est juste une preuve que tu n'es pas une gentille petite humaine.
— Premièrement, il y a des humains mille fois plus monstrueux que nous. Deuxièmement, je suis une bonne personne.
Je le pointai du doigt pour bien l'intimider.
Bonne chance.
Il ricana un peu en croisant les bras.
— Toi et moi ne sommes pas des gentils.
Je le fis taire de mon doigt.
— Parle pour toi, je suis la bonté incarnée.
— Tu le dis, mais tu n'y crois pas.
J'allais répliquer, mais je sentis quelque chose bouger sur mon épaule.
— Ok. On arrête ça là, ordonna Grimmy caché dans mes cheveux.
Le ouistiti, qui s'était faufilé pendant ma conversation, fixait Kyle qui ne semblait même pas le calculer.
— Je suis celui qui lui rappelle qu'elle est une mauvaise personne, toi, tu peux aller te perdre, rajouta l'animal.
— Je ne sais pas comment je dois le prendre, avouai-je à mon familier.
Kyle fit un pas pour se rapprocher et se pencha afin d'être au niveau de Grimmy.
— Ne te plains pas trop. After all, tu ne sers à rien, mais moi, je suis là pour donner un sens à ton existence, lui dit-il à voix basse.
Je n'avais pas compris le sens de cette phrase, mais ça avait fait taire Grimmy qui se fait petit dans le creux de mon cou. Bien qu'il était déjà minuscule.
— Je sais pas c'est quoi ton but, Kyle, mais on dirait que tu parles à mon cou.
Il se releva et me fit un sourire.
Encore. Ce gars ne savait pas sourire, c'était inconfortable.
— Qui t'as appris sur le fonctionnement de notre réalité? me demanda Kyle.
— Hum... Grimmy et... Un ami de la famille.
Kyle semblait regarder dans mon âme avec ses yeux fixes.
— Ils t'ont sûrement juste appris à survivre en société.
J'hochai la tête incertaine.
— En fait, je pense que c'est mon père qui s'est occupé de ça... Quoi qu'il aurait parfois besoin d'aide lui-même...
La queue de Grimmy me chatouillait la nuque alors que ses petits doigts attrapaient la peau qui couvrait ma clavicule. Je ne savais pas s'il était nerveux ou s'il considérait les propos de Kyle.
Ou les deux.
Kyle eut un petit rire, ce qui me fit réaliser la distance qui nous séparait. En général, j'aimais avoir au moins un bras de distance avec les gens possiblement dangereux. Je reculai donc d'un grand pas, l'équivalence d'un bras... Appartenant à un basketteur.
— Alice, je peux t'apprendre tout ce que tu veux.
Je grimaçai en raison du malaise que me procurait la sonorité de cette phrase. Le français n'était pas sa langue maternelle, il fallait se souvenir.
— Je peux te montrer un monde completely nouveau.
— "A whole new world" much? lui répondis-je.
Disney. Vraiment? Aladdin n'était même pas mon film favoris... C'était Treasure Planet.
... Et High School Musical 3. Onze sur dix. Meilleur film existant. C'était un véritable chef-d'œuvre.
Je n'écoutais que de la vraie musique comme Fall out Boy, My Chemical Romance, The Neighbourhood, etc. ET la bande sonore d'High School Musical.
— Je ne suis pas un grand fan des films de princesse Disney, m'avoua le vampire, Je préfère Treasure Planet.
Je me figeai. Venait-il de dire...?
— C'est officiel. Nous sommes maintenant meilleurs amis.
Je tapai deux fois sur son épaule, scellant notre amitié.
Je ne me souvenais pas d'avoir fait cette action avec Ama ou Élia, mais j'avais l'impression qu'elle était nécessaire dans ce cas.
Je m'accroupis pour faire descendre Grimmy de mon épaule.
— Je vais revenir te voir ce midi, as-tu besoin de quelque chose avant que je ne parte?
Il resta dans la lune quelques secondes avant de répondre.
— Non, non.
Le ouistiti retourna se cacher sans un mot de plus. Il n'était pas dans son assiette, je le voyais et le sentais en moi.
— Grimmy..? appellai-je inquiète.
Que se passait-il avec lui? Où était son humour sec et noir?
Une main se posa sur mon épaule, Kyle avait posé un genou par terre pour se mettre à mon niveau.
— Il va bien. Il a juste réalisé quelque chose.
Je fronçai les sourcils sous la confusion. Mes yeux retournèrent fouiller pour mon familier sans que je ne le désire. J'avais un sentiment inconfortable en moi, comme une boule dans mon ventre.
— Je vais pouvoir tout expliquer, mais pas ici.
Je me relevai et fis face à Kyle.
— Quand et où?
Il haussa les épaules en réponse. Ça n'avait pas l'air de l'importer. Il eut quelques secondes silencieuses de malaise.
— J-je dois aller à ma case. On se voit tantôt, finis-je par dire.
Je partis le laissant seul, mais en tournant pour regarder derrière, je le vis à genoux devant le mur du fond, là où j'avais laissé Grimmy. Il jeta un coup d'œil derrière son épaule et croisa mon regard.
Le vampire, très louche, se releva pour maintenir mon regard.
Ses pupilles soudées aux miennes me rendaient malaisée. Il y avait quelque chose chez lui de dérangeant qui, pourtant, ne m'était pas étranger.
Peut-être le fait qu'il était une créature sanguinaire aux habilités sociales douteuses. Peut-être.
Shawn était un créature sanguinaire, mais il était aussi extrêmement sympathique. Quand on ne le connaissait pas, sinon il était horripilant.
Pour mettre fin au combat de regard, mes paupières se fermèrent sans que j'en eu donné l'ordre. J'en profitais pour tourner les talons et quitter la bibliothèque.
Bien que je m'inquiétais pour mon familier, je n'arrivais pas à me décider à retourner le voir. Pas avec Kyle pouvant écouter ma conversation avec lui.
À ma case, je vis Ama et Élia parler en se montrant leur collier de pâtes alimentaires.
Je ne pouvais pas avoir des amies matures?!
Un peu plus loin, se tenaient Brandon et Guillaume qui semblaient engagés dans un discussion animée.
Ce dernier était un ami de Brandon, aussi coéquipier dans presque tous les sports que pratiquait le frère d'Élia, je le connaissais surtout puisque nous étions dans la même classe en art dramatique et en français. Le pauvre Gui-gui avait un problème, très commun, avec le taux sébum sur sa peau, le laissant avec des rougeurs qui couvraient la majorité de son visage. Ces tâches volaient l'attention qui aurait dû être dirigée vers ses deux beaux yeux noisettes. Il n'était pas aussi extraverti que son bon ami, j'en devinais que c'était en raison de son manque de confiance. C'était sûr que ses cheveux roux accentuaient les tons chauds sur son visage, autrement dit, ses boutons, il les gardait justement très courts. Un point positif était que son visage était bien dégagé, on voyait bien son grand nez surmonté d'une petite bosse ainsi que sa bouche aux lèvres charnues.
J'observais le dialogue enflammé qu'il entretenait avec Brandon. Celui-ci avait l'air radieux, bien que considérablement plus petit que Guillaume, pas qu'il était petit, juste que Guillaume était une asperge. Si on ignorait leur passion pour le sport, ils étaient comme nuit et jour. Brandon avait ce léger tan continuel et se tenait au plus grand de sa colonne, alors que Guillaume, avec sa peau sujette aux coups de soleil, gardait la plus part du temps les épaules courbées.
— Ali, est-ce que c'est mon frère que tu fixes comme ça? me demanda Élia en rentrant dans mon champ de vision.
Elle se tenait sur la pointe de ses gros orteils pour être à mon niveau.
Et je n'étais pas grande.
Mais elle refusait qu'on l'appelle «petite», fun size était le terme approprié.
— Je réfléchissais à comment je me servirais de lui comme bouclier humain si un marteleur fou rentrait dans l'école, répondis-je sans vraiment réfléchir.
Et ce, les enfants, c'est pourquoi il faut toujours tourner sa langue sept fois avant de parler.
— Un marteleur? répéta la fille de la taille des barres de chocolat qu'on recevait à l'Halloween.
— Tu sais, un dude avec un gros marteau qui tape sur les gens. Comme Thor. Mais sans les éclairs. Et pas Chris Hemsworth.
— Logique, dit Ama à mi-voix, Tu sais Alice quand on dit que tu n'es pas très gentille...
J'ignorai son commentaire, ma non-gentillesse était devenue un thème qui revenait souvent aujourd'hui.
Trop souvent pour mon amour-propre.
Je changeai mes cahiers d'anglais pour ceux de français, me concentrant pour avoir l'air le plus détachée possible.
***
Cela faisait dix minutes que la classe attendait après le suppléant en avant. Il ne s'était pas présenté, il n'avait pas pris les présences et on avait un examen de lecture à faire.
... Quoi que la dernière partie n'était pas si dramatique.
Je serrai mon châle sur mes épaules en frissonnant. Ma place était l'avant-dernier pupitre du rang sur le bord des fenêtres. Ce qui était une bonne idée en début d'année quand il ne faisait pas -40°C.
Élia avait pris le bureau juste derrière moi qui était «la place du protagoniste par excellence» d'après celle-ci. À sa droite, se trouvait Brandon et Guillaume, juste devant le sportif bio était assise Ama. Il n'y avait pas de plan de classe dans ce cours, donc tout le monde avait pu choisir son bureau en début d'année, scellant ainsi notre destin.
Oui. Parce que c'était connu qu'il suffirait d'une seule personne s'assoyant ailleurs pour que le climat de classe se retrouve chamboulé.
Il fallait croire que Kyle n'avait reçu le mémo parce qu'il s'était assis au pupitre me précédant. J'avais pu voir la confusion et la détresse dans le regard d'Alec qui s'asseyait, jadis, devant moi. S'en suivit un effet domino qui se termina par le dernier arrivé s'assoyant dans la première rangé.
Tout seul. Qui s'assoit dans la première rangé par choix?
Le suppléant fit tomber une pile de feuilles qui alla voler dans la tristement célèbre première rangé.
Je soupirai en sortant un Jolly Rancher de mon étui : je ressentais le besoin de sucre. Quand je levai les yeux pour évaluer le nombre d'année que prendrait le prof pour être prêt, je croisai des iris marrons insistants.
— Please? supplia Kyle.
Je fouinais entre mes crayons et lui tendis un caramel mou.
— Tu me dois quelque chose.
Le pseudo voleur de sucreries n'eut pas le temps de répondre que le suppléant s'adressa enfin à nous.
— Bonjour! Désolé pour le délai, je devais trouver la feuille de présence.
— Surprise, surprise, marmonna Ama.
Brandon ria au commentaire et le répéta à son voisin.
— Je m'appelle Amine, mais vous pouvez m'appeler monsieur si vous préférez. Je suis professeur de mathématique en secondaire 2, mais j'ai aussi un groupe dans votre niveau.
Peut-être avait-il certains de ses élèves dans cette classe. Est-ce que c'était important? Non. Est-ce que je m'en foutais? Oui.
— Puisque Marie-Ève n'est pas là, on m'a chargé de vous expliquer le prochain projet qui s'étendra jusqu'au mois de mai.
Il eut un sentiment de confusion qui souffla sur les élèves. Déjà, c'était quoi ce méga projet. Et pourquoi est-ce un enseignant de mathématiques qui nous l'explique?
— C'est un projet classe. Ce qui veut dire que ceux qui aime le travail d'équipe vont être servit!
Une blague de prof de maths. Il eut quelques rires jaunes de politesse en réponse.
— Vous allez devoir créer une présentation qui sera présentée lors des portes ouvertes. Ça peut être un mini festival culturel, un spectacle, un film, un débat, etc. Vous allez avoir des périodes gelées et des récupérations pour vous avancer, mais il va falloir travailler chez vous.
Il eut un mouvement dans la classe. Certains étaient excités, d'autres avaient envie de se tirer une balle entre les deux oreilles.
— Alors? Des propositions? demanda Amine un crayon à tableau en main.
Quelques mains se levèrent et le crissement du feutre sur le tableau blanc se fit entendre.
Après quelques minutes, nous avions épuisé nos ressources.
— Je ne vois débat nul part. En général, c'est ce pour quoi les élèves optent, remarqua le suppléant.
— On est des lovers, pas des fighters, lança Brandon.
Il eut un gloussement général auquel je participai.
Amine passa une main dans sa chevelure noire qui frisait en boucles serrées. Il avait l'air d'apprécier l'humour de Brandon. Tant mieux.
— En levant la main, qui est en art dramatique? demanda le prof.
Environ le tiers des étudiants, ceux aillant pris cette option, leva la main.
— En musique?
La moitié de la classe se manifesta. Pour être réaliste, il devait y avoir 6 élèves en arts plastiques.
— Que dites-vous de faire une comédie musicale?
— Ma vie entière est une comédie, chuchotai-je à mes amies.
La proposition d'Amine ne fit pas beaucoup d'effet.
— Prenez un classique comme... Titanic, pour notre ami en arrière, et faites votre propre soundtrack.
Des petits «ah» de compréhension se firent entendre.
***
Au final, la classe finit par voter sur une adaptation d'un classique de Disney. Il fallait maintenant choisir l'histoire et le rôle de chacuns.
Il eut des idées ici et là, mais aucune ne valait la peine.
— High School Musical, proposai-je.
Il eut deux secondes de silence, puis d'un coup, j'entendis l'enthousiasme des jeunes nostalgiques. Bien sûr, toute cette énergie se fit couper sec.
— Vous savez qu'il faudrait tous chanter? rappela une voix dans la cacophonie.
Et le silence fut.
— Que pensez-vous des 101 Dalmatiens? proposa un.
— Tu veux te déguiser en chiot? répliqua un autre.
Ce genre de réalité te coupait le plaisir court.
— Et Blanche-Neige?
— Bonne idée, on a qu'à cloner Élia pour avoir nos sept nains, riai-je.
— C'était actuellement blessant, chuchota cette dernière.
Nous continuâmes à trouver et à rejeter des idées jusqu'au moment où quelqu'un proposa Peter Pan.
Une bonne idée! Merci seigneur!
Amine regarda sa montre ainsi que l'horloge murale, qui n'avait jamais été à la bonne heure comme la quasi-totalité de ses consœurs dans les autres classes.
— La cloche va bientôt sonner, pensez-y et parlez-vous. Marie-Ève devrait prendre en note votre suggestion au prochain cours.
La majorité des élèves se regroupèrent téléphone portable en main pour attendre la cloche.
***
Troisième et dernière période avant la pause du midi. J'étais assise sur le sol du gymnase, les genoux remontés à mon menton à écouter Jean-Charles, l'enseignant en éducation physique, parler de l'importance de la position de la main en badminton. Je ne pouvais m'empêcher de jouer avec l'ourlet du chandail de sport de l'école qui me faisait aussi bien qu'un sac de poubelles et dans lequel je pouvais probablement rentrer deux fois.
— Si vous ne faites pas attention à votre poignet, vos services n'iront pas dans la bonne direction.
Il se répétait mais ce devait à cause des gens comme moi qui ne savait pas tenir une raquette. J'avais même une ecchymose sur le poignet, car je l'accrochais quand je frappais le volant.
Malgré qu'écouter aurait pu m'être utile, je gardais le regarde fixé dans le vide avec mes pensées se promenant ici et là.
— Je voulais vous faire courir ce matin, mais considérer la température, je ne vous ferais pas sortir.
Des petits «yes» de joie parcoururent le gymnase à l'éclairage industriel. Il y avait un bâtiment séparé de l'école dans lequel se trouvait un gymnase plus volumineux. En temps normal, Jean-Charles nous aurait fait courir dans celui-ci, mais, merci tempête, ce n'était pas le cas cette journée-là. À la place, nous nous échauffâmes en jouant au badminton avec le mur. Celui-ci était mon plus grand rival. J'entretenais une haine pour la masse de béton sur laquelle je m'étais assommée, accidentellement, à mainte reprise durant les cinq dernières années. Élia s'était placée à ma gauche pour l'échauffement. L'enfant de Tumblr chantonnait une chanson dans une langue qui m'était inconnue, probablement du japonais ou du coréen.
Ou une tentative de langue étrangère puisqu'elle ne maitrisait aucune des langues citées.
— Oh! I am curious, yeah! Satessonikwa! chantait-elle en entamant un service.
« Satessonikwa » ?
— À tes souhaits, lui dis-je.
La courte sur pattes ne me répondit point et continua à chanter.
— Bonjour l'impolitesse, marmonnai-je en faisant tomber le volant.
Un petit coup derrière mon crâne attira mon attention. Ama venait de me faire un service sur la boîte crânienne.
— Quoi? soufflai-je irritée.
— As-tu une idée de ce que tu veux faire pour le projet de classe?
Je me penchai pour ramasser mon volant.
— Je sais pas trop, peut-être Wendy.
L'expression de poisson... L'expression du poisson laissait voir qu'elle ne me croyait pas.
— J'aimerais jouer Wendy, répétai-je sérieusement.
Ama éclata de rire, je devais probablement me sentir insultée.
Son rire franc attira l'attention des élèves autour de nous.
— J'ai trop l'image en tête! ria-t-elle plus fort. Super responsable et brave!
Elle propagea la « blague » qui fit rire le reste des étudiants.
J'étais officiellement vexée.
— Come on, Alice, tu ne peux pas être Wendy, ajouta Guillaume, Capitaine Crochet par contre...
À ces mots, mes camarades devinrent fébriles à l'idée de me voir jouer le capitaine.
Avant même que je ne le sache, j'avais reçu le rôle du Capitaine Crochet. Il ne devait pas y avoir des auditions ou un truc du genre?
**
À la fin de la journée, je me plaignais encore à Ama de mon sort.
— Je suis trop petite pour jouer le capitaine!
— Mais non!
Son ton se voulait probablement rassurant, mais je n'étais toujours aussi inconfortable.
— En plus, Kyle s'est proposé pour aider aux costumes! Il est sensé faire le mien! Vis-tu le malaise?!
Du mouvement dans ma poche se fit sentir, Grimmy se remuait. Il était beaucoup plus silencieux qu'à l'habitude et je pouvais toujours sentir son malaise. Je donnais un coup de pied dans une boule de neige avec frustration.
Nous marchâmes encore un peu jusqu'au parc où jouaient des enfants du voisinage. Ils profitaient de la nouvelle neige tomber plus tôt dans la journée. Nous nous en approchâmes, trois d'entre eux nous reconnu et vinrent à notre rencontre.
— Allo! nous salua Maude.
La petite rousse d'environ sept ans renifla en remontant son foulard rose sur son visage.
Je secouai la main en salutation.
— Vous voulez jouer avec nous? nous proposa Tristan qui avait de toute évidence perdu un gant.
— Vous jouez à quoi? demanda Ama qui s'était accroupie.
— Aux chevaliers! répondit le petit téméraires.
— C'est une bataille de boule de neige! ajouta Maude, On a besoin d'une princesse à protéger!
— Wow! m'exclamai-je, Est-ce que je peux être une princesse?
Samirah, qui s'était approchée pour venir nous voir, s'y opposa.
— Ama a plus l'air d'une princesse, toi Alice, tu peux être la méchante sorcière!
Même les enfants pensaient que j'avais l'air méchante! C'était trop demander d'être une princesse?!
Peut-être un peu trop en fait...
Je devrais m'en tenir au Thermos.========================
N/A
Salutations,
Vous avez aimé ce chapitre légèrement en retard..? Personnellement, j'aime toujours autant écrire.
Je dois vous avertir que publier risque de m'être une tâche difficile jusqu'en mars, mais je ferais mon possible.
Pour une fois, je me suis relue, mais il doit rester quelques erreurs.
Pour ceux qui se demande ce que chantait Élia : Sherlock (셜록) de SHINee (샤이니).
Comme d'habitude, vous pouvez voter et commenter si vous avez aimé (vous pouvez aussi même si vous n'avez pas aimé...).Sur ce,
À la revoyure.-Laska-
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Maman, que suis-je? [En pause]
Paranormal*Lol, j't'en pause. Ça doit faire un couple de mois, il était temps que je le rajoute au titre* À 16 ans, ce qu'on veut, c'est vivre sa crise d'adolescence « tranquillement » comme n'importe quel autre être humain de son âge. Les partys, les amis pe...