The beginning. (partie 2)

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Chapitre prévu pour 13h, il est 13h02. On peut appeler ça de la quasi-ponctualité, non ?

Voici donc la vraie fin de Mineworld. Le dénouement final. Prêt(e)s ?

**********

*Pepper*

- Alors à deux contre onze, de base, on n'avait aucune chance... c'est comme ça que ça va se passer...?

- NT ? ne pus-je m'empêcher de lâcher, surprise.

- Hey, Pepper. Tu sais quoi ? J'ai l'impression de m'être laissé embarquer dans une histoire qui me dépasse.

- Peut-être, répondis-je, sur mes gardes.

La voix de Newtiteuf était plutôt posée, pensive ; presque la même que celle d'Unster quand il avait tué Arm'. Une petite nuance de joie en moins, cependant.

- Je ne suis pas vraiment d'accord avec Unster, je crois... il disait que ça ne faisait rien d'être le boss, le méchant de l'histoire. Mais moi, ça ne m'indiffère pas. Je crois que ça me déprime. Ça me fait mal, aussi. À quel point on a pu se monter les uns contre les autres comme ça...

- Tu le penses vraiment ?

- Oui... je le pense.

- Alors pourquoi est-ce que tu ne descends pas, et pourquoi tu ne viens pas te battre avec nous ?

Il parut hésiter, puis répondit :

- Parce que c'est trop tard. Regarde, Unster a tué Arm', Brioche et Rosgrim, et indirectement, Blondie. Moi, j'ai lâché l'enclume sur Brioche avant, j'ai frappé les pigmen pour tuer Dortos et Frigiel, et j'ai achevé Xef. Et puis... vous avez tué Unster. Il ne revivra pas. Je ne peux pas vous pardonner, vous voyez... désolé.

J'en restai le souffle coupé, et sans m'en rendre bien compte, commençai à pleurer. Par compassion et de résignation.

Je hais ce jeu.

Une boule de feu passa à ce moment juste au-dessus de ma tête, et frappa le dragon en plein dans son point faible. La bête mugit de douleur ; ses ailes arrêtèrent de battre, le feu sur son corps s'éteignit brusquement, et il se laissa choir au sol. Je reculai pour éviter qu'il ne m'écrase, serrai mon épée dans ma main.

La dragon s'effondra sur le ventre ; j'entendis vaguement Siphano crier d'attaquer. Mes yeux à moi étaient fixés sur Newtiteuf, encore assis sur le dos de sa monture, et qui me regardait de même, avec détresse et apaisement mêlés. Un regard que je ne pouvais pas soutenir.

- Pepper, m'appela-t-il alors que je baissais les yeux.

- Je hais ce jeu.

- Pepper, s'il te plaît... est-ce que tu peux me tuer ?

Je tressaillis, secouai farouchement la tête.

- Peux pas.

- S'il te plaît... c'est rapide, tu sais. Juste un coup à la nuque, avec une épée, ça suffira.

- Je ne peux pas te tuer.

- Si tu ne me tues pas, c'est moi qui te tuerai. Et qui vous tuerai tous. Mais je n'ai pas envie, moi... je n'ai pas envie d'être le seul gagnant, marchant sur douze morts comme ça...

Mes doigts se crispèrent sur la garde de mon épée, et malgré moi, j'avançai d'un pas lourd. Newtiteuf hocha la tête quand je levai mon arme au-dessus de son cou dénudé ; et, des torrents de larmes sur les joues et l'esprit rompu, j'abattis la lame.

Son visage souriant disparut en une nuée de pixels, et je m'effondrai sur le dos du dragon, où il se tenait juste avant.

Newtiteuf s'est fait tuer par Pepper.

Les cris de joie et les bruits des épées, les flèches qui fusaient, les mugissements du dragon, je n'entendis plus que vaguement tout cela. J'avais le cœur en miettes.


*Frigiel*

Si je devais établir un classement des pires jours de ma vie... hmm, celui-là ferait un gros score, définitivement.

Recroquevillé en position fœtale sur un sol de caillasse brûlant, une blessure causée par une flèche dans l'épaule droite, et en train de cramer comme une merguez... je devais faire pitié.

Je jetai un regard à ma barre de vie. Trois points. C'était vraiment pas passé loin.

J'avais encaissé les deux attaques qui auraient dû tuer Dortos, et qui m'avaient laissé assez bas en vie ; mais quand le dragon s'était dirigé vers nous pour cracher son feu, je n'avais pas hésité à dire à mon petit blond de me laisser en plan. Je n'aurais fait que le ralentir, et le dragon nous aurait touchés tous les deux.

Pour autant, je n'étais pas stupide au point d'y laisser ma vie. Je lançai un petit coup d'œil reconnaissant à la fiole vide qui avait roulé à un mètre de moi. La résistance au feu, quelle formidable invention.

À l'autre bout de l'île qui servait d'arène à ce combat de boss imprévu, des rugissements me parvinrent.

Mince... je peux pas rater ça, quand même.

Difficilement, je m'assis, et pus assister au spectacle unique de la mort du dragon rouge. Siphano lui avait porté le dernier coup d'épée, et la créature immense s'était embrasée une dernière fois avant de voler en éclats orangés. La voix qui nous était à présent familière annonça, toujours aussi atone :

Le dragon rouge a été vaincu. Félicitations, joueurs... vous avez fini le jeu.

Enfin.

Autour de moi, le Nether commença à son tour à se dissoudre, lentement. C'était joli. Et sacrément apaisant.

Un bruit de pas se rapprochant de moi me fit tourner la tête ; et Dortos me tomba littéralement dessus, me serrant contre lui à m'en exploser les côtes.

- Tu vas m'éclater la poitrine, mon chou, fis-je remarquer, amusé.

- Imbécile ! Imbécile ! Triple imbécile !

Il desserra néanmoins un peu sa prise, et je l'enlaçai à mon tour. Je souris presque en sentant quelque chose de mouillé contre ma peau.

- Ne pleure pas en m'insultant, ça ne va pas ensemble. C'est l'un ou l'autre. Décide-toi.

Il retira sa tête de mon cou, entre le rire et les larmes. Je ne pus m'empêcher de lui dire ce que je pensais, juste pour le plaisir de le voir rougir encore.

- Bon sang, t'es beau comme ça.

Ça ne rata pas, comme d'habitude. Passant un doigt sur ses joues empourprées, j'essuyai ses larmes.

- Fri'... chuchota-t-il, tremblotant.

- Oui, je sais, y'a des gens qui regardent. Et alors ?

- Non, c'est pas ça... c'est juste... ne me fais plus jamais un coup pareil. Jamais.

- D'accord, d'accord. La prochaine fois, au lieu de te sauver la vie et de réussir à garder la mienne, je te laisse crever. Tu serais pas vaguement bête, des fois ?

- Ferme-la, s'il te plaît.

Au contraire, j'avais très envie d'en rajouter ; mais Dortos ne m'en laissa pas le loisir. Maladroitement mais fermement, ses lèvres firent taire les miennes. Je me tus définitivement, et savourai l'instant. Notre premier vrai baiser.

Dortos finit par reculer ; son visage était de la couleur la plus intéressante que j'aie jamais vu. Passant ma main dans ses cheveux, je l'attirai encore à moi, et capturai de nouveau ses lèvres.

Le monde de Mineworld s'effondrait autour de nous. Le nôtre, à nous deux seuls, naissait doucement.

**********

Cry & smile. Il n'y a pas de dénouement heureux à 100%, ni de bad end absolue.

Merci à tous et toutes d'avoir suivi cette histoire jusqu'au bout et jusqu'au dernier mot. C'est mon projet de fiction le plus long et le plus abouti, et j'ai eu un plaisir fou à l'écrire, que j'espère vous avoir transmis à la lecture.

Rendez-vous (très) bientôt pour une nouvelle histoire... ♥

Mined Games I : MineworldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant