Baking bread

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Maintenant que j'y pense, la fin approche doucement... hé, vous la sentez aussi, l'imminence du combat final ? ♥

**********

*Frigiel*

- Fri', tu veux du pain ?

- Nah. Plutôt un bisou.

- Arrête, tu vas finir par te répéter...

Ouaip, peut-être, mais en attendant tu rougis toujours autant, petit blond.

J'étais assis sur mon lit, à ne rien faire, tandis que Dortos s'affairait entre la table de craft et les coffres. Et la seule chose que je regardais en fait, c'était sa jolie paire de fesses qui bougeait à chacun de ses pas. Oui, c'est typique de ce qu'on appelle couramment un pervers. Mais j'avais l'honnêteté de l'assumer.

- Tu pourrais m'aider un peu à ranger tout ça, me dit-il justement.

- J'pourrais, mais j'ai la flemme.

- Ben voyons. Monsieur le grand guerrier qui fonce droit sur des hordes de zombies déchaînés a peur d'un rien de rangement ?

- Ça me va droit au cœur, mon chou.

Il frémit à ce surnom. Aucune maîtrise de soi, celui-là... c'était peut-être ce qui me plaisait chez lui, cette innocence.

Wow wow, qu'est-ce que je raconte, moi... je me prends trop au jeu.

Aussi étonnant que ça puisse paraître, j'avais déjà une copine. Que j'aimais beaucoup. Sans jamais en parler sur les réseaux sociaux ni en vidéo, par égard pour sa propre vie privée, ça faisait plusieurs mois que nous étions ensemble, dans une quiétude parfaite. Avec elle, j'étais calme, posé, gentil... tout l'inverse de cet autre moi, à l'humour approximatif et aux pensées mal placées. Était-ce la pression de Mineworld qui me faisait cet effet ?

- Dortos, est-ce que ce jeu a l'air de m'avoir changé ? fis-je, soudainement pensif.

- Comment je pourrais le savoir ? Je ne te connais pas personnellement, patate, me répliqua mon ami.

- Pas faux, ça. Je devrais demander... non, je ne peux pas demander à Siph'. C'est mort.

Dortos sembla deviner que la question me taraudait vraiment - et que, exceptionnellement, je n'étais pas d'humeur à faire des blagues salaces - puisqu'il délaissa son ménage pour venir s'asseoir à côté de moi.

- Savoir si tu as changé... bah, j'sais pas, moi. Est-ce que tu fonces dans le tas comme ça dans la vraie vie ? Et est-ce que tu harcèles des mecs qui ne t'ont rien demandé ?

Tiens, je ne pensais pas qu'il oserait la sortir, celle-là.

- Foncer dans le tas ? Pas tant que ça. C'est plutôt le genre de Siph'. Et je ne harcèle personne, je crois.

- "Tu crois", releva-t-il ironiquement. C'est rassurant, ça.

- Mmh, je crois. En fait, on dirait bien que j'ai changé. Même quand je fais des vidéos et que je suis "Frigiel", ce n'est pas à ce point...

Mon ami hocha la tête, et parut hésiter ; mais il finit par lâcher, un petit tremblement dans la voix :

- C'est... peut-être pas mal. Que tu aies changé. C'est pas si mal. Enfin, je ne sais pas comment tu es autrement, mais... je... je t'aime bien comme ça.

Si j'avais tourné la tête vers lui à cet instant, peut-être aurais-je fait une énième réflexion sarcastique sur la couleur de ses joues. Mais je restai immobile, à contempler mes pieds. Et ne surtout pas relever ni interpréter les mots de Dortos. C'était lui, le gêné de service, pas moi.

Il comprit d'ailleurs que je n'avais pas l'intention de lui répondre. Mais contrairement à ce que je pensais, il ne s'en vexa pas. Que non.

Je le vis du coin de l'œil se lever... et il vint se rasseoir, juste après, sur mes genoux, face à moi. D'une main tremblante, il me prit le menton, et le souleva de sorte à ce que je le regarde dans les yeux.

- Fri... s'il te plaît, réponds-moi honnêtement cette fois.

- À quoi donc ?

- Pourquoi ne m'as-tu pas donné la deuxième potion normalement ?

Je décelai dans ses yeux la même lueur que celle que je devais avoir à chaque fois que je le taquinais. Tiens, il voulait jouer ? Autant fixer de suite les règles.

- Hmm... tu serais prêt à faire quoi pour que je te le dise ?

- C'est une surprise. Et ça dépend de ta réponse.

- Tss, tu sais que j'aime pas vraiment les surprises ?

- Vraiment ?

- Ouaip. Trop risqué.

- Dans ce cas, je vais te rassurer... ce sera une belle surprise. Pour peu que tu sois sincère, bien sûr.

Je pris un temps de réflexion, plongé dans ses yeux prune. Je n'avais pourtant aucun doute sur ma réponse. Ce jeu, en l'espace de vingt-quatre heures, avait inversé tout ce qui faisait l'ancien moi ; mais est-ce que j'avais le droit de mêler quelqu'un d'autre à cette folie furieuse ?

Oh, et puis tant pis. Au fond, ça reste un jeu.

- Parce que je voulais encore goûter à tes lèvres de petit garçon, mon blondinet.

Il rosit en penchant un peu la tête sur le côté. Au final, il ne pouvait pas s'empêcher d'être gêné... c'était adorable.

- Mmhmm... je l'aime bien, cette réponse.

Puis, se rapprochant un peu plus de moi, il chuchota :

- Dis, Fri'... tu veux pas du pain ?

- Nah. Plutôt un bisou.

Et la morale peut bien aller se faire...


Un raclement de gorge. Dortos s'arrêta à un cheveu de mon visage et jeta un regard incrédule vers la porte. Il sembla avoir un petit bug ; puis, paniqué, il me repoussa, sauta sur ses jambes, recula dans un coffre, et se cogna le talon dessus avec un petit couinement de douleur.

Vaguement agacé, je toisai Poupunou, dans l'encadrure de la porte, dont les yeux ronds comme des soucoupes passaient sans arrêt de Dortos à moi.

- Oh, tiens, Poupu'. 'alut, lui fis-je indolemment.

- Je... ahem... j'interromps quelque chose ?

- Du tout. Dortos me montrait un gros bouton qu'il avait sur le nez.

Je sentis que l'intéressé me lançait un regard assassin. Bah quoi ? Il n'était pas plausible, mon mensonge ?

Poupunou, apparemment pas convaincu non plus, soupira et annonça :

- Bref, j'ai pas envie de savoir. De base, je viens pour dire que j'ai assez d'enderpearls... on peut faire les yeux et partir. Tout le monde est regroupé, il ne manque plus que vous et on y va.

- Hmmf. D'accord, on arrive, ronchonna Dortos.

- Maintenant, insista Poupu'.

- Ouais ouais, maintenant.

Je me levai et suivis mon camarade aux cheveux blancs ; lorsque Dortos vint se mettre juste derrière moi pour m'emboîter le pas, j'entendis un rapide chuchotis à mon oreille :

- On n'en a pas fini.

**********

Ne tuez pas Poupu' en commentaires, s'il vous plaît. Les autres ont encore besoin de lui. Oh, et ne me tuez pas non plus. Y'a pas de wi-fi en enfer, z'auriez pas la suite.

Mined Games I : MineworldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant