Mined Games I : Mineworld

Jour 3 | Dispense with this

*Blondie*

Après une journée entière de préparation et une nuit de sommeil plus ou moins agitée, nous avions pris la route du Stronghold... non sans une dispute préalable entre Frigiel et Siphano, pour savoir qui allait garder et lancer les yeux de l'End. Brioche et Rosgrim avaient dû intervenir pour ne pas qu'ils s'entretuent, et chacun était parti avec la moitié des yeux. Les deux colocs avaient l'air d'être les seuls détendus et pragmatiques de nous tous... j'enviais leur calme. J'aurais aimé pouvoir apaiser mon chéri de la sorte.

Je savais les soupçons qu'il avait sur Frigiel, de même que la méfiance de tous les autres à son égard ; et moi, j'étais entre deux, incapable de le suivre sur ses accusations, mais sachant que lui-même était innocent. Je ne pouvais que lui communiquer mon soutien. Et ça me faisait mal de voir que ça ne suffisait pas.

Frigiel lança un autre œil, et je vins à côté de Julien, lui pris la main. Il eut l'ombre d'un sourire ; comme quoi, je servais quand même à quelque chose...

- On y est, lança soudain Frigiel, en regardant l'œil qui flottait à quelques mètres du sol, immobile.

J'avisai à mon tour l'endroit où nous étions arrivés. Après avoir traversé un marais - et vu des nénuphars qui avaient failli me faire éclater de rire - une forêt de bouleaux et une plaine, nous étions au pied d'une montagne, et devant nous s'ouvrait une grotte naturelle.

- C'est là-dedans ? entendis-je Arm' demander.

- Probablement, répondit Pepper à côté. De toute façon, le seul moyen de savoir, c'est d'y aller.

- Pas tous à la fois, reprit Frigiel. J'y irai.

- Moi aussi ! s'exclama immédiatement Dortos, arrachant un sourire à la plupart d'entre nous.

Je sentis Julien se crisper à mes côtés, puis il annonça d'une voix forte :

- J'y vais aussi.

Tout le monde se retourna vers lui, surpris. Mais moi, j'avais déjà compris pourquoi il se proposait. Il était persuadé que Frigiel pourrait magouiller dans son dos.

Ce dernier haussa d'ailleurs les épaules, les dents serrées, et partit vers la grotte. Dortos lui emboîta le pas, et mon chéri se dépêcha de les rattraper, moi à sa suite. J'entendis ma sœur parler un peu avec Poupunou, puis elle aussi nous accompagna.

Nous ne mîmes pas longtemps à dénicher un coin de pierre taillée en plein milieu des galeries. Frigiel sortit sa pioche, mais Julien l'arrêta immédiatement en lançant, d'un ton glacial :

- On ferait mieux de prévenir les autres qu'on l'a trouvé... à moins que tu ne veuilles faire bande à part ?

- Ce n'était pas mon intention, répliqua l'autre tout aussi sèchement. Je voulais l'explorer un minimum, mettre quelques torches... tu sais, la sécurité de base ?

- Prends-moi pour un débile, tant que t'y es.

- Oui, tiens. Ce serait débile de ne pas l'explorer. T'imagines si des mobs apparaissent, le bordel que ce serait pour les combattre à treize ? On se taperait dessus, inévitablement.

- T'aimerais bien, hmm.

- Stop, vous deux ! s'écria Pepper. Frigiel a raison, on doit sécuriser au moins un peu.

Julien serra les poings, et je me préparai à l'empêcher de frapper ma sœur ; mais il se retint tout seul, et finit par grogner une vague approbation.

En pénétrant dans le fort, je réalisai que j'en avais marre. J'aimais beaucoup mon chéri, mais j'en avais plus que ma claque de le soutenir en silence. Ma claque qu'il se frite avec Frigiel pour un oui ou un non. Ma claque de jouer les airbags à chaque fois pour éviter la violence. Et ma claque qu'il soit toujours, absolument toujours, d'une humeur de chien. Non, mon humeur à moi n'était pas meilleure, mais au moins, j'avais la décence de ne pas la balancer à la face du monde.